Collectivités territoriales: Les présidents de communes sur la sellette?

Deux nouveautés majeures émanent des nouvelles lois organiques relatives aux collectivités territoriales. D’abord, la suppression du compte administratif prévu par l’ancienne charte communale dont le vote était programmé chaque année lors de la session de février. Celle-ci était considérée comme un moment crucial pour l’avenir du président.
En effet, l’adoption du compte administratif par le conseil va donner un quitus au président sur l’exécution du budget se rapportant à l’année écoulée. Ce moment offrait l’opportunité à certains élus de réclamer des faveurs au président pour voter en faveur de leur compte administratif.
«En cas de refus, le président perd de facto sa majorité, ce qui conduirait inévitablement au blocage du conseil et éventuellement sa révocation par l’autorité compétente», précise Abdelhafid Edmino, professeur de droit des collectivités territoriales à la faculté de Souissi-Rabat.
Toujours dans le même registre, «dans l’ancienne charte communale, la destitution du président peut être déclenchée à n’importe quel moment après la 2e année du mandat suite aux délibérations approuvées par les 2/3 du conseil», rappelle le professeur.
Désormais, les nouvelles lois organiques des collectivités territoriales mettent les présidents de communes sur la sellette. Ceux qui composent avec une majorité fragile risquent de perdre leur poste. Les élus ont une possibilité, mais qu’une seule toutefois, de demander la démission du président. Cela ne peut se faire qu’après 4 ans de mandat, lors de la 1re session du conseil. Et avec des conditions difficiles à remplir.
Aussi, ce mois d’octobre pourrait voir des têtes tomber... ou pas. La démission pourra figurer à l’ordre du jour de cette session selon la loi organique 113-14 relative aux communes. Pour ce faire, cette démission doit faire l’objet d’une requête déposée par les élus selon les termes précités.
Cependant, pour activer cette procédure, la requête de démission doit être soutenue par les 2/3 des élus du conseil. Une condition exigée par l’article 70 de la loi organique. En revanche, l’aboutissement de cette procédure n’est pas acquis, car le président de la commune peut refuser de se plier à la demande de ses opposants. Dans ce cas, le conseil peut demander par une délibération (approuvée par les 3/4 de ses membres) au gouverneur de saisir le tribunal administratif en vue de statuer sur la demande de révocation du président en question.
A noter que la requête de démission des présidents de région et ceux du conseil préfectoral ou provincial peut être également déclenchée lors de la session d’octobre. En cas de refus du président de présenter sa démission, celle-ci est tranchée sans recours au tribunal administratif par un vote des 3/4 des membres du conseil.
«Avec les nouvelles dispositions des lois organiques, il ne faut pas attendre un grand changement au niveau de la présidence des collectivités territoriales», souligne Abdelhafid Edmino. Avec des conditions difficiles à remplir, ces nouvelles dispositions visent à assurer une stabilité de fonctionnement du conseil, ajoute-t-il. Cela devrait donner à l’équipe dirigeante la possibilité de réaliser son programme d’action, conclut Edmino.
«Toutefois, cette stabilité n’a pas conduit à une amélioration de la gouvernance de nos communes et une utilisation rationnelle de ses ressources au profit du bien-être des habitants», regrette un universitaire et ex-président d’une commune. Pour renforcer le contrôle du travail des présidents des communes assuré par le gouverneur, il s’impose d’activer la mise en application des dispositions de l’article 64 de la loi organique 113-14, recommande-t-il.
Ce dernier donne la possibilité au gouverneur de demander au tribunal administratif de statuer sur la révocation d’un président d’une commune qui a commis des actes contraires aux lois et règlements en vigueur.
Un plus pour la jurisprudence
Pour les conseils des régions et des provinces (ou préfectures), la décision de démission du président relève des élus alors que celle concernant le président de la commune est tranchée par le tribunal administratif. En plus des éléments de forme, le juge devrait également tenir compte des arguments objectifs motivant la demande de démission du président approuvée par les élus. «Les conséquences de cette démission sur l’intérêt de la collectivité seront également prises en considération par le juge», ajoute le professeur à la faculté de Souissi. Les décisions qui seront prises par les juges vont enrichir la jurisprudence dans ce domaine, car elles porteront sur les premières demandes de démission des présidents initiées conformément aux dispositions de l’article 70 de la nouvelle loi organique relative aux communes.
Le 03 octobre 2018
Source web par: l'économiste
Les tags en relation
Les articles en relation
.webp)
LETTRE OUVERTE A MONSIEUR LE PAST GOUVERNEUR DE TATA, Ssi AMAL Salah Eddine !
En étant persuadé de pouvoir trouver en votre successeur les chemins de résolutions ! Monsieur le Gouverneur, vous ayant à maintes reprises interpellé ...

1,8 million de palmiers à nettoyer les trois prochaines années Les détails de la convention sign�
Le ministère de l’Agriculture va débloquer 150 millions de dirhams pour l’entretien des palmeraies. Une convention de partenariat a été signée le 25 oc...

Le Roi adresse un message au président chinois
Le Souverain a adressé un message au président chinois, Xi Jinping, à l’occasion du 60e anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques maro...

L' AMDGJB va à la rencontre de la jeunesse du territoire du Géoparc Jbel Bani
Dans le cadre du partenariat AMDGJB ARED excellente rencontre ce 10/02 entre la jeunesse et leurs encadrants, de l’OFPPT de L’Institut Spécialise Hôtelier...
[Samir]. Extension de la liquidation aux dirigeants: premières plaidoiries de la défense
Premières plaidoiries de la défense. Mohamed Bensalah nie toute implication dans les irrégularités soulevées par le syndic. Salam Gaz rejette la confusion ...

Oasis de Tata, Tissint et région : Des joyaux verdoyants aux portes du désert
Par Patrick Simon Un patrimoine humain et culturel ancré dans la tradition. Au cœur du sud marocain, nichée au pied de la majestueuse chaîne de l�...

Un système de crédits dans les universités marocaines à l'étude
Le département de l'Enseignement supérieur étudie la faisabilité de l'adoption d'un système de crédits dans les universités marocaines. Un sy...

La case de l’Oncle Dom : ANCV, les chèques vacances en bois... dont on fait des flûtes ! L’éd
Et vlan ! Après cet amendement stupide qui va taxer les aides aux vacances offerts par les comités d’entreprises aux salariés (et aux retraités), voilà q...

L'interdisciplinarité au service de la réintégration géographique de l'humain dans son territoir
Le 25/11...

Sud Maroc -Sècheresse - Agriculture oasienne : Un écosystème millénaire en déperdition
Dans les régions arides et semi-arides qui définissent l’économie oasienne, investie il y a dix siècles (depuis la deuxième arrivée arabe dans ces régi...

Association Marocaine de développement du Géoparc du Jbel Bani Tata Drâa AMDGJB
Rencontre de Association Marocaine de développement du Géoparc du Jbel Bani Tata Drâa avec les apiculteurs d'Aigou à la province de Tata en décembre 20...
Les clients de Homeaway / Abritel entrent dans l’ère de l’intelligence artificielle avec Smartb
Après Airbnb, Smartbnb lance son service d’automatisation de messagerie sur Homeaway et toutes les marques locales du site de réservation américain. Sma...