Carburants : l'avis du Conseil de la Concurrence très attendu
Le Conseil de la Concurrence tient ce jeudi 14 février 2019, la première session ordinaire de sa formation plénière. Il devra rendre son avis, tant attendu, sur la question du plafonnement des marges des distributeurs de carburants. Aucune information ne filtre, les consignes sont données pour garder la confidentialité jusqu'à l'annonce officielle vendredi 15 février.
Les membres du Conseil de la concurrence lors de leur prise de fonction le mercredi 19 décembre 2018.
Après la nomination de Driss Guerraoui à la tête du Conseil de la Concurrence en novembre 2018, et l'installation de ses membres en décembre de la même année, cette institution tient enfin sa première session ordinaire.
Cette réunion est d'une importance capitale. D'un côté, parce qu'il s'agit de la première session du nouveau Conseil de la Concurrence doté de ses nouvelles prérogatives conférées par la loi 20-13 publiée en août 2014. Elle permettra donc d'installer les instances internes du conseil, d'adopter le règlement intérieur, le budget de 2019 ainsi que la charte d'éthique.
De l'autre, car elle doit traiter d'un sujet qui a concentré l'attention du grand public des mois durant : les prix des carburants.
En effet, c'est lors de cette session que les membres du conseil examineront la demande d'avis soumise par le ministre chargé des Affaires générales et de la Gouvernance, Lahcen Daoudi, en décembre dernier au sujet du plafonnement des marges des pétroliers, conformément à l'article 4 de la loi sur la liberté des prix et de la concurrence.
Les membres devront statuer sur la pertinence de revenir (à titre provisoire) à une régulation des marges bénéficiaires des acteurs de ce secteur après qu'une commission parlementaire a reconnu l'existence de dysfonctionnements dans la fixation des prix des carburants au Maroc après la libéralisation opérée en 2015.
Pendant la matinée de ce 14 février, aucune information ne filtrait. Les consignes étaient données pour garder la confidentialité jusqu'à l'annonce officielle le vendredi 15 février.
En attendant, cet avis, même s'il n'est pas contraignant pour le gouvernement, reste important dans le contexte actuel. Car il donnera le ton de ce que sera le nouveau Conseil de la Concurrence présidé par Guerraoui.
Il faut reconnaître que même si Abdelali Benamour avait les mains liées lors de son mandat à la tête de cette institution, à cause de non désignation des membres du conseil, il avait le courage de s'exprimer clairement sur certains sujets sans pour autant outrepasser les règles d'éthique.
Driss Guerraoui et son équipe ont entamé le travail sur la question dès réception de la demande de Lahcen Daoudi. Ils ont rencontré les différentes parties prenantes du dossier. Peu d'informations ont filtré au sujet de ces réunions à quelques exceptions près. La CDT et l'une des représentations des propriétaires des stations-service ont publié des communiqués relatant sommairement les échanges qu'ils ont eus avec les membres du Conseil de la Concurrence.
Quel que soit l'avis rendu par le Conseil de la Concurrence, il reste consultatif. L'article 4 de la loi sur la liberté des prix et de la concurrence dispose : "les dispositions des articles 2 et 3 ne font pas obstacle à ce que des mesures temporaires contre des hausses ou des baisses excessives de prix, motivées par des circonstances exceptionnelles, une calamité publique ou une situation manifestement anormale du marché dans un secteur déterminé, soient prises par l'administration, après consultation du Conseil de la Concurrence. La durée d'application de ces mesures ne peut excéder 6 mois prorogeables une seule fois par l'administration".
Une source autorisée nous assure que la décision finale de plafonner les marges ou non revient au gouvernement. C'est ce qui fait dire à Lahcen Daoudi que le plafonnement s'opérera au cours de la mi-mars.
Lahcen Daoudi tiendra-t-il parole ? Selon une source digne de foi, le Chef de gouvernement n'a pas pris sa décision et s'interroge sur la pertinence d'opérer une telle opération dans un contexte où les prix internationaux sont en baisse, une baisse que les opérateurs marocains répercutent malgré des marges "écrasées" en raison de la grogne sociale.
