Pourquoi il faut l'intégrer dans le circuit légal L'informel apporte 4 fois plus à l'économie qu'il ne coûte
Le tissu économique et sa compétitivité sont menacés par la prolifération de l’informel qui emploie, aujourd'hui, 2,65 millions de personnes et représente un manque à gagner de 40 milliards de dirhams pour l’État tout en générant une plus-value estimée à 170 milliards, selon une étude menée par la CGEM. Si rien n'est fait, le patronat craint que cette concurrence déloyale provoque un basculement des entreprises vers l’informel. Pour lui, il faut un plan public-privé pour remédier à la situation.
40 milliards de dirhams. C’est ce que coûte au Maroc l’économie informelle. Un manque à gagner en recettes fiscales de 34 milliards de DH, soit 16% des recettes ordinaires du Trésor. Le reliquat, 6 milliards, échappe en charges sociales, selon l'étude menée par le cabinet Roland Berger pour le compte de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM). Globalement, l’économie informelle hors secteur primaire est estimée à 170 milliards de dirhams, soit plus de 20% du PIB hors secteur primaire et 10% des importations formelles, relève Miriem Bensalah-Chaqroun, présidente de la CGEM, le 5 avril à Casablanca, lors de la présentation de l'étude.
La valeur ajoutée de l’économie informelle s’élève, pour sa part, à 140 milliards de dirhams. «Des chiffres alarmants qui nous interpellent. Aujourd’hui, l’informel s'en sort en toute impunité, c’est inacceptable ! Ceci alors que les contribuables s’efforcent de payer leurs impôts et cotisations sociales et sont minés par cette concurrence déloyale», regrette Bensalah-Chaqroun. Le non-paiement des impôts et charges contribue à la création de leviers de rentabilité supérieurs pour les acteurs informels, engendrant un gap de compétitivité prix important. Celui-ci est compris entre 10 et 30% du prix, selon Mohammed Fikrat, président de la commission investissement, compétitivité et compensation industrielle à la CGEM. «Les gaps de compétitivité prix observés entre les produits formels et informels engendrent une pression négative sur les prix de marché. Et c’est l'économie informelle qui fixe les prix de référence, ce qui entraine une perte de part de marché significative pour les acteurs formels», se désole Fikrat. Ce dernier alerte sur un phénomène dangereux : «Confrontées à cette concurrence déloyale, plusieurs entreprises sont obligées de basculer vers l’informel».
Où sévit le plus ce phénomène ? À en croire l'étude, c’est dans le commerce-réparation, puisque 68% des opérateurs de ce secteur évoluent dans l’informel, accaparant 54 milliards de dirhams de sa richesse. Il est talonné par l’industrie du textile et du cuir où un peu plus de la moitié des acteurs sont dans l’informel et génèrent 11 milliards de valeur ajoutée. Suivent le transport routier de marchandises (32%) avec 3 milliards de DH et le BTP (31%) avec 22 milliards. L'économie informelle crée ainsi un manque à gagner pour l'État, impacte les entreprises, mais les effets sur les personnes qui y travaillent sont tout aussi déplorables. Roland Berger recense plus de 2,65 millions de personnes dans l’informel, dont 90% dans les unités de production informelles.
L'étude fait, par exemple, état de 60.000 personnes s'adonnant à la contrebande dans le nord du pays et à 215.000 employés qui ne sont pas déclarés par les entreprises formelles. «Ces personnes ne peuvent pas aller se soigner et intègrent la chaîne de solidarité. Ils vivent dans la précarité et l’instabilité. Ils ne bénéficient pas d'avantages sociaux comme la retraite et la sécurité sociale et leurs salaires sont réputés faibles», s’alarme la présidente de la CGEM. Par ailleurs, si l’informel impacte de manière positive le pouvoir d’achat des consommateurs finaux, il présente néanmoins des risques importants. Les règles d'hygiène ne sont pas respectées (chaine de froid, règles de sécurité alimentaire…) et les marchandises sont pour la plupart de mauvaise qualité. Maintenant que ce diagnostic est là, quel est le remède ? La CGEM propose l'adoption d'un véritable plan d’action public-privé dans le but d’intégrer les acteurs de l’informel dans le formel. Ceci en développant un cadre réglementaire spécifique et incitatif et un appui à l'accès au marché et au renforcement des capacités des entreprises informelles. Dommage que l'étude ne fournisse pas d'informations sur les sociétés qui ont déjà basculé dans l'économie formelle, suite à l'amnistie fiscale lancée par la DGI il y a quelques années.
Publier Le 08/04/2018
Source Web : le matin
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mardi 10 avril 2018
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