Décharges contrôlées La difficile gestion des odeurs
Ce problème de relents putrides est fatalement lié aux types de déchets
Pas d’amélioration possible tant qu’il n’y aura pas de centre de traitement
Des actions menées pour atténuer l’effet de ce problème au niveau de la décharge d’Oum Azza
Pour Said Zniber, directeur des exploitations au groupe Pizzorno, la publication des textes réglementant la vente de l’électricité produite par les CEV est fortement attendue pour pouvoir transformer le biogaz en énergie (Ph. NEA)
- L’Economiste: Votre gestion de la décharge contrôlée d’Oum Azza suscite de nombreuses critiques notamment au niveau des odeurs nauséabondes qui s’en dégagent. Qu’y répondez-vous?
- Said Zniber: Le problème des odeurs est fatalement lié aux déchets, difficile donc de traiter ces derniers dans un environnement avec un odorat agréable. Pour ce problème, l’autorité délégante et le client avancent des nuisances environnementales. Mais actuellement il n’existe pas de loi au Maroc qui permet de mesurer cette nuisance au niveau des odeurs. Certes, il y a l’impact de la décharge, mais il existe d’autres sources pouvant contribuer à cette nuisance.
- A quelles autres sources faites-vous allusion?
- Il s’agit fort probablement des fermes d’élevage de poulet situées autour de notre site. La commune d’Ain Ouda proche de celle d’Oum Azza, n’est pas dotée de réseau d’assainissement liquide. Nous avons mené une enquête pour identifier notre part de nuisances. Les résultats ont confirmé que le degré de l’implication de la décharge reste très faible. Des actions sont menées pour atténuer l’effet de ces nuisances tout en rappelant que cela ne mettra pas un terme à ce problème qui relève de la nature du métier du traitement des déchets.
- Pourquoi ce problème n’est-il pas posé dans les pays occidentaux?
- La nature des déchets dans ces pays diffère largement des nôtres qui sont dominés par des matières organiques issues notamment des produits alimentaires. Dans les pays occidentaux, il est interdit de construire autour des décharges sur un rayon de 5 km, ce qui n’est pas le cas pour notre site à Oum Azza. Toutefois, il faut préciser que nous sommes sensibles à ce problème de nuisances et des actions sont menées en vue de réduire de son ampleur.
- Quel type d’action pourrait en venir à bout?
- Notre stratégie est d’attaquer l’origine des odeurs. La première source sont évidemment les déchets frais arrivant à la décharge dont le volume avoisine 1.800 tonnes par jour. Un volume de plus en plus important qui rend difficile leur traitement. Parmi les actions menées, la réduction de la surface d’exploitation. Le dépassement de cette surface va favoriser l’amplification de la nuisance des odeurs. Il faut aussi s’attaquer aux déchets frais lorsqu’ils passent par le centre de tri, cela en procédant à la fermeture de deux portes du hall de réception des déchets avec l’utilisation de produits pour atténuer les odeurs. Les bassins de décantation du lixiviat constituent également une source de production des odeurs. Nous les couvrons avec des films permettant de réduire le dégagement des odeurs.
- Et pour le problème d’infiltration du lixiviat dans le sol?
- La gestion de notre décharge ne constitue pas une source de contamination des sols de la région. Il s’agit d’un problème accidentel qui remonte à il y a près de 4 ans où une partie de la membrane de géotextile d’une alvéole a été endommagée accidentellement par un engin. Ce qui a entraîné une infiltration limitée du lixiviat qui était la cause de la contamination temporaire d’un puits d’un tiers proche de la décharge. Le problème a été traité définitivement à l’époque, et des analyses sont effectuées périodiquement confirmant l’absence d’une contamination du sol et du puits en question.
- On vous reproche le retard dans le programme d’investissement comme prévu dans la convention. Qu’est-ce qui en est à l’origine?
- Globalement, nous avons engagé jusqu’à présent plus de fonds que prévu. Nous venons aussi de réceptionner notre deuxième chaîne de tri pour un montant de 14 millions de DH qui va permettre de traiter 600 tonnes de déchets en plus des 400 tonnes déjà traitées actuellement. La première chaîne est exploitée par l’association Ataouafouk composée de 160 personnes et dont l’activité dégage un chiffre d’affaires d’environ 4 millions de DH par an.
- Il se raconte que vous gonflez le tonnage à traiter en dissimulant des gravats à la place des déchets ménagers...
- Il y a des ponts-bascules à l’entrée de la décharge et de celles des centres de transfert. Donc, d’où viendrait ce tonnage fictif? Notre tâche est de traiter les déchets que nous apportent les centres de tri. Nous sommes des récepteurs et non des collecteurs de déchets. S’il y a des charges fictives, la responsabilité leur incombe!
Vendre son électricité
Après le tri, on passe à un autre stade de valorisation avancée qui consiste à la transformation du gaz dégagé par les déchets en énergie. Pour ce faire, Pizzorno a procédé l’année dernière à l’acquisition d’une torchère pour un investissement de 6 millions DH, rappelle Zniber. Pour passer à la phase opérationnelle de ce projet, on attend la publication des textes pour encadrer l’opération de vente de l’électricité produite.
Le 27 Avril 2016
SOURCE WEB Par L’économiste
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