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Opération « 1 million de cartables »: Les libraires boycottent

Opération « 1 million de cartables »: Les libraires boycottent

Cette année, les libraires risquent de boycotter l’opération « 1 million de cartables » qui a été lancée en 2008 par SM Mohamed VI, afin de fournir les affaires nécessaires à l’éducation des plus démunis, dans les campagnes surtout, mais aussi en ville.

Le financement depuis le début est issu en partie du sponsoring, l’INDH a participé au financement de cette initiative à hauteur de 20 millions de dirhams en 2008 sur un total de 228 millions, mais la gestion relève d’autres départements.

Le ministère de l’Intérieur centralise au niveau des wilayas la supervision de l’opération, mais ce sont les délégations du ministère de l’Éducation nationale qui s’en occupent au niveau des écoles. En 2012, cette opération a été décentralisée et ce fut désormais aux directeurs d’écoles de gérer l’opération, l’académie leur fournissait des chèques pour régler les dépenses.

Au niveau urbain, il y a une répartition des librairies selon les établissements et le quartier. Les rentrées scolaires 2012 et 2013 ont connu une grosse participation de celles-ci, mais la désillusion ne s’est pas fait attendre, à cause des défauts de payements. La plupart des grandes librairies ne se sont plus jointes au programme depuis. Selon le témoignage de certains libraires à Rabat (3ème millénaire, Librairie papeterie Agdal, et Alarabia) le payement ne se faisait pas dans les temps, ainsi ils ne recevaient que 30% du payement 4 mois après la livraison, et le reste un an et plusieurs allées et venues plus tard. Ceci causait des problèmes de taille avec les fournisseurs et les distributeurs, ajouter à cela le coût du transport et la marge de bénéfice très réduite. Parmi les conséquences concrètes, la faillite de plusieurs petites librairies qui s’étaient endettées et n’avaient pas pu rembourser à temps.

Dans les campagnes, une autre politique est appliquée vu la quasi absence de détaillants à ces endroits. L’académie régionale lance un appel d’offres à toutes les librairies, et accepte ainsi les meilleures offres. Les gagnants sont tout naturellement les grossistes qui peuvent casser les prix.

Le 14 avril 2016, le syndicat des libraires a manifesté et les libraires participant à l’initiative royale, qui sont au nombre de 4000, ont décidé d’organiser un sit-in, devant le siège du ministère de l’Éducation nationale et de la Formation professionnelle.

Cette décision a été convenue avec la Coordination nationale des libraires du Maroc, suite à une réunion le 27 mars dernier, à Bouknadel, axée particulièrement sur le retard dans le règlement de leurs chèques.

Selon la Coordination, une grande partie des libraires, piégés dans une situation financière intenable, sont poursuivis par les éditeurs et les imprimeurs. Certains risquent même la prison, le retard de paiement a poussé quelques-uns à vendre leurs biens pour rembourser les créanciers qui les menacent, car les retards de paiement impactent toute la chaîne : libraires, éditeurs et imprimeurs. Selon l’observatoire Inforisk, au-delà de 30 jours de retard, le risque de défaillance d’entreprise est multiplié par 6.

L’opération qui cible cette année près de 3,9 millions d’élèves va être compromise si l’Éducation nationale ne leur règle pas la totalité des 400 millions en dirhams dus. Au cours d’une réunion organisée la semaine dernière entre la Coordination nationale des libraires du Maroc et le bureau de l’Association marocaine des éditeurs, on a assuré «qu’ils étaient prêts à participer au programme, à condition que la totalité de la créance soit payée par le ministère de l’Education Nationale avant la rentrée scolaire». Les académies régionales cumulent, selon la Cour des comptes, 7,6 milliards de dirhams d’impayés fin 2015.  Cette menace de boycott a déjà eu lieu auparavant, car, dès le début de l’année, les libraires sont sous pression de leurs fournisseurs, d’autant plus que le nombre de bénéficiaires augmente d’année en année.

Certes, le nombre d’enfants déscolarisés diminue dans les chiffres, mais l’opération quoiqu’elle soit dotée cette année d’une enveloppe budgétaire proche de celle de 2014 qui était de 2,113 milliard de dirhams, dont 778 MDH consacrés au programme Tayssir qui apporte un soutien financier direct aux familles des élèves, 34 MDH au transport scolaire et 941 MDH à la restauration et aux internats, souffre de paralysie au niveau du payement.

L’opération a profité, l’année dernière, à des élèves dont 63% vivent en milieu rural, à 85% inscrits en cycle primaire et 15% en cycle secondaire collégial pour un coût d’environ 360 millions de DH. Dans le même sillage, quelque 1.100.000 élèves (majoritairement de première année du primaire) ont bénéficié de kits complets consistant en des cartables, des manuels et des fournitures scolaires. Les autres ne bénéficient que des manuels.

Elle a été soutenue par le ministère de l’Intérieur qui y a participé à hauteur de 40 MDH, par l’Initiative nationale pour le développement humain (INDH), l’Office chérifien des phosphates (15 MDH), le Groupe Al Omrane (7,5 MDH), et la Fondation Mohammed VI de Promotion des Oeuvres Sociales de l’Education et de la Formation dont la contribution s’élève à 5 MDH.

Ont participé également au financement de cette initiative le Crédit Agricole (5 MDH) et la Caisse de Dépôt et de Gestion avec 5 MDH, ainsi que le ministère du Développement social, de la Solidarité et de la Famille (0,5 MDH).

Le Fonds d’appui à la cohésion sociale avait fourni 200 millions de dirhams à ce programme en 2014 et 100 millions de dirhams en 2015. Le sponsoring sur lequel s’appuie cette initiative fait également défaut.

Le 02 Juillet 2016
SOURCE WEB Par L’opinion

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