Le Maghreb, entre tensions et incertitudes
Il n’y a pas que la région du Golfe et du Proche -Orient dans laquelle retentissent les tambours de guerre et les sirènes de l’instabilité politique et sociale. Les pays du Maghreb dans leur grande diversité politique, subissent aussi les mêmes dangers. Certes avec des intensités moindre, mais avec des ingrédients aussi explosifs. Dans le golfe, la pression américaine sur l’Iran qui promet de ne pas tendre l’autre joue si il est attaqué militairement fait miroiter le scénario d’une explosion généralisée qui viendrait s’ajouter à deux foyers de guerre déjà bien meurtriers que sont la Syrie et le Yemen. Au Maghreb, les foyers de tensions et d’incertitudes ne manquent et menacent à tout moment de pousser cette région dans une incontrôlable violence.
D’abord la Libye. Les nations unies et les différentes médiations arabes et occidentales ont clairement échoué à parvenir à un compromis politique entre les deux grandes factions qui se disputent le contrôle d’un territoire au sous-sol extrêmement juteux. Les combats se poursuivent avec une violence ascendante entre le gouvernement d’union nationale dirigé par Fayez Essaraj et l’armée de libération nationale pilotée par Khalifa Haftar. Le premier soutenu avec force et détermination par la Turquie et le Qatar. Le second appuyé l’Égypte voisine, les émirats arabes unies et l’Arabie saoudite.
Le premier bénéficie officiellement de l’appuie des nations unies tandis que le second a réussi un petit miracle d’avoir à la fois les soutiens personnels de l’américain Donald Trump et du russe Vladimir Poutine. La grande nouveauté dans cette crise est que la Turquie qui se livrait sur le territoire libyen à une guerre par procuration, menace de s’en prendre directement via son armée à la faction dirigée par Khalifa Haftar. Cette nouvelle donne a de fortes chances de changer et les rapports de forces et le niveau d’implication militaire des autres acteurs régionaux de la crise libyenne. Il est difficile d’imaginer qu’égyptiens, émeriens ou saoudiens vont rester inactifs si laTurquie s’en prend militairement à leur protégé Khalifa Haftar.
Ensuite il y a l’Algérie, pays que dirige de facto le général Ahmed Gaid Salah et qui roule droit dans le mur et l’impasse. Le pays est politiquement au point mort, économiquement paralysé et socialement en ébullition permanente. Quoi qu’en disent les plus optimistes, l’armée algérienne se trouve actuellement en mode de collusion inévitable avec la rue. Ni les procès d’anciens icônes du sytème Bouteflika, ni les arrestations sélectives de quelques symboles de la corruption n’ont réussi à vendre cette illusion qu’Ahmed Gaid Salah inscrit son action dans le projet ambitieux de créer un nouveau sytème et jeter les bases d’un nouveau régime moins corrompu comme l’exigent tous les jours des algériens qui battent le pavé. Les multiples interventions militarisées d’ahmed Gaid Salah indiquent au contraire une volonté qui se veut malicieuse, voire machiavélique de conserver le pouvoir et de se substituer à Abdelaziz Bouteflika, soit directement à la manière d’un Abdelfatah Sissi vieillissant, soit à travers une marionnette comme la culture politique algérienne en a acquis le secret de fabrication depuis des décennies. La grande angoisse algérienne est de voir cette tonalité pacifique des manifestations se muer en action violente. A la rigidité prévisible de l’armée s’oppose l’impatience désespérée des algériens.
Il y a aussi la Tunisie qui vient de vivre deux alertes majeures sur sa sécurité et son avenir politique. La première, s’est a travers les deux attentats terroristes revendiqués par Daesh et qui rappellent la grande fragilité tunisienne que lui fait subir un voisinage des plus chaotiques, libyen et algérien. La seconde a été le grand avertissement de santé son président presque centenaire Beji Caïd Essebsi. Subitement, cette Tunisie qui croyait avoir réussi transition politique d’un régime dur vers une construction plus démocratique s’est trouvé d’un pépin de santé présidentielle au bord du gouffre et de l’incertitude. Le nouvel ordre tunisien issu su printemps arabe et du retrait stratégique d’Annahda que dirige Rachel Ghanouchi, n’a pas donné cette impression d’être en capacité de supporter et d’absorber ces secousses sécuritaires et politiques. L’exécutif tunisien a donné cette terrible impression d’une vie au bord du gouffre, d’une marche titubante sur le fil du rasoir, faisant peser sur la Tunisie un inquiétant voile d’incertitudes.
Le 10/07/2019
Source web Par Atlas Info
Les tags en relation
Les articles en relation
Trump signe une résolution condamnant les suprémacistes blancs
Donald Trump a promulgué jeudi une résolution du Congrès condamnant les suprémacistes blancs, qui fait suite à la mort d'une militante antiraciste à C...
Première. Les Israéliens autorisés à se rendre en Arabie saoudite
Israël a officiellement autorisé dimanche ses ressortissants à se rendre en Arabie saoudite pour des séjours religieux ou d'affaires, un nouveau signe d...
Hydrogène vert : L’Algérie veut concurrencer le Maroc
L’Algérie veut se positionner comme l’exportateur principal d'hydrogène vert vers le marché européen. Les responsables multiplient les déclarations...
L’ADMINISTRATION AMÉRICAINE N’A D’YEUX QUE POUR LE MAROC
La diplomatie américaine sous Trump s’est départie de sa réserve des premiers mois à l’égard du royaume pour ne plus jurer que par la politique de just...
Quand Trump traitait les Marocains d'animaux
Sa victoire en a surpris plus d'un. Le républicain Donald Trump, élu 45e président des Etats-Unis dans la soirée du mardi au mercredi 9 novembre, a beau...
#USA_ELECTIONS_ARIZONA: Joe Biden remporte l’Arizona, consolidant sa victoire à la présidentiell
Même si les résultats sont encore attendus en Géorgie, le candidat démocrate dispose d’ores et déjà des 270 grands électeurs nécessaires pour accéder...
Donald Trump : « L’Afrique doit être recolonisée »
Le président américain, Donald Trump insulte les africains. Il a fait comprendre que « l’Afrique doit être recolonisée ». « Les Africains sont des e...
Washington met fin aux avantages commerciaux de l'Inde
Les Etats-Unis vont mettre fin aux avantages commerciaux sur les importations en provenance d'Inde à partir de mercredi, a annoncé le président américai...
Elon Musk, soutien de Trump et futur ministre de « l'efficacité gouvernementale » : le parcours c
Elon Musk, entrepreneur milliardaire et soutien de Donald Trump, voit son engagement politique récompensé avec sa nomination prochaine en tant que ministre de...
L'Arabie saoudite va investir 64 MM$ dans le secteur du divertissement
L'Arabie saoudite a annoncé, jeudi 22 février, son intention d'investir 64 milliards de dollars dans le divertissement avec des projets de constructio...
Quand les GAFA s’insurgent contre la France, c’est le branle-bas de combat
C’est à l’unisson que les géants d’internet, Google, Amazon, Facebook et Apple (GAFA) se sont élevés lundi dernier contre la taxe du même nom, Gafa (...
Un choc des nationalismes derrière la guerre commerciale entre la Chine et les USA
L'hostilité mutuelle pourrait devenir incontrôlable, provoquant une grave régression de l'ensemble des relations internationales "Rêve chinois" c...