Sahara Volte face américaine
Comment doit-on interpréter la décision de l'administration américaine d'introduire au Conseil de sécurité de l'ONU un projet de résolution pour l'élargissement du mandat de la MINURSO en vue d'englober la question des Droits de l'Homme au Sahara ?
Il ne peut y avoir qu'une seule
interprétation: un alignement aveugle sur les thèses du Polisario qui a
toujours instrumentalisé la question des Droits de l'Homme pour présenter le
Maroc comme une “force d'occupation”, pour faire diversion au processus de
négociations et pour ouvrir une brèche du côté de la souveraineté marocaine sur
les provinces du sud.
L'attitude américaine est, à ce titre, pour le moins étonnante. On a en effet
du mal à admettre qu'une administration si puissante, qui dispose des services
de renseignements les plus puissants au monde, qui a à son service des
diplomates et fonctionnaires les mieux formés et informés, ait pu tomber aussi
facilement dans le piège que lui a tendu une ONG dont la crédibilité est
entamée, le Centre Robert F. Kennedy, qui s'est elle-même alignée sans
discernement sur une certaine Aminatou Haidar, activiste polisarienne notoire. Le parti pris flagrant de cette ONG lors
de son périple dans les provinces du Sud et dans les camps de Tindouf, a-t-il
pu échapper à la vigilance américaine ? Le contraste entre la dénaturation de
la réalité des Droits de l'Homme au Sahara et le maquillage excessif de la
réalité à Tindouf n'a-t-il pas attiré l'attention des officiels américains sur
les risques d'une manipulation pouvant conduire à un dérapage diplomatique ? On
a tout simplement du mal à le croire.
L'on connaît les affinités existantes entre le Centre Robert F. Kennedy et les locataires de la maison blanche. Les deux font partie de la même famille politique, le clan démocrate. Mais en politique, les sentiments ne devraient pas avoir de place.
Notre étonnement est d'autant plus grand que le Secrétaire général de l'ONU n'a à aucun moment mentionné dans son tout récent rapport sur le Sahara la question de l'élargissement du mandat de la MINURSO. Il s'est juste contenté de proposer l'installation d'un “mécanisme indépendant pour le contrôle des droits de l'Homme” aussi bien au Sahara que dans les camps de Tindouf. De ce fait, la proposition de Ban Ki-moon exclut de facto l'élargissement du mandat de la MINURSO.
Qu'est ce qui a donc pu motiver cette volte-face américaine ? Serait-ce une volonté de vengeance contre le Maroc pour avoir dénoncé, l'année dernière, le parti pris de l'Américain Christopher Ross ? Nous n'aurions pas voulu soulever une telle interrogation mais le contexte nous y oblige.
Quoi qu'il en soit, la décision américaine, si elle devait aller jusqu'au bout, aura pour les Marocains l'effet d'un coup de poignard dans le dos, le Maroc ayant toujours entretenu avec les USA des relations de coopération fortes et étroites fondées sur le respect et la confiance mutuels, relations couronnées d'ailleurs par un partenariat stratégique.
Le Maroc a également toujours fait preuve de coopération pour le règlement du conflit du Sahara, moyennant de nombreuses concessions quand bien même ce conflit est artificiel. Les efforts du Maroc en matière de protection et de promotion des Droits de l'Homme partout dans le Royaume et tout particulièrement dans les provinces du Sud sont une réalité que personne ne peut nier. Le renforcement volontariste d'instances constitutionnelles crédibles telles que le CNDH et le Conseil économique, social et environnemental (CESE) le démontrent. Mieux, le Maroc est aujourd'hui décidé à aller de l'avant par le déploiement de l'autonomie à travers la régionalisation avancée.
Au moment où la communauté internationale s'est, une fois pour toute, rendue compte du danger que représente la persistance du conflit du Sahara du fait de la situation dans le Sahel et de la poussée terroriste dans la région, l'initiative américaine donne l'impression que l'on s'inscrit dans la pérennisation du conflit.
Au delà donc de l'étonnement, il y a la déception à l'égard d'un allié qui n'hésite pas, par son initiative troublante, à insulter le génie et les efforts des Marocains et à humilier le Maroc en tant que membre du Conseil de sécurité pleinement engagé, aux côtés du monde libre, dans tous les combats prônant la paix, la liberté et les valeurs de la démocratie et du modernisme de par le monde (Syrie, Mali, dialogue inter religieux etc...)
Gardons toutefois confiance dans les membres du Conseil de sécurité qui sauront faire triompher le bon sens.
SOURCE WEB Par Jamal HAJJAM L’Opinion
Tags : administration américaine- Conseil de sécurité de l'ONU- élargissement du mandat de la MINURSO- Droits de l'Homme au Sahara- situation dans le Sahel- Secrétaire général de l'ONU-