Les prix à la pompe ont enregistré plusieurs baisses successives ces derniers mois jusqu'à début février, où ils ont augmenté pour frôler les 9 DH sans la dépasser.
Le baril de Brent oscille actuellement entre 61 et 64 dollars. Ces prix sont certes plus élevés que les cours de fin 2018, mais ils restent généralement en deçà des cours enregistrés au milieu de l'année écoulée. Toutefois, l'avenir reste incertain tant le marché reçoit des données contradictoires. D'un côté, la production américaine est abondante et bat des records, de l'autre, l'OPEP cherche à limiter la chute des prix en réduisant sa production, comme convenu en décembre dernier.
En tous les cas, le plafonnement est une carte que le gouvernement ne peut jouer qu'une seule fois. Car comme il est explicité dans la loi, le plafonnement est une mesure temporaire qui sera prise par l'administration et dont la durée d'application ne peut excéder 6 mois prorogeables une seule fois. Donc, pour nos sources, "le contexte actuel n'est pas encore opportun pour utiliser cette carte".
Sauf si Daoudi et le gouvernement décident de l'appliquer avec pour objectif de trouver une solution plus durable dans le temps à l'instar de la révision de la structure des prix des carburants dans son ensemble.
Le 14 février 2019
Source web : medias24
Les tags en relation
Les articles en relation
#Maroc_hausse_à_la_pompe_programmée: Mauvaise surprise pour les automobilistes ce matin
Ainsi, dès ce lundi 1?? mars, selon les professionnels, le prix du gasoil devrait monter d’environ 33 centimes tandis que l’essence devrait voir son prix a...
Réforme des entreprises publiques au Maroc : vers une neutralité concurrentielle et une gouvernanc
Neutralité concurrentielle et réforme des entreprises publiques : les leviers du développement économique au Maroc La neutralité concurrentielle s’aff...
L'Académie du Royaume du Maroc accueille six nouvelles personnalités influentes
L'Académie du Royaume du Maroc, dirigée par le professeur Abdeljalil Lahjomri, prépare l'investiture de six nouveaux membres, dont Élisabeth Guigou,...
Abdellah Bouanou (PJD) nommé à la tête de la mission d'information sur les hydrocarbures
Après avoir été reportée en raison de "discordances entre ses membres", la mission d'information parlementaire d'enquête sur les prix des hydrocarb...
Le prix des carburants a encore grimpé au Maroc
Les prix des carburants ont enregistré une nouvelle hausse ce jeudi 16 mai dans plusieurs stations-service au Maroc. Les prix devraient d’ailleurs continuer ...
Lancement de la 6e édition d’INJAZ pour l’année 2015-2016 Le gouvernement consacre 230 million
l’offre Injaz est subventionnée par l’État à hauteur de 85% plafonné à 3.600 DH.Ph. Kartouch C’est parti pour la sixième édition du programme «...
Discours du Trône : Les préalables à une action sociale d’envergure de l’Etat marocain
L’endettement ne peut constituer une solution de long terme pour le financement des dépenses sociales. Dès lors, une gestion saine des finances publiques s�...
Libéralisation des hydrocarbures: une marche arrière est impossible
Le département des Affaires générales se penche sur un système de plafonnement des prix des hydrocarbures. Le système de libéralisation n’est cependant ...
La suppression de la subvention du gaz et du sucre, c’est pour après 2021
Le gouvernement El Othmani ne programmera finalement la suppression de la subvention du gaz, du sucre et de la farine qu’après la fin de son mandat. Cela dev...
Carburant: une ONG saisit le parquet, Benamour estime que seul le Conseil de la concurrence est habi
Dénonçant l'existence d'éventuelles ententes dans le secteur des hydrocarbures, une association adresse une lettre au président du ministère public...
CGEM. Renforcement de la coopération avec le Conseil de la concurrence
La Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) et le Conseil de la concurrence ont tenu, mardi à Casablanca, une séance de travail pour échang...
Paiements électroniques : vers la fin du quasi-monopole du CMI au Maroc ?
Le Centre monétique interbancaire (CMI), qui domine depuis des années le marché des paiements électroniques au Maroc, pourrait bientôt perdre son quasi-mon...