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Tizi n’Tichka, la route de tous les risques Pour quand un tunnel salvateur ? Grands dangers et petits calculs

Tizi n’Tichka, la route de tous les risques Pour quand un tunnel salvateur ? Grands dangers et petits calculs

Le projet du tunnel Tizi n’Tichka verra-t-il le jour ? Pas dans un avenir proche, à en croire Abdelkader Amara qui a déclaré qu’il faudrait encore 10 ans pour achever les études détaillées et la mobilisation des fonds avant la construction de ce tunnel. 

En réponse à une question orale posée dernièrement devant la Chambre des représentants, le ministre de l’Equipement, du Transport, de la Logistique et de l’Eau a souligné que les études relatives au projet se poursuivent de manière normale,  tout en précisant que les ingénieurs  examinent la question d’équilibre entre l’érosion des sols, les solutions à envisager et le coût global du projet.

Des propos qui choquent plus d’un puisque les études techniques, financières, de faisabilité, d’impact... se poursuivent et se ressemblent depuis le Protectorat. En réalité, l’idée du tunnel n’a rien de nouveau. Les autorités coloniales de l’époque avaient pensé à créer un tunnel ferroviaire destiné à transporter le manganèse des mines de Tidili. L’idée a ressurgi à travers une étude élaborée en 1974 sur la faisabilité d’un tunnel de 11 km sous l’Atlas, réduisant ainsi le trajet de 25 km avec une économie de temps de 40 minutes. Le projet serait réactualisé sur la base d’une enquête technique et financière, à l’initiative du département de l’Equipement de Ouarzazate en 1996. 10 ans plus tard, le conseil provincial de la même ville avait dépoussiéré le dossier du pojet. Un bureau d’étude avait été mobilisé à cet effet mais sans suite. D’autres études avaient suivi en  2002 et 2004 avant d’être remises dans les tiroirs du ministère de tutelle.

Il a fallu attendre l’accident d’autocar, le plus meurtrier de l’histoire du Maroc avec 42 morts survenu le  4 septembre 2012 après la chute d’un bus dans un ravin, pour que le dossier du tunnel soit remis sur la table.  Aziz Rebbah, ex-ministre de l'Equipement et du Transport, avait déclaré, suite à ce drame, dans une interview accordée à un magazine économique de la place, que son département était en train d'étudier la faisabilité du projet du tunnel de Tizi n'Tichka reliant Marrakech et Ouarzazate et qu'il était à la recherche de partenaires potentiels pour sa réalisation.  Il avait même annoncé qu’un appel à manifestation d'intérêt était fin prêt et que le futur tunnel devait être payant et adossé à un projet de ville verte ou de ville touristique, dont les études devraient esquisser le modèle.

Une véritable volte-face puisque le même ministre avait déclaré devant le Parlement, à  quelques semaines avant le drame, que le projet de tunnel n’était pas pour demain vu son coût élevé et  sa rentabilité non garantie. Rebbah avait expliqué que les premières estimations de ce projet devaient atteindre 10 milliards de DH pour un tronçon de 10 km. Ce qui représenterait le double du coût du projet d'autoroute El Jadida-Safi dont le montant total était estimé à 6 milliards de DH.

En attendant le fameux tunnel, le département de Rebbah avait opté pour l’aménagement de la route nationale n° 9, seul axe reliant Marrakech et les provinces de Ouarzazate, Zagora et Tinghir avec 2.260 m d’altitude au Col de Tichka.  Ce projet avait pour objectif  l’amélioration des caractéristiques géométriques de la route, l’élargissement et le renforcement de l’axe ainsi que la création d’une troisième voie pour les poids lourds au niveau des fortes pentes. Le projet se fixait également comme objectif la protection de la route contre les crues et la lutte contre les accidents de la route au niveau du tronçon reliant Tichka et Tadarte.

Pourtant, ce projet semble piétiner. Lancé en 2014 sur  une longueur de 177 km, seule une tranche sur huit a été achevée alors que deux sont en cours de réalisation et deux autres en phase d’étude. En gros, le taux d’avancement des travaux d'aménagement  n’a pas dépassé les 30% alors que le projet devrait prendre fin en 2020.

Pour la population du Sud-est, des vallées de Drâa, Dadès, Toudgha et Ziz, ce ne sont pas les études ou les fonds nécessaires qui manquent mais plutôt une véritable volonté politique et la détermination qui font défaut. Ils se demandent en quoi le tunnel de Tichka fera exception au moment où Italiens, Suisses, Français ou Islandais ont parfaitement réussi des challenges aussi difficiles que la construction du tunnel du Mont Blanc, du Fréjus , du Simplon ou du Hvalfjörður.

Evoquant le coût trop élevé du projet,  les habitants de la région pensent que les 10 milliards de DH prévus pour la construction du tunnel représentent à peine la moitié du budget du TGV Tanger-Casablanca initialement estimé à 20 milliards de dirhams avant que la direction de l’ONCF ne précise en juillet 2017 que le "coût actualisé du projet s’élèverait à 22,9 milliards de dirhams, soit une augmentation de 14,5%".

Le 29 Janvier 2018

Source Web : Libération

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