Maroc, mais qu’est-ce qui ne tourne pas rond chez nous ?

En vérité, cette interrogation taraude l’esprit de nombre de Marocaines et Marocains, notamment ceux de la tranche d’âge des trente-soixante ans, parce qu’ils ont assez de recul pour faire des comparaisons avec des époques antérieures.
En effet, vivre au quotidien dans une grande métropole comme Casablanca, mais aussi à Rabat, à Marrakech, à Fès ou à Tanger, est devenu une véritable galère, un cauchemar, parce que les minima de la conduite des affaires municipales, de la gestion et la maîtrise des projets programmés et de l’organisation des affaires de la cité ne sont absolument pas respectés.
Ainsi, chaque annonce de lancement de travaux d’aménagements urbains, d’infrastructures routières, d’ouvrages d’art ou même de réfection d’espaces publics résonne comme la promesse de désagréments terribles qui dureront des mois et même des années !
Ainsi les Casablancais, à peine soulagés par l’ouverture à la circulation du pont de Sidi Maarouf, qu’ils ont pu contempler fermé à la circulation pendant des semaines sans aucune explication officielle, retombent dans la galère avec les travaux de la trémie sous le carrefour du Boulevard Ghandi et de la Route d’El Jadida.
On annonce un an et plus de chantier pour ce projet, mais les usagers n’y croient guère, échaudés par les exemples, proprement scandaleux, des travaux sur l’Avenue des FAR, de ceux proches de la Gare Casa-Port, de la Corniche, du parc de la Ligue arabe, sans omettre le magnifique théâtre qui dresse sa solitude au-dessus d’un environnement non abouti !
Que penser aussi des tranchées que la Lydec s’occupe à creuser le long des rues et des avenues, en défonçant l’asphalte et les trottoirs, laissant les riverains devant de larges bandes de terre battue à peine tassée ?
Ces quelques exemples laissent pourtant de côté l’état lamentable de saleté et de délabrement de la quasi-totalité des quartiers casablancais, l’incroyable vétusté des autobus urbains, machines brinquebalantes qui dégagent d’épaisses volutes de fumée noire, la désorganisation du ramassage des ordures ou la présence permanente et bruyante des « ferrachas » qui, la nuit venue, laissent derrière eux des montagnes d’immondices.
Ce quotidien-là est pour les citoyens un enfer, à la précision près que, parfois, leur incivisme contribue à installer.
Cette situation de catastrophe permanente tient à l’absence de réponse à trois questions clé.
Qui fait quoi, qui ordonne quoi et qui contrôle qui ?
On a, en effet, le très pénible sentiment que la responsabilité est constamment éludée lorsqu’il s’agit de la gestion des affaires municipales et urbaines.
Les exemples cités plus haut sont ceux de Casablanca, mais les mêmes causes produisant les mêmes effets, toutes les grandes villes du Royaume sont dans une galère identique.
Tout se passe comme si personne n’était responsable de rien ou de quiconque.
Le Royaume est dotés de structures étoffées pour l’Administration territoriale, les villes et communes disposent de conseils élus, les budgets sont votés et distribués, mais en dehors de cela, rien ne marche vraiment.
La preuve la plus éloquente en est lorsqu’une visite royale est annoncée dans telle ou telle ville.
Alors les essaims d’employés municipaux se mettent en action, les responsables locaux montrent leurs binettes sur le terrain, les drapeaux sont plantés haut, les boulevards et rue sont balayés, les agents de police sont présents et actifs à tous les feux rouges et points noirs de la circulation.
Et dès que le souverain est reparti, l’ordre immuable de l’immobilisme, du laxisme, du laisser-aller reprend pleinement ses droits !
Certes, des têtes tombent souvent en ces occasions et tous craignent le courroux royal, mais, il est rare de voir les successeurs des évincés faire beaucoup mieux et plus que leurs prédécesseurs.
De plus, lorsqu’il s’agit d’élus locaux, aux compétences managériales et administratives très approximatives, leur incurie est préservée par la durée de leur mandat électif.
Que l’on ne s’étonne donc pas si la grande majorité des citoyens de ce pays n’accordent ni confiance, ni crédit à la classe politique qui nous envoie des bras cassés lors de chaque élection.
Que l’on ne proteste pas lorsque le Marocain lambda exprime toute sa défiance envers les corps et divisions administratives.
Seul le Roi Mohammed VI jouit du respect, de l’affection et de l’admiration de ses sujets-citoyens qui, de surcroît, connaissent parfaitement les effets de l’adage qui dit qu’une main seule ne peut applaudir.
Le mal est profond et les Marocaines et Marocains veulent que cela change.
Faudra-t-il pour cela plus de sévérité, plus d’autorité, plus de compétences puisées chez les technocrates ?
Sans doute…
Le 28 mai 2019
Source web Par : lnt
Les tags en relation
Les articles en relation

