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100 jours de commémoration du centenaire du port de Casablanca (1913-2013)

 100 jours de commémoration du centenaire du port de Casablanca (1913-2013)

 

Début de la fin d’un long divorce du port avec sa villeLe 2 avril 2013 sera inauguré, sous le Haut patronage de SM le Roi Mohammed VI, un programme inédit de célébration du centenaire de la construction du port de Casablanca dans sa version moderne. Ces manifestations qui comprennent des expositions autour du port, des conférences et des tables-rondes pendant les mois d’avril, mai et juin, soit cent jours, sont organisées par l’Association pour la Promotion du Port de Casablanca. Celle-ci a vu le jour en décembre 2012 créée par ses membres fondateurs, l’Agence Nationale des Ports, le Groupe OCP, Marsa Maroc, Somaport, Mass céréales et la société Almanar/CGI. Sa mission principale est d’ouvrir le port sur la ville et ses habitants, le faire connaître pour changer l’image, cristallisée depuis des décennies dans les mémoires, d’une «boîte noire», partie intégrante de la ville et non moins isolée d’elle de manière parfaitement étanche et d’où ne proviennent que des nuisances de circulation, pollution et autres (lire ci-contre entretien avec Mohammed Benabdenbi président du Centenaire du port de Casablanca). 

 

 

 

Pour l’histoire du port de Casablanca, l’année 1913 c’est d’abord une date précise, un 25 mars quand la commission des adjudications réunie à Tanger arrête son choix sur l’entreprise qui va être chargée de construire le port de Casablanca. Ensuite, l’autre date, le 2 avril de la même année 1913, soit le jour où le sultan Moulay Youssef apporte son approbation au résultat de l’adjudication. Cette dernière date annonce la mise en branle d’un processus aux conséquences incalculables avec le démarrage effectif des travaux du port. C’est le début du changement du port de Casablanca, ce qui représente la vraie naissance de la ville moderne qui dépend de manière vitale du port. Avant cette date, les navires transportant des marchandises restaient loin du rivage à un km au large et les marchandises étaient débarquées ou embarquées par le biai de barcasses.Dans le passé, les Marocains se désintéressaient relativement du port en tant que pourvoyeur de richesses et c’étaient les Ibériques, en particulier les Portugais, qui venaient au XVIè siècle vers Anfa chercher le «blé Anafil» comme ils l’appelaient, moissonné dans les terres très fertiles de la Chaouia. Par contre, au début du XXè siècle, le port attire des flux incessants de populations des terres intérieures du Royaume et d’autres villes vers la future mégapole de Dar el Beida.Cent ans de vie dans le port de Casablanca, c’est aussi cent ans de développement de la ville et du Maroc grâce à ce port qui constitue encore un des premiers plus importants au niveau de l’Afrique.

Dos à la mer

On a toujours répété que les Marocains tournent le dos à la mer. On dit aussi que Casablanca est une ville qui boude la mer. Même constat pour les villes anciennes côtières conçues de telle sorte que leurs murailles n’auraient de portes ouvertes que vers l’intérieur du continent en ignorant presque l’ouverture sur l’océan. Cette histoire de remparts, si elle est à moitié vraie, peut s’expliquer plutôt par le fait historique répété que l’envahisseur, principalement ibérique, surgissait du côté de l’océan. Lors de la conférence de presse sur les préparatifs et le programme de la célébration du centenaire de la création du port de Casablanca (1913-2013), la même observation est convoquée, répétée. C’est carrément un cliché que d’autres peut-être ne partageraient pas, mettant cela sur le compte de l’impression sans plus.Pourtant, personne ne niera que le port de commerce de Casablanca est presque une abstraction pour les Casablancais. Certes, on devine bien qu’il existe une véritable ville grouillante où plus de trente mille personnes s’activent chaque jour dans divers domaines. Certes, de nombreux travailleurs issus de la médina et d’autres quartiers s’adonnent à des activités dans le port de commerce ou de pêche, un labeur quotidien bien concret, bel et bien à proximité de la mer. Mais rien n’y fait. Bien plus, on ne semble pas se rendre compte que cet immense port est visité par des centaines de paquebots et plus de 250 mille touristes croisiéristes y transitent chaque année. Le commerce comme activité portuaire y représente près de 36% au niveau national. Le port de Casablanca est une ville dans la ville s’étendant sur 605 hectares et 8 kms linéaires de quai pouvant permettre l’accueil et le traitement de plus de 35 navires simultanément. C’est un port polyvalent assurant le transit du général cargo, des vracs, du roulier et des conteneurs. Pas moins de 100 milliards de dirhams par ans représentent la valeur des marchandises qui transitent annuellement par le port de Casablanca, soit 22% du PIB. Au niveau emploi, ce sont 10.000 postes d’emplois directs de qualifications diverses et plus de 35.000 emplois indirects .Malgré tout cela on ne semble pas se rendre compte que l’histoire du Casablanca moderne, ville champignon comme on a pu dire d’elle dès les années cinquante, ne pouvait pas être possible sans le port. Ce dernier, pourtant, n’en continue pas moins de porter pour la population une image négative quand il ne semble pas du tout avoir une existence concrète. Ce ne serait qu’un endroit pollué et polluant, où se pratiquent des trafics et activités complexes, que des milliers de camions de transport de marchandises prennent d’assaut quotidiennement en perturbant la circulation de la ville déjà très détériorée par la saturation des voitures.

Embellie C’est donc pour changer cette image que la décision est prise d’ouvrir le port sur la ville à l’occasion du centenaire. Une bonne idée très louable de mettre fin à un divorce forcé en reliant la ville à son port dont elle est restée orpheline pendant des décennies. D’aucuns pourraient dire que désormais les «années de plomb» du port de Casablanca s’achèvent. Bon débarras .On se souviendra peut-être que dans le passé le port existait réellement pour des habitants de la ville. Au point d’inspirer des peintres, durant la période du Protectorat du moins, aux premières années de la construction du port, quand à partir des quartiers de Ben Jdia et de Mers Sultan on pouvait apercevoir les silhouette des navires et immenses paquebots. D’où le fait que des architectes amenés par Lyautey ont pu s’inspirer de cette vision paysagère du port dans leurs œuvres. Parmi celles-ci, il y a lieu de mentionner l’immeuble Bendahan conçu par le grand architecte Edmond Brion et l’immeuble Liberté de Léonard René Morandi sans parler d’autres cas comme les fresques sur verre sablé visibles dans l’édifice de la Banque du Maroc à Casablanca du même architecte Edmond Brion..Les organisateurs du centenaire justement, prévoient une exposition de peinture d’artistes plasticiens prêts à confronter leurs marines et autres œuvres plastiques inspirées directement du port de Casablanca d’aujourd’hui, comme pour dire que ce port, avec ses machines et sa démesure, n’est pas si inhumain qu’on serait porté à le croire.23/3/2013

Dossier réalisé par Saïd AFOULOUS

SOURCE WEB Par L’Opinion

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