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Le gouvernement face au diagnostic sans complaisance de la BAD Banque africaine de développement Éducation, justice, croissance, emploi

Le gouvernement face au diagnostic sans complaisance de la BAD  Banque africaine de développement      Éducation, justice, croissance, emploi

Vue de la conférence de presse organisée mercredi dernier à Rabat.
Réalisée par la Banque africaine de développement (BAD) à la demande du Maroc en prévision du lancement du deuxième programme américain du Millennium Challenge Corporation (MCC), l’étude portant sur le «diagnostic de croissance» épingle le système d’enseignement et de formation ainsi que le système juridique qualifié de lent.
«Le diagnostic de croissance Maroc-BAD-MCC» permettra de tracer une feuille de route claire des domaines prioritaires dans lesquels l’appui du Millenium Challenge Corporation pourrait être concentré dans le cadre du deuxième compact (2016-2021). Les résultats de cette étude qui viennent d’être rendus publics devant une salle archicomble, le mercredi en fin d’après-midi, seront aussi intégrés dans la stratégie d’intervention de la BAD au Maroc afin de mieux cibler les investissements et les programmes d’assistance technique.
Le tableau dressé par les experts n’est pas rose. Malgré les progrès réalisés, les défis en matière de développement restent importants. À ce titre, le Chef de gouvernement, Abdelilah Benkirane, reconnait que le chemin reste encore long pour atteindre le niveau de développement escompté, rappelant les efforts déployés par son équipe gouvernementale pour redresser les équilibres macro-économiques, améliorer le climat des affaires et renforcer la justice sociale. Les réformes – saluées par le président de la BAD Donald Kaberuka – ont été parfois douloureuses. Mais, selon le Chef de l’exécutif, «il ne sert à rien d’être au gouvernement si on ne prend pas de risque». À l’heure actuelle, le gouvernement est appelé à analyser minutieusement les principales conclusions de l’étude réalisée par la BAD pour les intégrer dans les différentes stratégies. Trois grands paradoxes du modèle économique marocain sont relevés.
Le premier concerne les taux d’investissements qui sont des plus élevés au monde (31,7% du PIB en 2012), mais pour autant le taux de croissance reste plutôt moyen. L’étude note que ce paradoxe s’explique par le fait que l’augmentation de la productivité globale des facteurs a été très faible dans presque toutes les branches et que les retombées en matière de création d’emplois qualifiés et d’innovation sont peu importantes. Le second paradoxe tient à l’absence de transformation structurelle de l’économie, sa faible industrialisation et le fait que le capital capte une part prépondérante de la valeur ajoutée (76,8%). Finalement, le secteur privé est faiblement dynamique et manque d’entreprises de petite et moyenne taille ; composante du secteur privé qui tend à présenter la plus grande innovation dans d'autres pays. Deux familles de contraintes majeures à la croissance tirée par le secteur privé sont relevées par l’étude. Sans surprise, le premier frein concerne le système d’enseignement et de formation qui constitue «le maillon faible dans le développement du capital humain au Maroc». L’étude fait ressortir que les taux de scolarisation dans le secondaire et le supérieur restent faibles.
La durée moyenne de scolarisation est inférieure à la moyenne des pays ayant le même niveau de revenu. De cette situation découle une main-d’œuvre maîtrisant mal les compétences générales et spécifiques, comme le soulignent de nombreux acteurs du secteur privé. La deuxième famille de contraintes est relative aux risques microéconomiques : un système judiciaire lent, une distorsion au niveau du système fiscal, un accès difficile au foncier et une réglementation du marché du travail contraignante. Outre ces deux obstacles, l’analyse fait ressortir l’existence de défaillances du marché en matière d’innovation et de coordination. L’analyse a également mis l’accent sur la nécessité d’améliorer l’accès aux différents services sanitaires et aux infrastructures dans les zones rurales et enclavées et d’améliorer la gestion des ressources rares (eau et énergie). En dépit des freins à la croissance, l’ambassadeur des États-Unis au Maroc, Dwight L. Bush, se dit optimiste sur les perspectives de partenariat bilatéral réitérant l'engagement de son pays à soutenir les initiatives engagées par le Royaume pour la promotion de l'emploi et l’amélioration de la croissance.


26 février 2015 - 18h55
SOURCE WEB Par   Jihane Gattioui, LE MATIN

Tags : Millennium Challenge Corporation (MCC)- lancement du deuxième programme américain du Millennium Challenge Corporation- domaines prioritaires dans lesquels l’appui du Millenium Challenge Corporation pourrait être concentré dans le cadre du deuxième compact (2016-2021)- le Chef de gouvernement, Abdelilah Benkirane, reconnait que le chemin reste encore long- Trois grands paradoxes du modèle économique marocain sont relevés- le secteur privé est faiblement dynamique et manque d’entreprises de petite et moyenne taille- La durée moyenne de scolarisation est inférieure à la moyenne des pays ayant le même niveau de revenu-La deuxième famille de contraintes est relative aux risques mic-roéconomiques : un système judiciaire lent, une distorsion au niveau du système fiscal, un accès difficile au foncier et une réglementation du marché du travail contraignante. Outre ces deux obstacles, l’analyse fait ressortir l’existence de défaillances du marché en matière d’innovation et de coordination-