Cochenille du cactus: La recherche pour lutter contre le fléau
7.948 km de cactus déjà traités chimiquement
Près de 1.800 km arrachés d’ici la fin de l’année
8 souches de résistants identifiées
L’infestation des plantations par la cochenille du cactus a été fulgurante. En quelques semaines seulement, l’insecte ravageur a infesté plus de 50.000 hectares. Il a ravagé aussi bien les anciennes plantations que celles, récentes, réalisées dans le cadre du Plan Maroc vert (Ph. INRA)
La lutte contre la cochenille du cactus s’intensifie et s’étend désormais à d’autres régions du pays. Elle a également pris d’autres formes. Il fallait, certes, parer au plus urgent, notamment, assurer en premier un traitement phytosanitaire des plantations de cactus. Ainsi, 7.948 km linéaires ont déjà été traités par des produits chimiques testés et homologués pour cet objectif.
La «guerre» menée contre cet insecte, terriblement ravageur, a également contraint les responsables du département de l’Agriculture à ordonner l’arrachage des cactus des plantations déjà infestées. Ce sont ainsi 400 km de cactus qui ont été arrachés à fin 2017 et 429 autres kilomètres l’ont été au début de 2018. Il est également prévu un programme supplémentaire d’arrachage de 967 km au titre du reste de l’année. La lutte contre la cochenille se poursuit également par l’enfouissement des plants atteints.
Le coût du traitement phytosanitaire mécanique varie en fonction du produit utilisé entre 31 et 235 DH/mètre linéaire du cactus dense et entre 13 et 94 DH pour le cactus de faible densité. En outre, 296 pulvérisateurs ont été distribués aux agriculteurs dans le cadre de partenariats avec les associations d’exploitants.
Parallèlement à la lutte mécanique, le département de l’Agriculture s’est investi dans la lutte biologique contre la cochenille. Les résultats sont plus que probants selon un agronome membre de l’équipe de chercheurs de l’Institut national de la recherche agronomique (INRA) chargée de cette mission. En effet, assure-t-il, les premiers résultats des essais de la lutte biologique contre la cochenille sont encourageants notamment l’utilisation d’une coccinelle prédatrice.
Multiplication des clones résistants
Les chercheurs ont également mené des essais de clones résistants au sein d’un insectarium récemment construit à Khémis Zemamra. L’objectif est d’assurer, dans un premier temps, la multiplication de ces clones sur une superficie de 4 hectares. Il est aussi prévu l’extension de la multiplication des clones résistants sur 15 hectares au niveau de la station de Khémis Mettouh.
En outre, des expériences sont menées sur la résistance génétique de la cochenille du cactus. Ainsi, 249 variétés de cactus ont été sélectionnées pour choisir celles qui résistent le plus à la cochenille au niveau de la Commune rurale Tamda. L’analyse des résultats en cours par les chercheurs de l’INRA et de l’ONSSA a permis d’identifier 8 souches qui présentent une résistantes à la cochenille.
Un plan de communication et d’information a été mis en place notamment pour la diffusion des résultats des essais d’efficacité des insecticides et des campagnes d’arrachage mécanique. Tout autant que la mise en œuvre de la stratégie nationale de lutte contre la cochenille en matière de recherche et du plan d’action pour la généralisation de l’opération.
Mise en place d'un cordon sanitaire
Malgré sa résistance aux maladies et aux ravageurs, le cactus a connu ces derniers temps une expansion sans précédent de la cochenille. Les premiers foyers de la forte présence de cet insecte phytophage ont été signalés à Sidi Bennour, Rhamna et à Youssoufia.
Face à cette situation aussi grave que dangereuse, une commission technique composée de représentants de l’Office régional de mise en valeur agricole des Doukkala (ORMVAD, de l’ONSSA, de l’INRA, des autorités locales, des collectivités territoriales et de partenaires privés, a été mise en place pour lutter contre ce fléau. D’ailleurs, quelques semaines seulement après l’apparition du fléau, le département de l’Agriculture a décidé de mesures d’urgence pour y faire face.
Parmi ces mesures, il y a lieu de citer la suspension du programme de nouvelles plantations de cactus dans le cadre du Pilier II du Plan Maroc vert jusqu’à ce que la situation soit maîtrisée. Et aussi le renforcement et l’accélération des opérations d’arrachage et d’enfouissement des cactus infestés.
Il a également été décidé d’intensifier les traitements phytosanitaires des plantations faiblement infestées. Sans oublier, la mise en place d’un cordon sanitaire pour empêcher la contamination des zones encore indemnes.
Ainsi, la lutte intégrée contre la cochenille du cactus s’est-elle articulée autour de quatre axes principaux. D’abord, la lutte chimique combinée à l’arrachage et l’enfouissement des plants infestés et endommagés. Ensuite, la lutte biologique utilisant des insectes prédateurs de la cochenille. Et enfin, la sélection génétique de variétés résistantes.
Un premier bilan des différentes interventions à plusieurs niveaux, fait état d’une distance de 1.700 km de cactus attaqués qui ont été traités chimiquement. Quant aux opérations d’arrachage et de destruction des cactus infestés, elles ont été réalisées dans un premier temps sur une distance de 260 km avec une largeur variant entre 2 et 4 mètres. Opérations effectuées en trois étapes durant la période s’étalant du début de 2016 jusqu’à fin juin 2017. C’est ce qui a permis de freiner la dissémination de la cochenille vers d’autres zones.
Actuellement, la quatrième étape de lutte est en cours après la tenue de plusieurs réunions à l’échelle des provinces, des caïdats et des douars. Réunions qui avaient pour objectif de déterminer exactement les distances aptes pour l’arrachage au niveau de chaque commune et le classement des douars selon le degré d’attaque d’une part, et pour élaborer la stratégie d’intervention d’autre part.
A l’issue de ces réunions, la distance totale a été évaluée à 4.000 km de cactus différemment attaqués, dont 3.440 km au niveau de la seule province de Sidi Bennour et 560 autres au niveau de la province d’El Jadida.
Sur la base de ce diagnostic, un budget de 13 millions de DH a été consacré à l’arrachage d’une distance de 350 à 400 km répartie en 3 lots. Ces derniers sont composés de communes rurales fortement infestées pour un délai de réalisation fixé à 6 mois.
L’efficience d’intervention sera garantie par les commissions provinciales qui coordonnent l’opération et les commissions de suivi formées à l’échelle de chaque caïdat et qui suivent de très près l’arrachage et gèrent les machines selon les priorités d’intervention.
Introduit en... 1770
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Le cactus a connu une évolution remarquable au fil des années depuis son introduction au Maroc en… 1770. A telle enseigne qu’il est considéré aujourd’hui parmi les filières agricoles importantes. Et cela en raison, notamment, de son utilisation comme fourrage pendant les années de sécheresse. C’est également un produit frais et ses produits dérivés ont une forte valeur ajoutée. Comme par exemple l'huile de cactus, si célèbre pour ses propriétés anti-rides, qui commence à avoir un succès certain auprès des industries cosmétiques et des consommateurs. Précieuse et rare. Il faut 800 kg de fruits pour obtenir 30 kg de graines pour 1 litre d’huile. Elle est la plus chère au monde (autour de 10.000 DH le litre).
Actuellement, la superficie occupée actuellement par le cactus rien que dans la région des Doukkala est de l’ordre de 1.500 ha dont 500 ha plantés dans le cadre du Pilier II du Plan Maroc vert qui encourage sa plantation comme culture alternative dans les zones moins favorables aux autres cultures.
Le 07 Août 2018
Source web par : L’économiste
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