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Comment le commerce extérieur du Maroc a changé en 15 ans

Comment le commerce extérieur du Maroc a changé en 15 ans

L’analyse rétrospective des échanges extérieurs marocains depuis 15 ans fait ressortir une fuite en avant des importations, mais aussi la percée de nouveaux secteurs exportateurs.
Le tableau de bord des indicateurs macro-économiques publiés ces derniers jours par le ministère de l’Economie revient sur 15 ans d’évolution des grands agrégats macro-économiques, notamment commerciaux, en comparant deux périodes : 2000-2007 et 2008-2014.
Au niveau du commerce extérieur, ces deux périodes d’observation font sens, puisqu’elles correspondent à deux virages des politiques économiques: l’ouverture au commerce extérieur à partir de 2000 et les plans industriels et agricoles à partir de 2008.
Que nous disent ces agrégats? Certes, les exportations se sophistiquent depuis 2000. Figurent au panier des exportations moins de produits alimentaires, plus de produits d’équipement et surtout des demi-produits (l’essentiel provenant du phosphate et des engrais), mais les importations ont fui en avant, plombées en grande partie par la facture énergétique, creusant dramatiquement la balance commerciale.
Le Maroc peine à passer d’un modèle de croissance soutenu par la consommation intérieure, et dont les capacités de production sont déficitaires, à un modèle industriel, producteur excédentaire de produits à grande valeur ajoutée. Ce constat a été mis en lumière à partir des années 2000, où le Maroc entre dans une phase d’ouverture aux marchés internationaux.
Le démantèlement tarifaire a mis à nu une industrie nationale, insuffisamment développée pour faire face à la concurrence internationale et couvrir les besoins de consommation nationale.
2008 marque le début des grands plans agricoles et industriels, visant à rendre plus compétitive la production marocaine sur les marchés étrangers, avec le lancement du Plan Maroc Vert en 2008 et le Plan Emergence en 2009.
Si ces politiques structurantes ont permis de faire émerger certaines industries exportatrices, notamment dans l’équipement, elles n’ont pas permis de sauver les secteurs en perte de compétitivité, le textile et l’alimentaire.
Les importations plombées par la facture énergétique
La facture énergétique en part des exportations représente 32% des exportations entre 2000 et 2007. Cette part grimpe à la moitié des exportations entre 2008 et 2014. La facture énergétique grimpe plus rapidement que la croissance économique. Alors qu’elle représentait 6% du PIB entre 2000 et 2007 elle passe à 10,4% entre 2008 et 2014.
La structure des importations par produit montre que les importations de biens finis de consommation et d’équipement suivent une tendance baissière depuis 1990. C’est entre 2000 et 2014 que la décélération a été la plus forte pour les biens de consommation (de 9,1% de croissance annuelle moyenne en 2000-07 à 5,1% en 2008-14), comme pour les biens d’équipement (de 9,1% entre 2000-07 à 5,4% en moyenne en 2008-14).
L’importation de produits semi-finis décélère également au cours de la 2e moitié de la quinzaine d’années observée - décélérant plus vite que le rythme des importations - passant de 13,4% à 4,6%.
Toutefois, on n’observe pas de réduction des importations. Chaque secteur importe à un rythme croissant (hors produits d’équipement agricole) pour permettre de couvrir les besoins de consommation intérieure.
La percée des biens d’équipement à l’exportation
Du côté des exportations, on voit s’opérer une accélération des ventes de biens finis d’équipement, et des biens de consommation entre 2008 et 2014 par rapport à la période précédente. Il faut y voir là un effet de base défavorable pour la période 2000-2007 où les exportations de ces deux catégories de biens avaient fortement décéléré par rapport aux années 1990.
Parmi les biens de consommation finale, on observe une baisse significative des exportations textiles, entamée en 2000 et qui s’accélère à partir de 2008. En 2012 et 2014, l’exportation de biens de consommation repart à une cadence accélérée avec des taux de croissance de 18 et 21% respectivement.
Dans le panier des biens exportés, la part des produits bruts demeure stable, autour de 10 et 12% depuis 1990. Les phosphates comptent pour moitié de ces exportations. Les biens de consommation (de 34% à 24%) ont décliné au profit des biens semi-finis (de 25 à 27,5%) et surtout des biens d’équipement (de 8,3 à 15,1%) entre les périodes 2000-07 et 2008-14.
