Quand le ministre de l’Education manifestait devant le lycée français de Rabat
Saïd Amzazi, nouveau ministre de l’Education nationale. AIC PRESS
Saïd Amzazi, tout juste propulsé à la tête du ministère de l’Education, militait avec ferveur, en sa qualité de parent d’élèves, contre les frais de scolarité excessifs des écoles françaises au Maroc, alors qu’il était doyen de la faculté des sciences de Rabat. Sa nomination coïncide pourtant avec la brèche décidée dans la gratuité de l’école publique…
A peine nommé par le roi Mohammed VI dans ses nouvelles fonctions de ministre de l’Éducation nationale, de la Formation professionnelle, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Saïd Amzazi a été chahuté sur Twitter pour son obséquiosité face au monarque et pour le tweet inaugural qui lui est attribué, entaché d’une vilaine coquille, marquant, s’il s’avère en être en effet l’auteur, son arrivée tonitruante dans l’arène des réseaux sociaux … Un bizutage devenu rituel pour les nouveaux entrants au gouvernement, dont les faits et gestes sont scrutés, qui pouvait jusqu’ici rester sans lendemain…
Mais c’était sans compter la révélation d’un aspect du passé récent du professeur Amzazi, cumulard de plusieurs postes académiques jusqu’à prendre la tête, il y a à peine trois ans, de l’Université Mohammed V de Rabat, qui écorne irrémédiablement son statut de réformateur de l’enseignement fraichement acquis.
L’alerte est venue d’un twitto qui a levé le lièvre sur ce qui est à l’évidence une erreur de casting. Celui dont la presse a vite fait de tresser les lauriers, remplaçant accidentel de Mohamed Hassad, – viré sans ménagement de la tête de ce ministère aussi problématique que déterminant pour l’avenir du pays suite au « séisme politique » consécutif de la crise rifaine -, a été un fervent activiste de l’UCPE, une association des parents d’élèves inscrits dans les établissements scolaires français du Maroc. Son crédo, combattre la hausse des frais de scolarité de ce cursus réservé aux élites.
« De 2009 à 2012 il y a eu pratiquement 40 % d’augmentation. A partir de cette année on est toujours dans cette spirale et cette logique d’augmentation des frais de scolarité. D’ici 6 ans on sera au-delà de 70 % », avait déclaré, Saïd Amzazi à l’AFP en avril 2012, alors qu’il manifestait lors d’un rassemblement devant le lycée Descartes de Rabat, dépendant de l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger (AEFE).
Le futur ministre de l'Education nationale manifestant lors d'un rassemblement devant le lycée français Descartes de Rabat en 2012. AIC PRESS
« Aujourd’hui, j’ai trois enfants, une au primaire, une au collège, une au lycée, je paye aujourd’hui 3 000 euros par trimestre, pratiquement 9 000 euros par an », s’était plaint le futur ministre de l’Education nationale, alors qu’il était à cette époque le doyen de la faculté des sciences de Rabat, et parallèlement le vice-président de l’UCPE pour le lycée Descartes.
La coalition des parents d’élèves inscrits dans les écoles françaises fustigeait ainsi le fait d’être « pris en otage » dans un système « très différent » des programmes de l’éducation nationale du Maroc. « On ne peut plus faire marche arrière », affirmait ainsi une parente d’élève qui avait pris la parole au micro de l’AFP, aux côtés d’Amzazi.
« Une schizophrénie inquiétante pour celui qui devra mener la difficile réforme de l’école publique », estime affolé un professeur d’université qui rappelle que le même Amzazi, qui participait au piquet de protestation devant un établissement français parce qu’il estimait que les frais appliqués à la scolarisation de ses trois filles étaient excessifs, devait imposer quelques temps plus tard, en sa qualité de président de l’Université Mohammed V de Rabat, des frais exorbitants à des étudiants au motif qu’ils avaient décroché un emploi. « Une exigence inéquitable sachant que d’ autres universités publiques du royaume n’imposent pas cette taxation aussi indue que discrétionnaire », s’indigne l’enseignant.
Ultra libéral quand il s’agissait des étudiants de son université d’Etat, militant acharné en défense de ses intérêts privés dans la filière française, le nouveau ministre de l’Education nationale a été nommé par le roi lors du même Conseil des ministres qui a entériné une loi qui met fin au sacro-saint principe de la gratuité de l’enseignement public au Maroc.
Le 26 Janvier 2018
Source Web : Le Desk
Les tags en relation
Les articles en relation
#MAROC_ETABLISSEMENTS_FORMATIONS_TOURISTIQUES: Grogne chez les établissements publics de formation
nous nous interrogerions sur les incidences à venir à la suite de la décision du ministère du Tourisme de se « délaisser » de ses établissements de form...
Scandale à l’Education nationale : Jettou tire la sonnette d’alarme avant de terminer l’enqu�
Acquisition de matériel défectueux, attestations de réception de matériels fictifs… le constat sans appel de la Cour des comptes L’école publique es...
#MAROC_L_informel_qui_tue
On peut, quand on veut, empêcher l’informel de prospérer et surtout de provoquer des accidents mortels. Ce n’est pas la première fois que des citoyens...
Maroc: la date des prochaines vacances scolaires
Les cadres de l’Education nationale, les élèves et les étudiants auront droit aux premières vacances de l’année 2021-2022 en octobre courant. D’ap...
Education non formelle: L’école de la deuxième chance veut attirer 70.000 bénéficiaires en 201
A la fin de l’année scolaire 2015-2016, le programme de l’Ecole de la deuxième chance a permis la réinsertion de 10.620 élèves dont 6.818 ont pu poursu...
Contractuels: Le ministère d’Amzazi rencontre ce mercredi les syndicats
Le ministère de l’Éducation nationale, de la Formation professionnelle, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique annonce pour demain, ...
Formation professionnelle Ouverture des candidatures pour l’obtention de bourses
Les bacheliers souhaitant obtenir une bourse pour poursuivre leurs études dans un institut de formation professionnelle au Maroc peuvent tenter leurs chances d...
Polytechnique signe des partenariats en énergies renouvelables avec des écoles marocaines
Le directeur de l'école française Polytechnique (l'X), François Bouchet, est actuellement en visite au Maroc pour signer des accords de coopération ...
Commission des investissements : 26 projets approuvés pour une enveloppe de 28,5 milliards de DH
La Commission des Investissements n°87, réunie vendredi à Rabat sous la présidence du Chef du Gouvernement, Aziz Akhannouch, a approuvé 26 projets d'in...
L'enseignement de la philosophie sera généralisé à tous les cycles du baccalauréat professionne
Dans une note adressée, le 27 juillet, aux directeurs des Académies régionales de l’Education et de la formation, le ministère de l’Education nationale,...
La Fondation Mohammed VI présente ses chantiers
Facilitation d’accès à la propriété, à la santé, l’appui à l’éducation des enfants de ses adhérents… En matière d’éducation et de format...