FATIMA MAROUAN AU CLUB DE L’ECONOMISTE AU CHEVET DU PATRIMOINE IMMATÉRIEL
UNE STRATÉGIE DE PRÉSERVATION DES MÉTIERS EN VOIE DE DISPARITION
NOUVELLE LOI POUR INTRODUIRE LA LOGIQUE DE LA PERFORMANCE DANS LE SECTEUR
LE POST-2015 DÉDIÉ À L’ARTISANAT UTILITAIRE ET DE SERVICE
Fatima Marouan, ministre de l’Artisanat et de l’Economie sociale et solidaire, veut capitaliser sur l’expérience de la Vision 2015 pour mettre en place une nouvelle stratégie dédiée aux autres filières de l’artisanat, notamment utilitaire et de service
- L’Economiste: Vous venez de présenter au Parlement un projet de loi sur les signes distinctifs. Quel est l’apport de ce texte?
- Fatima Marouan: Cette loi vient compléter et renforcer l’action du ministère en matière d’amélioration de la qualité, de protection, de préservation et de développement de l’artisanat. Elle consolide les acquis accumulés en la matière, notamment l’arsenal normatif du secteur avec 203 normes. L’artisanat marocain est sujet à une concurrence accrue, aussi bien au niveau national qu’international par la mise sur le marché de produits similaires, en utilisant des appellations marocaines. Cette loi permettra d’inscrire toutes les appellations de l’artisanat marocain dans un registre national, ainsi qu’un dépôt au niveau de l’Ompic.
- Qu’est-ce qui a été fait pour sauvegarder les métiers en voie de disparition?
- Il s’agit de l’un des aspects de la préservation de notre patrimoine national immatériel, symbole de nos références identitaires et culturelles. C’est dire l’importance que nous accordons à la sauvegarde de nos métiers en voie de disparition. Nous avons d’emblée opté pour une approche réaliste et inclusive. Nous avons d’abord procédé à un inventaire des métiers menacés de disparition avant de choisir le dispositif de préservation approprié à mettre en place et l’appliquer à l’ensemble des métiers inventoriés. A ce jour, et sur 40 métiers identifiés, 18 ont été transcrits et numérisés et des modules de formation spécifique ont été développés pour assurer leur transmission. Ce programme, axé sur les nouvelles technologies, a permis l’instauration des premiers jalons d’un processus de formation à distance, à travers un site web dédié à la préservation des métiers.
- Une nouvelle loi sur les coopératives a été adoptée. Qu’apportera-t-elle au secteur?
- Elle a simplifié la procédure de création. Désormais, ce genre de structures peut être créé en une semaine. Cette réglementation permettra aussi de moderniser les instances de gestion des coopératives. Elle vise aussi le renforcement de la transparence et la promotion de la bonne gouvernance par l’institution d’un registre national et des registres locaux d’immatriculation des coopératives, de transcription des événements importants de leur évolution, en vue de les crédibiliser à l’égard des tiers. On peut dire que cette nouvelle réglementation va encourager la création de nouvelles coopératives et une bonne gouvernance des entités déjà existantes.
- Vous avez préparé un projet de loi sur l’organisation des métiers d’artisanat. Quelle est votre vision pour la mise à niveau de ce secteur?
- Ce projet de loi ambitionne d’engendrer un certain nombre d’impacts positifs pour le devenir du secteur. Chacune de ses composantes répond à des impératifs qui lui sont propres. La définition proposée a pour objectif de préciser au mieux les domaines d’activité de l’artisanat par rapport aux autres secteurs productifs. Elle permettra d’affiner davantage les données socio-économiques et démographiques propres au secteur et dégager de ce fait son vrai poids économique et social. L’idée est aussi de reconnaître et protéger les statuts des artisans, de créer une aspiration à la performance et à l’évolution professionnelle. Les conditions d’exercice des activités, telles qu’elles sont arrêtées par ce projet, sont de nature à préserver la santé et la sécurité des consommateurs de l’artisanat. Cela se fera à travers l’interdiction de la fabrication des produits et services par des personnes ne disposant pas de qualifications professionnelles nécessaires.
- A un an de l’échéance de la Vision 2015, comment vous envisagez la phase post-stratégie?
- L’approche à adopter dans le futur devrait prendre en considération plusieurs éléments. D’abord, la Vision 2015 ne s’est principalement consacrée qu’à un sous-secteur qui est celui de l’artisanat à fort contenu culturel, qui concerne uniquement 17% de l’emploi total du secteur. Nous sommes aujourd’hui préparés à capitaliser sur nos acquis, à tirer profit de notre expérience, afin de mettre en place une vision future intégrant toutes les composantes et tous les acteurs. Il s’agit aussi bien de l’artisanat à fort contenu culturel, utilitaire ou de service, ainsi que l’économie sociale et solidaire, vaste champ plein de promesses.
26 Janvier 2015
SOURCE WEB Par Mohamed Ali MRABI L’ECONOMISTE
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