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Le chef du gouvernement au Club de L’Economiste: El Othmani veut rétablir la confiance

Le chef du gouvernement au Club de L’Economiste: El Othmani veut rétablir la confiance

Le discours royal a donné plus de visibilité aux opérateurs

Le gouvernement a «tiré les leçons du malaise social»

Loi sur le droit de grève, registre social unifié… les chantiers de la rentrée

Saâdeddine El Othmani a estimé que les priorités du gouvernement permettront de résoudre les problèmes ayant alimenté le malaise social, notamment en s’attaquant aux dossiers de l’éducation, de la santé, de l’emploi… (Ph Jarfi)

Saâdeddine El Othmani veut se montrer rassurant. Invité au Club de L’Economiste, vendredi dernier, le chef du gouvernement a livré ses pistes pour rétablir la confiance des citoyens et des opérateurs économiques.

«Immédiatement après le discours royal, qui a tracé les difficultés, donné des directives et ouvert de nouveaux horizons, nous avons vu que les chefs d’entreprises sont plus optimistes et ont plus confiance», a-t-il souligné. Aujourd’hui, «le Roi a donné plus de visibilité».

Une réunion a été tenue au lendemain du discours du Trône, pour tracer la feuille de route et fixer un calendrier d’exécution des orientations royales. Les plans d’action détaillés des différents départements seront présentés dans 3 semaines.

«Des rapports périodiques de l’état d’avancement des réalisations seront soumis au Roi», selon le chef du gouvernement. Celui-ci a dit avoir «tiré les leçons du malaise social et des différentes manifestations liées aux attentes des citoyens, particulièrement la campagne de boycott». Celle-ci a été «une période difficile. Mais nous l’avons dépassée».

Aujourd’hui, «la priorité est à la préparation du projet de loi de Finances 2019, qui sera notamment marquée par une empreinte sociale».

? Limogeage de Boussaid: «Un signal aux différents responsables»

Le limogeage de Boussaid du ministère des Finances a donné lieu à la multiplication des spéculations et des fake news. Le chef du gouvernement a balayé ces informations, estimant que «ces informations ne sont pas précises». Pour lui, «le communiqué du Cabinet royal est clair. Le Roi a exercé ses attributions en conformité avec l’article 47 de la Constitution». C’est un signal aux différents responsables, mettant l’accent sur le fait que «personne n’est au-dessus de la loi». Face aux appels de poursuivre le ministre démis en justice, El Othmani a rappelé que la saisine de la justice dépend de la nature des dépassements. «Quand il s’agit d’une faute professionnelle banale, le limogeage est suffisant. Même pour les fautes professionnelles graves, il y a une série de sanctions possibles. Celle administrative peut être, elle-même, très lourde», a-t-il expliqué. Actuellement, «plusieurs responsables sont traînés devant la justice».

? Finances: Pas de nouveau ministre avant la rentrée

Le remplacement de Mohamed Boussaid à la tête du ministère des Finances n’est pas encore à l’ordre du jour. Le chef du gouvernement a nié toutes discussions relatives à ce sujet actuellement. Cela pourra attendre la rentrée, a-t-il dit. La priorité est à la préparation du projet de loi de Finances 2019. Abdelkader Amara, ministre des Finances par intérim, qui chapeautera le processus, «n’a pas une formation en économie ou en finances. Mais son expérience en tant que ministre, parlementaire et membre de la commission des finances de la Chambre des représentants, lui permettront de bien s’acquitter de cette mission», a estimé El Othmani. La note de cadrage n’a pas été encore adressée aux ministères. Mais les grandes lignes ont été déjà fixées. «Nous allons donner plus d’importance à la stratégie de développement durable, en mettant l’accent sur l’exemplarité de l’Etat dans ce domaine. Idem pour le volet social, notamment avec des mesures en faveur du pouvoir d’achat des citoyens, du dialogue social…», a-t-il affirmé.

? Boycott: «Nous avons traversé une période difficile»

Saâdeddine El Othmani affirme avoir tiré les leçons de la période difficile marquée par le boycott de certains produits. Il s’agit de trouver une solution à un vrai dilemme. D’abord, «les citoyens ont le droit d’exprimer leur opinion, de boycotter un produit ou de protester». En face, le gouvernement est appelé à prendre des mesures. Mais, «nous avions d’abord besoin de comprendre la situation, afin de prendre des mesures en fonction des besoins», a souligné El Othmani. Pour lui, «le programme gouvernemental constitue en lui-même une réponse aux raisons ayant alimenté la tension sociale». Mais il réclame plus de temps pour que les résultats commencent à se faire sentir. «Quelques mois, c’est très court dans la vie d’un gouvernement», a-t-il estimé. Car, «nous ne sommes pas dans une logique de bricolage». Pour lui, les programmes lancés, notamment dans le volet social, «vont traiter ces problèmes en profondeur, à l’image du projet de couverture médicale pour les indépendants et les professions libérales».

