Les hydroliennes : une solution pour la stratégie énergétique 2050 ?
La société française propose actuellement deux technologies : Blue Shark River pour les fleuves et rivières, et Blue Shark Marine, pour les mers et les océans. (Crédits: Blue Shark Power System)
Jusqu'au début des années 1970, près de 90% de l'électricité produite en Suisse provenait de la force hydraulique. La mise en service des centrales nucléaires a fait baisser cette part à 60% dans les années 1980, un pourcentage similaire aujourd’hui. Sauf que l’an dernier, la «Stratégie énergétique 2050» a été acceptée par le peuple, à plus de 58%. Objectif : tourner progressivement le dos au nucléaire et favoriser les énergies renouvelables.
Les promesses des hydroliennes
D’après l’Office fédéral de l’énergie (OFEN), cette transition énergétique passe déjà par la rénovation et l’agrandissement des centrales hydrauliques existantes et la construction de nouvelles, «en tenant compte de leur impact sur l’environnement», toujours d’après l’OFEN.
Dans ce domaine de l'énergie hydraulique, de nouvelles technologies émergent également, comme les hydroliennes adaptées aux fleuves et rivières, qui sont en fait de mini-hydroliennes. « Au départ, nous avions développé notre technologie pour la mer, mais nous avons reçu beaucoup de demande pour les fleuves et rivières et avons adapté notre technologie », raconte Philippe Rebboah, CEO de la société française Blue Shark Power System, qui conçoit et produit des hydroliennes pour ces deux environnements.
Contrairement aux très grandes installations marines, ces mini-hydroliennes sont condensées : « les pales mesurent moins de 2 mètres, nous pouvons donc intervenir dans des fleuves et rivières avec 3 ou 4 mètres de profondeur seulement», précise Philippe Rebboah.
Une technologie particulière
Avantage de cette source d’énergie renouvelable : l’eau s’écoule en continu, contrairement au souffle du vent ou aux rayons du soleil, intermittents. Mais les contraintes physiques n’en sont pas moindres : « le problème des hydroliennes, ce sont les vibrations, explique Philippe Rebboah, car l’eau est beaucoup plus dense que l’air et non homogène, donc le flux de l’eau engendre des forces différentes sur la structure ».
Blue Shark Power System parvient à « lisser » cette force hydraulique, grâce à un filtre spécifique pour homogénéiser les flux. L’entreprise dit pouvoir produire deux fois plus d’énergie avec cette technologie que ce qui existe sur le marché des turbines à axe horizontal. Et quatre fois plus que celles à axe vertical. Sur un fleuve, l’investissement de départ serait rentabilisé en deux ans.
Des tests d’hydroliennes concluants en Valais
D’après un article du Nouvelliste publié en février dernier, après six mois de tests, les résultats de la première hydrolienne suisse ont dépassé les projections. Il s’agit ici d’un prototype conçu par la HES SO de Sion, installée dans le canal de fuite de l’usine hydroélectrique de Lavey. Elle a fourni une puissance moyenne de 1,5 kW, soit un tiers de plus que les projections réalisées par l’équipe de la HES-SO Valais. A tel point qu’un champ d’hydroliennes serait maintenant à l’étude.
Blue Shark Power System a par ailleurs été approchée par une société suisse de production d'électricité, avec l’idée de placer des hydroliennes à la source du Rhône. Les discussions étant encore au stade exploratoire, nous n’en saurons pas plus.
« La Suisse est très bien positionnée dans l’hydroélectricité mais il faut des compléments aux barrages et aux mini turbines. Les premiers sont lourds en maintenance et par définition limités, tandis que les secondes ne produisent pas suffisamment d’électricité », analyse Philippe Rebboah.
Prêt pour l’industrialisation
Au delà de la Suisse, de plus en plus de pays s’intéressent à cette technologie des hydroliennes, qu’elles soient installées en mer ou sur des fleuves. Blue Shark Power System a ainsi plusieurs projets en Afrique, car leur technologie peut être installée « on grid » (l’électricité est acheminée via un réseau existant) mais aussi « off grid », via une station autonome, particulièrement adaptée aux régions rurales. L’entreprise collabore par ailleurs avec la société canadienne Hydro Québec, qui a développé des batteries de stockage d’énergie sans lithium.
« Nous travaillons sur cette technologie depuis quinze ans, nous sommes prêts pour l’industrialisation » déclare Philippe Rebboah. En plus de l’Afrique, l’entreprise compte également plusieurs projets en Amérique du sud et en Asie du Sud-Est. Elle a également été sélectionnée par la Chine pour l’installation d’hydroliennes marines. Pour financer son développement, l’entreprise a par ailleurs annoncé il y a quelques jours son intention d’entrer en bourse prochainement.
Le 18 Juin 2018
Source web Par bilan
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