Assises de l'énergie
Négociations en cours pour exporter de l'énergie propre vers l'UE Publié le : 01.06.2011 | 16h59 174 MMDH exclusivement dédiés aux énergies renouvelables d'ici 2020. Globalement, les grandes questions qui se posaient au sujet de la stratégie énergétique marocaine il y a deux ans ont pu avoir une réponse mardi dernier à l'occasion des 2es Assises de l'énergie à Oujda. Du moins, professionnels, intervenants gouvernementaux et étrangers dans le domaine pouvaient avoir une meilleure visibilité. Preuve en est, cette projection sur le court terme, fin 2015 où une puissance nouvelle de 3640 MW sera installée pour un investissement de 73 MMDH. Plus encore, à l'horizon 2020, sur les 200 MMDH qui seront investis dans la filière, 174 MMDH seront exclusivement dédiés aux énergies renouvelables. Il n'y a pas de doute à cela, le Maroc entre de plain-pied dans l'ère de l'énergie verte, ce fut en tout cas le thème de ces Assises «les énergies vertes, un élan pour le Maroc». L'événement intervient à une période où le débat sur l'efficacité énergétique et les suppléants des sources fossiles d'énergie bat son plein dans le monde En atteste le fait que malgré la crise mondiale de 2008 et 2009, la production électrique solaire et éolienne a enregistré une croissance mondiale inégalée respectivement de 55% et 31%. A ce rythme, les énergies renouvelables deviendront dès 2015, la seconde source de production d'électricité après le charbon. Le pays ne laisse rien au hasard pour être sur les starting-blocks. A cet effet, entre 2013 et 2015 des centrales nouvelles seront mises en circuit. Ces projets seront accompagnés par le renforcement du réseau de transport électrique notamment par l'adjonction d'une troisième liaison de 700 MW à l'interconnexion avec l'Espagne et la réalisation de 5500km de lignes nouvelles de transport. Le plan national prend ainsi de la maturité sans précipitation ni nonchalance. Des opérations de convergence ont été lancées dans le solaire via la construction programmée de 5 centrales à Ouarzazate (500 MW), à Aïn Beni Mathar près d'Oujda (400 MW), à Sebkha Tah (500 MW), à Foum El Oued (500 MW) et à Boujdour (100 MW). Le démarrage de ce programme se fera à Ouarzazate mettant à profit les technologies les plus avancées dans le secteur Justement, comme souligné, mardi dernier, par Amina Benkhadra, ministre de l'Energie, l'Agence marocaine pour l'énergie solaire (Masen) a lancé durant le mois de mai un appel d'offres auprès de quatre consortiums. Ces derniers ont été sélectionnés suite à leur pré-qualification pour la réalisation de la première tranche du projet d'Ouarzazate qui sera mise en service en 2014. L'éolien n'est pas en reste. La capacité attendue à l'horizon 2020 est de 2000 MW dont 280 MW déjà mis en production. Par ailleurs, pas plus loin que début mai dernier, un appel d'offres a été lancé auprès de 7 groupements pour la construction du parc de Taza qui sera opérationnel en 2014. L'effet combiné de tous ces projets permettra à l'horizon 2020 d'arriver à 42% de la puissance électrique totale de source renouvelable. Quant à la totalité de la puissance additionnelle de toutes origines, elle sera de 9246 MW Tout cela est bien beau. Mais des interrogations persistent encore au sujet du profit réel que le Maroc peut tirer de ces mégaprojets. Selon Benkhadra, les adjudicataires des projets de production d'électricité d'origine solaire et éolienne auront l'obligation de s'approvisionner en composants auprès de l'industrie nationale. En contrepartie, l'Offre énergie Maroc propose des facilités en matière d'accès au foncier et aux infrastructures ainsi qu'un soutien considérable en matière d'investissements et de formation. Ainsi, la Cleantech intégrée à la Technopole d'Oujda représente la première étape de ce package. C'est dans ce souci également d'avoir les profils adéquats que l'Institut de formation aux énergies renouvelables sera mis en place en collaboration avec la Fenelec et le soutien de l'AFD. Aujourd'hui, le Maroc s'érige en hub énergétique incontournable dans le pourtour méditerranéen. Dans cette optique, il a adhéré au Plan solaire Med, à l'initiative industrielle Desertec et à MedGrid pour une meilleure synergie en matière de production et d'exportation des énergies vertes dans la région. Des négociations sont désormais menées pour trouver les modalités d'application de l'article 9 de la Directive européenne qui permettra au Maroc d'exporter de l'énergie propre à l'UE. Actions prioritaires Dans le court terme, des acquis sont déjà palpables dans le cadre du Plan national des actions prioritaires (PNAP). Ce programme à très court-terme vise la mise en place des premières mesures d'efficacité énergétique. En effet, 1084 MW de capacité nouvelle dans le cadre du programme électrique d'urgence sont déjà installés. La première expérience en son genre dans la région MENA se trouve à la centrale thermosolaire à cycle combiné gaz-solaire d'Ain Beni Mathar. Sur une puissance totale de 472 MW, 20 MW sont d'origine solaire. Ce qui n'est pas négligeable. En termes d'efficacité énergétique, plusieurs mesures ont été prises parmi lesquelles la mise en place de 4,6 millions de lampes à basse consommation. L'impact enregistré jusqu'ici se traduit par une économie de 172 MW et une économie d'énergie cumulée de 591 GWh. Une tarification sociale a encouragé les utilisateurs via le rabais de 20% du coût en cas de baisse de la consommation de 20%. Pour faire court, le programme national d'efficacité énergétique vise trois secteurs à savoir le tertiaire et résidentiel, l'industrie et le transport pour réduire la consommation de 15% d'ici 2030. SOURCE Par Mostafa Bentak | LE MATIN