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Le gouvernement ne compte pas renoncer au système d’indexation malgré l'impact sur le pouvoir d'achat

Le gouvernement ne compte pas renoncer au système d’indexation malgré l'impact sur le pouvoir d'achat

Subvention des produits pétroliers

«Sans l’indexation, la Caisse aurait absorbé 62 milliards de DH», affirme le gouvernement.

Cette première séance a permis à Abdelilah Benkirane de défendre ses choix concernant ce dossier, considéré comme l’une des grandes réformes initiées lors de son mandat, sachant qu’aucun gouvernement avant lui n’avait osé s’y attaquer. Dans sa réponse, Abdelilah Benkirane a été on ne peut plus clair en affirmant que «cette réforme devait être initiée à l’époque où le déficit budgétaire était moins important et les prix des produits pétroliers étaient à des niveaux plus bas», avant d’ajouter que «le système actuel de compensation pèse lourd sur le budget et fait porter de grandes charges à l’État. En plus, il s’agit d’un système qui n’est pas équitable sur le plan social».

Dans le même ordre idées, Abdelilah Benkirane a tenu à répondre aux critiques acerbes de l’opposition des mesures prises par l’Exécutif dans le cadre de la réforme de la compensation. Pour M. Benkirane «le gouvernement a toujours veillé sur la préservation et le renforcement du pouvoir d’achat des citoyens, notamment les couches vulnérables». Il a cité pour preuve l’ensemble des mesures mises en place par son équipe dans les différents domaines. Dans ce sens, M. Benkirane a précisé que le gouvernement avait mobilisé 50 milliards de DH au cours de ces deux dernières années pour honorer les engagements pris dans le cadre du dialogue social du 26 avril 2011.

S’agissant de l’application du système d’indexation des produits pétroliers, le Chef du gouvernement a été catégorique. Selon lui, l’adoption de ce système a permis de diminuer les charges de la caisse de compensation et de contrôler les dépenses afférentes aux produits pétroliers. «Sans l’indexation, la Caisse aurait absorbé 62 milliards de DH», a-t-il dit. En tout cas, le Chef du gouvernement a clairement déclaré devant les députés son intention d’aller jusqu’au bout de son projet en ce qui concerne la suppression de la subvention des produits pétroliers. 

Le système de compensation a dévié de sa vocation originelle

Selon les calculs faits par les experts de la Cour des comptes, chaque ménage sans véhicule a bénéficié, en moyenne annuelle, de 2.181 DH de subventions directes via la compensation en 2012 et 1.880 DH en 2013, tandis que le ménage utilisant un véhicule a bénéficié respectivement de 4.996 DH et 3.943 DH par an. Ainsi, le système de compensation a dévié de sa vocation originelle de stabilisation des prix des denrées de base pour se transformer en mécanisme d'aide qui fausse la réalité des coûts et masque la vérité des prix, en particulier dans les secteurs de l'énergie électrique et du transport. Censée profiter principalement aux couches les plus défavorisées, la compensation s'est transformée, au fil du temps, en une dépense budgétaire qui subventionne les producteurs, notamment ceux opérant dans le secteur du transport et dans la production de l'énergie électrique, des plantes sucrières et même dans certains secteurs industriels. Le rapport de la Cour des comptes relève qu'une part significative de la charge de compensation profite aussi à l'État et aux autres organismes publics qui bénéficient de produits compensés pour leur exploitation et leur parc de véhicules, notant que ces producteurs et professionnels bénéficient de près des deux tiers des subventions de la compensation, alors que les ménages ne bénéficient que du tiers environ de celles-ci.

Gaspillage de ressources et aggravation de la vulnérabilité macro économique

La compensation crée des effets pervers et des comportements antiéconomiques, notamment le gaspillage de ressources, le découragement de l'utilisation des énergies renouvelables et de la recherche de l'efficacité énergétique, la non-incitation à la recherche de réduction des coûts et l'accentuation de la vulnérabilité macro-économique. C’est le constat sans ambages dressé par la Cour des comptes sur le système de compensation au Maroc. «Dans les faits, c'est le contribuable qui supporte la charge de compensation en lieu et place du consommateur, qu'il soit particulier ou professionnel», a relevé le rapport présenté fin mars 2014 par le premier président de la Cour des comptes, Driss Jettou, lors d'une réunion de la commission de justice, de législation et des droits de l'Homme et de la commission des finances et du développement économique. «Bien que ce système ait été réaménagé de façon ponctuelle, il n'a pas connu, pour autant, de réforme en profondeur», déplore le rapport, précisant que le poids de la charge de compensation accentue la vulnérabilité macro-économique, réduit les marges budgétaires, notamment en matière d'investissement, présente un risque majeur pour la croissance économique et l'emploi et creuse le déficit budgétaire de l'État, celui de la balance commerciale et des comptes extérieurs.

11 novembre 2014 –

SOURCE WEB Par Soumaya Bencherki, LE MATIN

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