"Au Maroc , Marrakech, capitale de la nightlife africaine"
Ancienne attachée parlementaire parisienne, ex-journaliste et RP devenue patronne de restaurants-bars huppés de Marrakech, Stéphane Atlas est une institution de la vie nocturne et gastronomie de la ville rouge. Un pilier de l’identité festive de la ville. Elle y vit depuis 20 ans et y possède désormais une conciergerie de luxe. My Chic Africa l’a rencontrée.
« Ah, vous êtes avec Stéphane… » Pas la peine d’avoir le talent de Mr. Ripley pour vivre la dolce vita de VIP à Marrakech. Il suffit de se montrer avec Stéphane Atlas pour que les verrous des trésors bien gardés de la ville ocre sautent comme une caverne d’Ali Baba. Fille d’un antiquaire parisien sosie de Richard Gere, cette quinquagénaire extravertie aux lunettes aussi fantasques que le roman de sa vie est une institution de Marrakech, où elle a débarqué il y a presque vingt ans. Surnommée « Michou » ou « la Régine de Marrakech », l’ancienne propriétaire du regretté Djellabar réussit l’exploit de faire partie des influenceuses qui pèsent sans être une people des réseaux sociaux.
Claqueuse de bises invétérée telle une ancienne RP qu’elle est, généreuse comme une Marocaine d’adoption qu’elle est devenue, lobbyiste comme une ancienne attachée parlementaire qu’elle fut, et débrouillarde comme une ex-journaliste à Casablanca, Stéphane Atlas possède le réseau d’un opérateur téléphonique. Son regard unique sur l’évolution de ce qui fait le suc de Marrakech méritait que My Chic Africa s’asseye dans le canapé de son appartement d’artiste de l’Hivernage pour un entretien immersif.
Le petit déjeuner du Sofitel, un must
Le mot influence est aujourd’hui galvaudé par une surutilisation, donc comment définiriez-vous votre influence sur Marrakech, où vous avez accompagné l’évolution de la night life?
Je dirai que lorsque l’on arrive sur un terrain et pays vierges où tout est à créer, à imaginer, on marque de manière assez forte pour ne pas dire indélébile le monde auquel on appartient à ce moment là, mais pas seulement ! Après on devient un point de repère, une sorte de référent.
La ville a énormément changé depuis votre installation, vous l’avez vue se redessiner. De quelles influences s’est-elle nourrie ?
La ville continue de changer et ce, tous les 3, 4 ans successivement. Beaucoup d’expatriés venus s’installer ont apporté de nouvelles idées ou technologies, faisant ainsi évoluer d’autres secteurs notamment le design, l’artisanat et l’art, chassant ainsi ceux installés depuis quelques années. Ces secteurs souhaitent repartir vers de nouveaux horizons. La ville est en constante mutation. Les courants sont multiples et issus de parcours souvent haut en couleur d’hommes et de femmes venus poser leurs bagages dans cette ville attractive et fascinante. Un établissement comme l’hôtel Les Deux Tours, avec son potager bio et sa volonté d’un luxe simple, incarne cette imprégnation. C’est un havre de zénitude, dans la quiétude de la Palmeraie, où les stars qui veulent être tranquilles adorent venir.
Qu’est-ce qui définit aujourd’hui la vie nocturne et gastronomique de Marrakech ?
Depuis une quinzaine d’années, le choix et les modèles de lieux de loisir et de restauration en particulier se renouvellent sans cesse, tout en évoluant. On s’aperçoit que les modèles de lieux dits branchés ou tendances en Europe émergent à Marrakech depuis quelques années. Le mouvement tend à s’accélérer encore davantage tous les deux, trois ans. On compte aujourd’hui plus de 500 restaurants, pour tous les goûts, et une dizaine de clubs, dont certains comme Le Theatro ou le VIP Room sont de grosses machines de guerre dans l’univers de la nuit. Là encore, le choix est large dans les styles musicaux, les ambiances, les atmosphères et la clientèle… Chacun peut y trouver son compte en fonction de ses envies du moment.
Les pâtisseries de Pierre Hermé à la Mamounia
Aujourd’hui de grands chefs étoilés viennent aisément accoler leurs noms aux tables gastronomiques des grands hôtels, tel que Yannick Aleno pour le Royal Mansour ou Pierre Hermé qui ouvre sa boutique à la Mamounia tout en y prenant en charge la pâtisserie, une première en Afrique. Tout récemment, Henriqué Sà Pessoa, étoilé au guide Michelin, a été convié par la chaîne d’hôtel 5 étoiles Be Live Collection. Le chef du Sofitel est constamment formé à l’école Bocuse, dont l’institut passe chaque année plusieurs jours pour former les équipes. Des rencontres culinaires sont aussi organisées tout au long de l’année par les établissements haut de gamme comme le Ksar Char Bagh, qui organise régulièrement des dîners s à quatre mains avec les chefs étoilés en vogue, ou le Pearl situé dans le quartier de l’hivernage, qui offre une vue imparable sur les vieux remparts face à la Mamounia. Du snack brochettes au bar a salade bio jusqu’aux mets raffinés des grandes tables, Marrakech offre une diversité incroyable. Si vous voulez dîner avec la plus belle clientèle internationale de la ville, allez au très trendy le Bo Zin. Pour manger sublimement et faire la fête, c’est le sésame idoine.
Marrakech est une ville du caché et du paraître, est-ce ce n’est pas ce paradoxe qui fait finalement sa richesse ?
