Tourisme interne – Béni Mellal-Khénifra : Des richesses considérables qui attendent d’être mises en valeur

Plaines, montagnes, lacs,
cascades, richesses géologiques et rupestres…, la région a tout à offrir au touriste. L’arrière-pays berbère a su préserver son mode de vie, son authenticité et son hospitalité.
«La région de Béni Mellal-Khénifra connaît un développement touristique sans précédent qui en fera une région aussi attractive qu’Ifrane dans les 3 à 5 prochaines années». C’est en ces termes que certains professionnels de l’hôtellerie et du tourisme dans la région qualifient leur avenir. Malgré cet optimisme apparent, ils ne cachent pas leur déception due au manque criard de promotion pour la région. «Hormis l’image des cascades d’Ouzoud utilisée par l’ONMT dans la promotion du Maroc, la région ne bénéficie d’aucun soutien de la part de l’office. Pire, les opérateurs de la région ne le connaissent même pas. Les touristes viennent notamment explorer les sites naturels et pittoresques de l’Atlas grâce au bouche à oreille», déclare Abdelfattah Baouden, délégué provincial du tourisme à Béni Mellal. La filière restauration de la ville bénéficie, elle, de l’escale quotidienne, à l’heure du déjeuner, d’une vingtaine d’autocars remplis de touristes (dans le cadre du circuit des villes impériales). Par contre, l’autoroute reliant directement la ville à Casablanca et Rabat est encore peu fréquentée. Les aires de repos et stations-services attendent désespérément l’afflux réel de touristes de passage. Quant à l’aéroport flambant neuf de Béni-Mellal, il ne reçoit qu’un seul vol opéré par Royal Air Maroc en provenance de Milan deux fois par semaine qui fait dorénavant escale à Casablanca. «L’impact de l’aéroport sur le plan touristique est limité. Seul le parachutisme, pratiqué à l’aéroport grâce à un hangar dédié et équipé, permet de dynamiser l’activité touristique et hôtelière. La période de pic pour le parachutisme est de 4 mois, entre mi-décembre et mi-avril, et permet d’offrir à la ville entre 10 000 et 16 000 nuitées par an grâce à de longs séjours de 8 à 10 nuits», nous confie le délégué du tourisme de la région. En effet, la capacité litière de la région est considérable, avoisinant 5 245 lits (d’après les chiffres de la délégation du tourisme).
Deux grands projets structurants dans l’hôtellerie et l’animation à Béni-Mellal
Plusieurs investissements sont en cours de réalisation. «La demande existe à Béni-Mellal. De nouveaux hôtels 3 étoiles et 4 étoiles seront ouverts dans la ville (10 au total), en plus de 20 en projet, dont deux grands projets touristiques, un ensemble intégré avec Aquapark, hébergement et éléments accessoires et un complexe hôtelier et résidentiel, ce qui permettra d’améliorer la visibilité du territoire. Il faut aussi compter deux ouvertures à Khouribga sans omettre les constructions de maisons d’hôtes à Bin El Ouidane et Azilal», assure le DPT de la région.
