Anciens résistants: Comment le Maroc préserve sa mémoire
Mise en chantier du Centre de documentation historique
780 ouvrages édités en partenariat avec des universités
Rapatriement de milliers de pièces d’Espagne, de Russie…
L’objectif assigné aux espaces de mémoire est de diffuser auprès des jeunes le système de valeurs et de vertus véhiculées par le patrimoine historique. Cet effort semble vain puisque le Haut-commissariat n’est pas encore arrivé à attirer le grand public, particulièrement les jeunes (Ph. Bziouat)
«La valorisation de la mémoire historique et sa sauvegarde constituent, aujourd’hui plus que jamais, un levier pour l’éducation civique des générations montantes. Le but est de les impliquer dans le processus de développement durable et la marche pour l’édification d’un Maroc moderne et démocratique». Dans la bouche de Mustapha Ktiri, haut commissaire aux anciens résistants et anciens membres de l’armée de libération, la phrase ne relève pas de la rhétorique. Son dernier fait d’armes en la matière concerne l’ouverture du «Centre des documents historiques de la résistance et de la libération», par Abderrahman Youssoufi à l’occasion du 11 janvier dernier commémorant le manifeste de l’indépendance.
Le nombre de documents remis à ce centre est estimé à plus de 2 millions dont des photos, des microfilms,… Autant de documents portant sur la période entre 1880 à 1956 comme le dossier du Rif, l’armée française, les rapports relatifs aux partis, aux syndicats et à la presse nationale et internationale. A cela s’ajoutent les dossiers des Marocains qui ont participé à la Deuxième Guerre mondiale et à la guerre d’Indochine. Le Centre comprend également des documents relatifs à la période post-exil de feu Mohammed V et de la famille royale, la fin du protectorat…
Le haut commissaire cherche à ouvrir de nouvelles perspectives. «Depuis quelques années, nous sommes en train d’opérer des mutations qualitatives en transcendant les activités classiques de prise en charge et de soutien moral des anciens résistants pour nous inscrire dans le vaste champ d’exploitation de la mémoire historique nationale et en partage avec d’autres pays», souligne Ktiri. Selon lui, «une moisson abondante a été réalisée dans les domaines de la recherche scientifique sur les évènements historiques ayant marqué la marche du mouvement national de résistance, à la fois sur toute la période d’avant l’indépendance, et même remontant à la fin du XIX et au début du XXe siècle».
Les travaux de recherches menés conjointement avec des universitaires de tout bord ont permis de capitaliser un fonds important de publications, à raison de 20 à 25 ouvrages par an. Ainsi, 780 livres ont été édités. «Il y a lieu de noter que plusieurs thèses de doctorat soutenues ces dernières années ont été publiées sous les auspices du Haut-commissariat, devenu aujourd’hui une référence incontournable dans le domaine», note Mustapha Ktiri. Pour convaincre, il rappelle les nombreux travaux de recherches dans l’université marocaine et ailleurs, «se réfèrent au niveau bibliographique à ce palmarès de travaux et de publications de haute tenue académique».
Cet effort a pu être accompli grâce à la démarche poursuivie auprès du Centre de recherche historique qui détient un riche patrimoine documentaire sur l’histoire marocaine, notamment les services historiques de la défense en France où travaille une équipe de chercheurs dépêchés par le Haut-commissariat depuis 2008. Ils ont pu mener un travail de tri et de duplication de ces archives et documents historiques. Il y a aujourd’hui 2,648 millions de vues et de documents.
Cibler les jeunes
L’espace de mémoire historique de la résistance et de la libération, implanté sur tout le territoire national, compte actuellement 69 unités, réalisées sur un programme global prévoyant le double. L’objectif assigné à ces espaces consiste à diffuser la culture de la mémoire historique auprès des jeunes et leur inculquer le système de valeurs et de vertus véhiculées par notre patrimoine historique. L’idée est de contribuer à leur éducation civique et patriotique. Cependant, ces efforts ne semblent pas porter leurs fruits. Car, le Haut-commissariat n’est pas encore arrivé à attirer le grand public, surtout parmi les jeunes.
Mémoire du Nord
Le Haut-commissariat a pu obtenir et rapatrier 120.000 pièces documentaires numérisées, constituant un fonds appelé Varela, du nom de l’ancien résident général espagnol dans le Nord, qui était déposé à la bibliothèque municipale de Cadix. D’autres initiatives seront prises avec le même partenaire espagnol. S’y ajoutent des documents récupérés auprès du Centre d’archives de la Fédération de la Russie qui compte près de 2.500 pièces historiques portant sur la mémoire partagée. Actuellement, des démarches pour finaliser un ouvrage sur le Maroc-Vietnam sont en cours. Deux autres chantiers de prospection des archives et des documents historiques seront entrepris, l’un avec la Turquie, l’autre avec l’Egypte.
Le 27 Janvier 2017
SOURCE WEB Par L’économiste
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