Absolument ! Marrakech est une ville qui vous attire et vous imprègne à coup de larges sourires. Mais il ne faut pas se méprendre, seuls ceux qui prennent le temps d’y rester ou pour qui la porte secrète s’ouvre à travers d’autres, pourront apprécier pleinement ce que respire réellement cette cité. Pour ma part j’y suis arrivée il y a 20 ans. À l’époque il n’y avait que quelques restaurants, les traditionnelles et incontournables tables de la médina (Stylia, Yacout, dar Marjana…) et deux ou trois restaus européens devenus les cantines des résidents. Les diners et soirées se passaient alors dans les maisons privées, à l’abri des regards. Evidement, l’élite des précurseurs du microcosme de ce qui allait devenir le monde de la nuit y était conviée. Ainsi que quelques personnalités et artistes, stylistes, écrivains ou peintres occidentaux qui venaient trouver l’inspiration à Marrakech. J’ai eu la chance de connaitre Yves Saint-Laurent et Pierre Bergé et d’assister à quelques soirées données en l’honneur de leurs amis de passage, ou tout simplement sans raison. Ils adoraient faire et organiser des fêtes. Bill Willis, un designer et décorateur haut en couleur et si atypique, passait lui son temps à organiser des diners festifs dans un superbe et immense riad de la médina. On y croisait le monde entier. Adolfo de Velasquo, antiquaire et personnage de la ville, propriétaire d’une boutique à la Mamounia et qui résidait dans une maison originale adossée aux jardins Majorelle était devenu le spécialiste de l’organisation de cocktails mondains. Il y avait aussi Luciano Tempo, antiquaire italien qui avait racheté à l’époque l’actuelle Kasbah Tamadot de Richard Bronson, où il organisait des soirées déguisées et des fêtes incroyables.
@Christine Alaoui
Giancarlo, encore un italien, homme de spectacle et fin cuisinier ayant repris la Trattoria en 1979 à Ruspoli (autre homme mythique, propriétaire de la Maison Arabe) rassemblait les personnalités de la ville autour d’une bonne pasta maison. Hélas tous ceux-là s’en sont allés. Ils sont sans nul doute les colosses et piliers de la ville, ceux qui lui ont donné et communiqué l’envie de devenir une capitale de la fête. Ah, j’allais oublier les magnifiques déjeuners et diners aux chandelles si raffinés de Xavier Guerrand Hermès, fondateur de la maison Hermès, dans son splendide riad. Christine et Aziz Alaoui sont aussi des incontournables. Ce couple merveilleux d’érudits résidait dans une des premières villas de la Palmeraie, une maison à l’architecture intérieure et au mobilier iconiques qui plaisait tant à leur ami Serge Lutens, Ils sont depuis restés les amis des intellectuels et artistes du monde entier, organisateurs de somptueuses soirées dans leur maison et jardins. Ils restent la mémoire de la ville. Avec ses fêtes médiatisées, Jawad Kadiri propriétaire du premier mandarin oriental, puis du Taj Hôtel, a radicalement changé le paysage de Marrakech et les investisseurs sont venus en masse. J’ai donc assisté à toute cette évolution, dont j’ai fait partie intégrante. Et je pense que ce n’est pas fini.
Quelle est aujourd’hui la place de Marrakech dans le marché du nightlife en Afrique?
Sincèrement je pense qu’aujourd’hui Marrakech est LA destination de la nightlife africaine. J’ai coutume de dire pour faire un grand raccourci qu’elle est la Ibiza du monde arabe, évidement avec quelques règles spécifiques en adéquation avec un pays musulman. Je dirai que Marrakech fait partie du top 10 mondiale, après les grandes capitales comme New York, L.A, Londres Miami, Cancun, Ibiza ou Barcelone.
La magie « by night » du Palais Rhoul
Si un lecteur de My Chic Africa vient 72h à Marrakech, quel programme lui connoteriez-vous ?
Et bien tout d’abord un petit-déjeuner au Sofitel ou en médina dont les ruelles, dédales et artisans sont le pouls central de la ville. On commencerait par un excellent jus d’orange pressé sous vos yeux sur la splendide place Jemaa el Fnaa, dont on ne peut se lasser avec son agitation et ses animations nuit et jour au quotidien. Ensuite, une dégustation de Mesmen ou Baghir (crêpe locale aux mille trous accompagnée de miel des montagnes de l’Atlas) et d’un thé à la menthe parfumé s’impose. Le déjeuner ce sera dans les jardins du Beldi Country Club, pour sa merveilleuse végétation, à La Paillotte pour sa délicate cuisine et son cadre de hutte africaine, ou plus simplement chez Omar au Lac Lalla Takerkoust pour un tagine traditionnel, loin du tourisme. Les environs de Marrakech regorgent d’espaces verts et de végétation. En fin d’après-midi, on ira à l’emblématique Palais Rhoul, mon spa et hammam préféré de la ville. Une merveille d’endroit à l’atmosphère suave et enchanteresse. Maison d’hôtes confidentielle et privée, ce vrai palais des Mille et une nuits reçoit le gratin international. Le soir on ira se faire un apéritif au splendide Bar du Royal Mansour, oasis de luxe et de fraîcheur, suivi d’un dîner au Bo Zin ou au Comptoir Darna, où on pourra contempler le magnifique show des danseuses orientales et savourer le musique fusion. Pour le calme et la cuisine tout à fait exceptionnelle, ma préférence va au Stylia, situé en médina dans un palais traditionnel, et dans un autre style la Trattoria, mon havre secret. C’est mon refuge et lieu fétiche, avec le Palais Rhoul, depuis que je suis arrivée à Marrakech. Pour un excellent diner italien au calme au bord de la piscine, il n’y a pas mieux. Mohamed Anaflous, le propriétaire, veille avec son œil averti et aiguisé au moindre détail.
@Palais Rhoul
Le 23 août 2018
Source web par: my chicafrica accorhotels
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