Nouveau modèle régional de développement intégré des provinces du
Autonomie, droits économiques et droits politiques des populations du Sud
Le timing a été respecté. Selon l’échéancier prévu, un rapport intermédiaire devait être présenté à la fin du mois de mars 2013 avant le rapport final prévu au courant du mois d’octobre 2013.
C’est chose faite ! Le 28 mars dernier, Fouad Benseddik, membre expert du CESE, animateur de l’équipe de rédaction du Rapport sur l’évaluation de l’effectivité des droits humains fondamentaux dans les provinces du Sud présentait une synthèse du Rapport de 120 pages portant sur l’évaluation de l’effectivité des droits humains fondamentaux dans les provinces du Sud. La commission ad hoc de l’assemblée générale du CESE a adopté le rapport. On pourrait cependant se demander pour quelles raisons une institution comme le CESE a été chargée d’une telle mission. Son président, Chakib Benmoussa, nous confiait «que le CESE est une institution plurielle, représentative des différentes composantes de la société civile, ce qui lui permet d’être proche des attentes du terrain et des acteurs, des opérateurs économiques, des syndicats, des ONG, de l’élite locale, etc. Sans être partie prenante, le Conseil peut prendre du recul pour écouter des sensibilités parfois contradictoires, analyser, examiner les nombreux rapports et études, pour identifier les pistes d’amélioration et de progrès, débattre en interne et enfin adopter une plateforme pouvant contribuer à élaborer un nouveau modèle de développement pour les provinces du Sud. Au-delà de l’analyse de ces politiques publiques, le CESE propose aussi des solutions concrètes et des réponses réalistes aux questions posées, voire de suggérer des inflexions majeures.»
Ce travail, le premier du genre provenant d’une institution publique, a été précédé des auditions de nombreux institutionnels et acteurs du terrain : présidents des régions, walis de ces régions, responsables d’institutions de médiation comme le Conseil national des droits de l’Homme, l’Institution du médiateur, de réunions de travail avec le Chef du gouvernement, avec les ministres de l’Intérieur et des Finances, avec les responsables de l’Agence pour la promotion et le développement des provinces du Sud et avec quelques personnalités des provinces du Sud, en tant que personnes ressources et avec des personnes spécialisées dans tel ou tel domaine. Travail d’écoute également sur le terrain au cours des nombreuses missions réalisées par les équipes et le secrétaire général du CESE, Driss Guerraoui, remontée de l’information sur le site web du CESE «almoubadaralakoum.ma».
Le diagnostic est aujourd’hui connu, Fouad Benseddik nous le présente dans ses grandes lignes.
Après 35 années d’intervention, de financements et de réalisations des grandes et petites infrastructures, force est de constater les avancées réelles qui ont été réalisées dans un contexte difficile : assurer la sécurité des populations ; réaliser les infrastructures de base (ports, aéroports, réseau routier, habitat...) ; développer les capacités humaines en termes d’éducation, de formation, de santé et lutter contre la pauvreté, l’analphabétisme par le recours à de nombreux dispositifs d’aide. Il reste que les résultats sont mitigés. «Malgré tous les efforts dévolus, malgré les réalisations, le résultat en termes de développement économique, de création de richesses locales, de création d’emplois et de cohésion sociale est en deçà des attentes actuelles. Il n’y a pas eu un réel “take off” ou décollage économique, constate Chakib Benmoussa. Il y a aussi un sentiment d’injustice, d’iniquité qui est répandu. Le contexte géopolitique et la gouvernance des provinces du Sud n’ont pas favorisé l’émergence d’une culture partagée du développement de la région ni une implication forte des acteurs concernés ou une cohérence des politiques publiques mises en œuvre», soulignait le président du CESE.
Comment répondre à ces attentes ? L’État demeure le premier investisseur et employeur dans les provinces du Sud. L’investissement privé et les initiatives individuelles sont insuffisants. Comment redresser la barre, par quelles actions, faut-il prolonger l’effort de l’État, encourager les actions d’un privé productif en créant des conditions d’intervention favorables ? Le secteur privé a besoin d’un environnement particulier qui sécurise les investissements, qui lui donne de la visibilité, qui précise le statut fiscal… Il y a aussi la politique des villes et de l’aménagement du territoire qui est importante, faut-il que les villes continuent à grandir, faut-il créer de nouvelles villes ? Comment faire du développement durable pour protéger les écosystèmes fragiles comme la baie de Dakhla, une baie unique au monde qu’il faut préserver dans la durée ? Comment préserver les traditions culturelles menacées par la perte des savoir-faire ancestraux et le manque de valorisation du patrimoine culturel vivant, du patrimoine oral et immatériel, de l’artisanat, de l’art culinaire ? Comment sauvegarder cette identité menacée par la dégradation du patrimoine architectural et archéologique et le peu de place accordée à la dimension culturelle dans les projets de développement, malgré les efforts de l’Agence de promotion et de développement des provinces du Sud ?
Autre question de fond régulièrement brandie par des institutions internationales : comment faire bénéficier les populations du Sud des ressources locales ? Autant de questions traitées par le CESE dont les «conclusions constitueront, selon le message royal, la clé de voûte pour une mise en œuvre efficace et efficiente du processus, déjà initié, de la régionalisation avancée, notamment dans les provinces du Sud». Une régionalisation avancée inscrite dans la Constitution qui, avec l’Initiative marocaine pour l’autonomie des provinces du Sud, a été présentée pour relancer les négociations au niveau des Nations unies. Tout cela, comme concluait Chakib Benmoussa, pour que «l’approche du Maroc qui consiste à développer la participation des populations locales à la gestion de leurs affaires, et cela dans le cadre de l’unité du pays et du respect de sa souveraineté, puisse créer un environnement qui favorise la réussite du projet politique.» Le message de Ban Ki-moon du 9 avril appelant à l’urgence d’un règlement au Sahara et à l’ouverture des frontières entre le Maroc et l’Algérie va dans ce sens, même s’il faut attendre la présentation du rapport de l’ONU sur le Sahara devant le Conseil de sécurité le 22 avril qui devrait également se pencher sur le rôle de la Minurso au Sahara.
Publié le : 15 Avril 2013 –SOURCE WEB Par Farida Moha, LE MATIN
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