BALADE AU PAYS DU CUMIN ET DU HENNÉ
DANS LA RÉGION DE N’KOB, TAZZARINE, ALNIF
Situé dans la Région Drâa-Tafilalet au sud-est marocain, le territoire de N’Kob-Tazzarine-Alnif est particulièrement connu pour sa grande diversité de fossiles, mais aussi pour ses cultures de cumin et sa qualité de henné. La population y est essentiellement de culture amazighe et témoigne d’une solidarité très forte et d’une généreuse hospitalité. Son économie est basée sur l’immigration, le tourisme, l’agriculture, la fonction publique et libérale, avec une activité artisanale très développée, notamment autour du travail du tapis en laine de mouton. Grâce au climat et à une richesse exceptionnelle en sels minéraux, les produits agricoles du terroir sont aussi excellents, malgré un certain manque d’eau. Aujourd’hui, Simone Benhassi, notre Consultante en tourisme, vous emmène dans cette région désertique à la découverte des traditions ancestrales de culture du cumin et du henné.
LE BERCEAU DU CUMIN MAROCAIN
Bienvenue au village d’Alnif, au pied du massif du Jbel Saghro à 880m d’altitude. Vous voici au pays du cumin, cultivé dans les jardins des oasis aux côtés du blé dur, des amandes, des oranges et des figues. Originaire d’Asie, le cumin (Cuminum cyminum) est une plante herbacée de la famille des Apiacées (Ombellifères). À Alnif, une association a été créée avec l’aide de Slow Food, un mouvement international à but non lucratif qui œuvre à valoriser les saveurs et traditions locales de chaque terroir pour contrer la disparition des traditions alimentaires. Les experts de Slow Food ont travaillé avec les producteurs à l’installation de systèmes d’irrigation goutte à goutte et à la fabrication d’emballages appropriés. Ils les ont également formés et aidés à promouvoir le produit sur le marché local et international. Actuellement, 11 producteurs sont regroupés dans cette association.
LA CULTURE DU CUMIN À ALNIF
À Alnif, le cumin est semé en hiver, vers la fin janvier ; il a besoin de pluie et d’un terrain humide. La floraison de la plante, qui atteint 30 à 40 cm, se fait au bout de 2 à 3 mois. C’est pourquoi la récolte a lieu vers fin avril-début mai, avant que la plante ne soit trop mûre et ne perde la plupart de ses grains. De cette façon, elle garde aussi sa belle couleur vert brillant. Pour une récolte dans les règles de l’art, le cumin est coupé avec une faucille, puis les branches sont rassemblées et accrochées à l’ombre pour sécher, avant d’être battues pour faire sortir les graines. Les graines sont ensuite nettoyées plusieurs fois pour enlever les tiges et la poussière à l’aide d’un tamis tissé avec des feuilles de palmier. Habituellement, ce sont les femmes qui récoltent et travaillent le cumin, une épice qui a une place particulièrement importante en cuisine marocaine.
LE HENNÉ DE TAZZARINE ET N’KOB
Le henné de la région Tazzarine-N’Kob est réputé pour sa qualité. Cet arbuste épineux, de la famille des lythracées, est exploité dans les oasis semi-montagneuses du Jbel Saghro. L’irrigation des champs commence en mars et la récolte se fait de 2 à 3 fois par an, entre mai et fin octobre. Les plantes poussent à environ 20-30cm de hauteur avant d’être coupées entières avec une faucille. Ensuite, les plantes coupées sont séchées à l’ombre, puis les feuilles sèches sont enlevées des tiges et broyées au mortier. La poudre de henné obtenue, mélangée à de l’eau, est enfin prête à être utilisée dans divers cérémonials traditionnels. Tazzarine, la « capitale du henné » et la région produisent 2160 tonnes par an. Le Plan Maroc Vert a réservé un important programme à l’horizon 2020 et une place de choix au développement de la filière Produits du Terroir et plus particulièrement au Henné.