En effet, certains produits d’équipement ont fait une percée sur les marchés étrangers: le câblage (la moitié des exportations d’équipement industriel), mais également les équipements aéronautiques et les voitures industrielles. On peut y voir le résultat d’une stratégie industrielle lancée en 2009 - entamée avec le Plan Emergence et poursuivie par le Plan d’accélération industrielle- qui mise sur l’amont des filières automobile et l’aéronautique.
Toutefois, les exportations demeurent peu diversifiées, largement dépendantes de certaines recettes, en premier lieu celles liées au phosphate.
On observe que la part des recettes d’OCP dans les exportations n’a fait qu’accélérer au cours de la quinzaine d’année passée. De 16% en moyenne entre 2000 et 2007, elle est passée à 23,7% entre 2008 et 2014 avec un pic à 33% en 2008 au moment de la transformation d’établissement public en société anonyme. Cette dépendance au secteur phosphatier fragilise la balance commerciale marocaine, et met en danger la capacité du pays à couvrir ses besoins d’importation.
La production intérieure ne se substitue pas encore aux importations
La meilleure approche pour étudier l’évolution du commerce extérieur demeure celle des taux de couverture. En effet, une hausse des exportations peut signifier que la production augmente et se diversifie, mais pas nécessairement que le pays s’oriente vers une substitution des importations à la production nationale.
Ainsi, on observe depuis 1990 une dégradation progressive de la balance commerciale globale qui passe de 67% entre 1990-1999 à 56,4% entre 2000 et 2007 puis à 48,4% entre 2008 et 2014. Cette dégradation concerne tous types de biens hormis les biens d’équipement. L’évolution la plus dramatique concerne les biens alimentaires et les biens de consommation. Alors que leur balance était largement excédentaire dans les années 1990 (autour de 130%), elle est passée à respectivement 117 et 91% en 2000-2007 puis à 84 et 68% en 2008-2014.
En dépit du Plan Maroc Vert, axé sur l’exportation de produits à haute valeur ajoutée, la balance agricole a perdu plus de 20 points et la part du blé dans les importations a à peine évolué entre ces deux périodes. Entre 2000 et 2007, elle était de 3,4%. Entre 2008 et 2014, elle affiche une légère baisse à 2,9%.
En réalité, le Maroc s’est engagé à partir des années 2000 dans une cadence de consommation très élevée, tirant certes la production et les exportations à la hausse, mais également et en premier lieu les importations, au prix et à la qualité plus compétitifs, pénalisant ainsi la croissance effective.
L’année 2014 fait figure d’exception, puisqu’on observe un redressement de la balance commerciale, à la faveur notamment des biens de consommation. Ce rééquilibrage est le fruit d’une baisse des prix énergétiques et d’une amélioration du pouvoir d’achat lié aux bonnes récoltes.
Ce mouvement sera-t-il pérennisé par un gain en compétitivité de la production marocaine? Les mutations observées dans l’équipement permettront-elles au Maroc d’opérer une remontée de filières et exporter plus de produits finis? Ce pari ne sera réussi qu’à la condition d’une réduction du coût des intrants - l’énergie avant tout - et une orientation de la demande intérieure vers les produits nationaux.

28 Mai 2015
SOURCE WEB Par Medias24

Tags : percée de nouveaux secteurs exportateurs - fuite en avant des importations- deux virages des politiques économiques pour le Maroc,  l’ouverture au commerce extérieur à partir de 2000 et les plans industriels et agricoles à partir de 2008- Le Maroc peine à passer d’un modèle de croissance soutenu par la consommation intérieure à un modèle industriel-2008 marque le début des grands plans agricoles et industriels, visant à rendre plus compétitive la production marocaine sur les marchés étrangers, avec le lancement du Plan Maroc Vert en 2008 et le Plan Emergence en 2009- La facture énergétique en part des exportations représente 32% des exportations entre 2000 et 2007, cette part grimpe à 50% des exportations entre 2008 et 2014- La facture énergétique qui représentait 6% du PIB entre 2000 et 2007 passe à 10,4% entre 2008 et 2014- on n’observe pas de réduction des importations- résultat d’une stratégie industrielle lancée en 2009 entamée avec le Plan Emergence et poursuivie par le Plan d’accélération industrielle-

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