En réalité, le seuil minimum en termes de capacité pour que la région puisse bénéficier de la promotion de l’ONMT est de 5 000 lits. Aujourd’hui, la région a dépassé ce seuil. Des contacts commencent à être noués entre l’office et la délégation du tourisme de Béni-Mellal pour promouvoir la région qui manifeste un besoin criard de reconnaissance nationale et internationale. Les sites à intérêt touristique sont nombreux. La région d’Azilal regorge de potentialités, notamment pour le tourisme de montagne. Elle a accueilli, à Tabant (près de la vallée d’Aït Bouguemaz), le premier centre de formation aux métiers de montagne qui formait, jusqu’à il y a 2 ans, des guides de montagnes et des femmes rurales dans le tissage et l’apiculture. «Fondé dans le cadre de la coopération internationale dans les années 1980, le centre est fermé depuis 2 ans. Il est vrai que la qualité de la formation s’est détériorée depuis quelques années, depuis que l’encadrement français et canadien a cessé. Dorénavant, cette formation est délocalisée vers l’Institut de technologie hôtelière et touristique de Ouarzazate géré par le ministère de tutelle», déclare M. Baouden
Azilal-Aït Bouguemaz, précurseurs du tourisme rural au Maroc
La région Béni-Mellal Khénifra fait partie du territoire Atlas et Vallées et prône un tourisme rural éco responsable. D’ailleurs, les premières expériences de gîtes au Maroc ont vu le jour dans la région d’Azilal grâce à des étrangers et à des guides formés dans l’institut. Avec des niveaux de prestations différenciés, les prix des nuitées y varient de 120 à 250 DH/personne. Ces projets offrent une source de revenus aux autochtones de ce territoire montagneux où la pauvreté sévit encore. D’où la nécessité de développer le tourisme rural. Le plan de développement intégré du tourisme rural et de nature avec le concours de la SMIT, doté d’une enveloppe de 90 MDH, devait bénéficier à certaines régions, y compris celle de Béni Mellal-Khénifra. Cependant, il a été décidé d’allouer ce budget aux provinces du Sud. Heureusement, certains territoires touristiques émergent d’eux-mêmes. Bin El Ouidane connaît un élan touristique sans précédent. «Depuis l’ouverture de notre hôtel Chems du Lac (87 chambres et 4 suites) en 2010, les projets fusent dans le barrage Bin El Ouidane. Aujourd’hui, nous arrivons à atteindre un taux d’occupation annuel de 70% grâce à une clientèle composée à 90% de nationaux. Pendant les week-ends de toute l’année et les vacances scolaires, nous affichons complet. Une offre de séminaires et team building s’est également développée dans les établissements. Nous organisons au moins deux séminaires par mois», se réjouit Said Reddad, président de la chaîne Sodet, détentrice de 3 hôtels dans la région. En outre, une cinquantaine d’hébergements chez l’habitant ainsi qu’une dizaine de maisons d’hôtes sont en cours de construction à Bin El Ouidane. L’hôtel le plus prestigieux du lac, Widiane suite & Spa (d’une capacité de 30 chambres) est en cours d’extension.
Géoparc de M’goun pour préserver la richesse de la région
Dans le volet écologique, l’association du géoparc M’goun vise à préserver les sites de la région dotés de richesses géologiques, architecturales et culturelles. C’est le cas du géoparc M’goun, seul géoparc labellisé par l’Unesco en Afrique et dans le monde arabe. «Ce géoparc s’étale sur une superficie de 5 730 km2 sur 15 communes et territoires dont Azilal et Aït Bouguemaz. Sa richesse géologique et les squelettes de dinosaures qui y ont été retrouvés datent de 110 à 120 millions d’années. Ses traces rupestres ont une histoire de 35 000 ans. L’objectif est de le préserver, notamment à travers la géo-conservation, la géo-éducation et le géo-tourisme», explique Amina Bouraqiya, présidente de l’association du géoparc de M’goun. L’association se focalise aujourd’hui sur la communication grand public notamment à travers les guides de montagne de la région et des chartes d’engagement signés avec quelques gîtes. Un site web dédié au géoparc de M’goun sera lancé incessamment. Enfin, la signalisation des axes routiers du géoparc est en cours d’achèvement.
Cet exemple incarne, à lui seul, la richesse inouïe de la région Béni-Mellal-Khénifra. Encore faut-il mieux la faire connaître. Grâce à l’effort des autorités publiques et la volonté de l’Etat, l’accessibilité aux sites s’améliore. Les infrastructures routières de la région ont connu une mise à niveau. Des chantiers sont ouverts un peu partout. La route menant vers Khénifra est à son tour en chantier. Auparavant, la ville faisait partie de la région Meknès-Tafilalet, moins lotie en termes de ressources et de développement que Béni-Mellal. «Aujourd’hui, le nouveau découpage permet de tirer Khénifra vers le haut et la faire bénéficier des ressources et de l’expertise de la région. Déjà, la route allant de Béni Mellal à Zaouia Echeikh a connu un renforcement et un élargissement. Il reste encore à aménager les tronçons routiers qui mènent vers les sources d’Oum Rabii qui demeurent encore défectueux», déclare M. Baouden. Un vent favorable souffle donc sur le tourisme dans cette région agricole par excellence dotée du plus grand périmètre irrigué de Tadla (200000 ha) sans compter l’importance de l’activité minière de l’OCP dont une partie est délocalisée de Khouribga à Fquih Ben Saleh. A Azilal et Khénifra, le tourisme est une source de revenus très attendue pour les habitants.
Le 3 janvier 2018
Source web par : la vie eco
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