GÉOLOGIE, PALÉONTOLOGIE
La région d’Alnif est aussi une zone d’attraction géologique, paléontologique et minéralogique, et un site de gravures rupestres caractéristiques du Sud-Est marocain. Ces particularités font de cette région de l’Anti-Atlas oriental une zone de référence pour les scientifiques. Au niveau géologique, les affleurements, datant pour la plupart de l’ère primaire, sont riches en faune marine, soit en grande partie des Trilobites (arthropodes primitifs marins ayant vécu il y a de cela 542 à 245 millions d’années, ancêtres des crabes, cloportes et limules actuels), des Goniatites et des Orthoceras (mollusques primitifs du groupe des céphalopodes, ancêtres des nautiles et seiches actuels), et des Echinodermes marins (ancêtre des étoiles de mer et des oursins). Du nord au sud de la région d’Alnif, de nombreux gisements existent dans les flancs du Jbel Saghro, de Tiskaouine et d’Issoumour.
RICHESSES MINÉRALOGIQUES
Suite à leur genèse et du fait de leur âge, les couches lithologiques ont subi de longues métamorphoses par le contact, la pression et les températures élevées. Il en résulte une minéralisation très riche. Cette richesse est à la base de nombreux sites d’extractions minières dans la région. Elle concerne le fer, la barytine, le cuivre, l’or, l’argent, le cobalt, le plomb et le manganèse… Toutefois, la plupart des sites miniers, pour des raisons de faibles teneurs, sont en majorité en période d’arrêt. La présence de ces sites, des galeries et des dépôts d’extraction offre au visiteur la possibilité de trouver des pièces splendides d’azurite, de malachite, de quartz, de cuivre et de barytine. Votre collection, constituée de trouvailles individuelles ou complétée d’achats chez les commerçants locaux, représentera pour vous un souvenir inoubliable de cette région du monde.
ARCHÉOLOGIE ET GRAVURES RUPESTRES
La période paléolithique, dont témoignent des bifaces en quartzite et grès de l’ordovicien, est dispersée un peu partout. Le néolithique aussi, sous forme de basalte ou silex pour des haches, pointes de flèches et grattoirs. D’autres foyers archéologiques existent comme les ruines de Talmakhtart ou les ruines d’un vieux ksar juif situé à Achbarou, à 8km à l’est d’Alnif. Aït Ouaazik, près de Tazzarine, est un site de gravures rupestres unique en son genre. Les gravures de ce site sont réalisées dans une technique de style Tazina, caractérisée par une multitude de figurations d’animaux tels qu’éléphants, autruches, rhinocéros, girafes, équidés, buffles…, une faune typique des steppes de la région à l’époque des chasseurs, il y a environ 5000 ans av. JC. Des formes géométriques (spirales, cercles à rayon…), sont également visibles et représenteraient des pièges, selon les spécialistes.
VISITES ET COMMENTAIRES
Pour les visiteurs intéressés, Mohand Ihmadi, géologue, chercheur local et membre de l’Association Bougafer, propose des cours pour tous les passionnés d’histoire géologique du Maroc et de celle de la région d’Alnif en particulier. Il vous propose aussi diverses visites : d’un atelier de préparation de fossiles par des machines pneumatiques, d’un « Igherm », vieux village d’une centaine de maisons encore habité, de champs de henné et de cultures locales dans la palmeraie, de la flore sauvage. Dans son magasin façon musée au centre d’Alnif, nommé « Ihmadi Trilobites Center », Mohand vous fournira de bonnes explications de base sur la géologie, la paléontologie, la minéralogie et l’archéologie du pays, et vous fera découvrir des merveilles naturelles parmi les plus rares et grandioses du royaume. Contact Mohand Ihmadi : http://trilobitesihmadi.wordpress.com – Tél.: 06 66 22 15 93
Le 18 Décembre 2017
Source Web : Agadir Premiere
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