Maroc : Moulay Hassan, programmé pour s’assoir sur le trône
Le prince héritier du Maroc se prépare aux plus hautes fonctions. Moulay Hassan se forme désormais dans un bureau du palais royal. C’est un secret de po...
.webp)
Agadir : vandalisme des stations Trambus avant leur mise en service
Alors que ces infrastructures s’inscrivent dans le cadre du programme de développement urbain 2020-2024 signé devant le roi Mohammed VI, leur mise en servic...

Maroc-Turquie : Erdogan invite le roi Mohammed VI à une visite d’État
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a invité le roi du Maroc Mohammed VI pour une visite officielle en Turquie, a rapporté l’agence de presse Anadolu. L...

Sur ordre du roi Mohammed VI, des prières rogatoires seront accomplies au Maroc
Sur ordre du roi Mohammed VI, Amir Al Mouminine, des prières rogatoires (salat al-istisqa) seront accomplies, vendredi à 10H00 dans les aires de prière (mous...

Maroc – France : Froid polaire
Les relations entre le Maroc et la France s’apparentent à celles d’un couple sur le point de divorcer : elles sont froides, distantes, tendues, voire même...

La jeunesse marocaine discute du Maroc de demain
La construction du Maroc de demain et la contribution de tout un chacun à cet édifice ont été au cœur des débats au "Café Politis", forum de discussion e...

Mohammed VI reçoit Pedro Sánchez pour une “nouvelle étape” dans les relations Maroc-Espagne
Le roi Mohammed VI a reçu ce 7 avril, au Palais royal de Rabat, le président du gouvernement Pedro Sánchez qui effectue, à l’invitation du Souverain, une ...

Mohammed VI appelle à « un nouveau contrat social »
Dans un discours prononcé à l'occasion de la célébration du 66ème anniversaire de la révolution du roi et du peuple, le roi Mohammed VI a de nouveau i...

13ème édition du Salon International des Dattes : Renforcer la résilience des oasis face aux déf
Le Salon International des Dattes au Maroc (SIDATTES), organisé sous le Haut Patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, se tiendra du 29 octobre au 3 novembr...

Maroc-Algérie: se dirige-t-on vers la réouverture des frontières ?
Les frontières terrestres entre les deux pays voisins, partageant la même langue, la même religion, les mêmes us et coutumes, des liens consanguins et d’a...

Le Maroc renforce sa coopération maritime avec la Russie après l'annulation des accords de pêche
Le Maroc a récemment conclu un accord de pêche "prometteur" avec la Russie, une annonce qui survient peu après l'arrêt de la Cour de justice de l'Un...

Inauguration du 15e Salon du Cheval d’El Jadida : S.A.R. le Prince Moulay Rachid met à l'honneur
Son Altesse Royale le Prince Moulay Rachid a présidé, lundi, l'ouverture officielle de la quinzième édition du Salon du Cheval d'El Jadida au Parc d...