? Ciblage: Le registre social unifié pour 2019

Très attendu, le nouveau système de ciblage devra être déployé en 2019. «Le ministère de l’Intérieur pilote ce chantier, en partenariat avec d’autres départements comme celui des Affaires générales et celui de la Solidarité et de la Famille. Nous estimons qu’il sera prêt l’année prochaine», a fait savoir le chef du gouvernement. Le registre social permettra de remettre de l’ordre dans les programmes sociaux et améliorer le ciblage des populations concernées. Un nouveau numéro sera attribué à chaque citoyen dès la naissance. Il remplacera le numéro de CIN.

? Carburants: Pas de retour en arrière

Saâdeddine El Othmani est catégorique: «les carburants ne seront jamais re-subventionnés. Mais les prix seront recadrés». Le gouvernement veut s’inspirer des expériences internationales pour forger un modèle marocain. «L’idée est de maintenir la libéralisation, mais en même temps préserver le pouvoir d’achat des citoyens».

? Décompensation du gaz butane: Rien n’a encore été décidé

Le gouvernement hésite encore sur le dossier de décompensation du gaz butane. Aucun calendrier de réforme n’a été établi. «Nous devons trouver une solution pour décompenser le gaz sans porter atteinte au pouvoir d’achat», a expliqué El Othmani. Pour lui, le virage vers les énergies renouvelables sera décisif dans ce domaine. «Si nous réussissons la stratégie des énergies renouvelables, cela nous permettra d’alléger la pression liée à la fluctuation des prix à l’international». Le chef du gouvernement a tenu également à nuancer les annonces faites par certaines multinationales concernant les réserves de gaz au Maroc. «Ce n’est pas encore sûr. Ce sont uniquement des prévisions», a-t-il dit.

? Stratégie d’emploi: «Des objectifs ambitieux»

Depuis la présentation de la stratégie nationale de l’emploi, le gouvernement est régulièrement attaqué sur les chiffres avancés, jugés irréalistes. Pour El Othmani, ce ne sont pas des objectifs, mais plutôt le potentiel offert par les différentes stratégies sectorielles. Il a estimé que même si son équipe n’arrive pas à créer la totalité des postes prévus, 80% serait une bonne performance, selon lui. «L’essentiel c’est d’avoir des objectifs ambitieux».

? Droit de grève: L’examen du projet de loi en septembre

Très attendu, le projet de loi organique sur le droit de grève sera bientôt livré. «Nous avons demandé aux syndicats leurs avis et propositions pour améliorer le texte. Je pense que nous allons démarrer les discussions de ce projet de loi en septembre prochain».

? Investissement public: Chaque région sera dotée d’une zone franche

Le chef du gouvernement reconnaît le faible impact de l’investissement public au Maroc sur l’emploi. «Ceci s’explique par le fait que ces investissements sont orientés vers les infrastructures, qui ne permettent pas de créer des emplois permanents». Mais ils sont décisifs pour attirer les opérateurs privés, a-t-il dit. Le gouvernement veut accélérer le rythme de réalisation de ces infrastructures pour renforcer l’attractivité territoriale. «Chaque région sera dotée d’une zone franche. Celles qui ont un accès sur la mer seront également dotées de ports».

    «Le PJD n’est pas un parti stalinien»

    Au moment où la tension est palpable au sein du PJD, notamment à cause des positions dures de certains cadres du parti, comme Abdelali Hamieddine, Saâdeddine El Othmani avance que «tout va bien». Pour lui, il s’agit de «quelques individus mécontents. Et c’est leur droit». Il a insisté sur l’importance des divergences des points de vue. «Car, le PJD n’est pas un parti stalinien», a-t-il dit.

    Majorité: «Le patron, c’est moi»!

    Accusés par leurs alliés de la majorité de tenir un double discours, les membres du PJD suscitent souvent la polémique au sein de la coalition gouvernementale, notamment à cause de violences verbales au Parlement. Pour le chef du gouvernement, tous les mécanismes de coordination prévus par la charte de la majorité fonctionnent. Mais chaque parti garde la liberté d’avoir des opinions, des observations ou des amendements quand il s’agit par exemple d’un projet de loi. Une chose est sûre, selon lui: toutes les décisions prises par la majorité sont respectées par ses composantes. El Othmani assure qu’il ne s’agit pas d’une coalition à plusieurs têtes. Au sein de la majorité, il n’y a qu’un seul chef, a-t-il rappelé.

Le 07 Août 2018

Source web par : L’économiste

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