Aid Al Adha / Du bonheur pour les commerces
Publié le : 02.11.2011 | 10h28 Électroménager, produits alimentaires, ustensiles de cuisine, service spécial Aïd… tous ont la cote en cette période. La fête du sacrifice est l'occasion attendue par les commerçants pour renflouer leurs finances. Plus que quatre jours qui nous séparent de l'Aid. Le bêlement des moutons résonne depuis presque une semaine dans plusieurs quartiers. Leur odeur nous transperce les narines à chaque bout de rue pour rappeler la date du grand jour. Le «haouli» est le roi de la fête, certes, mais il ne vient jamais seul. Plus que n'importe quelle autre occasion, AÏd Al-Adha est la fête qui nécessite le plus de préparation. La fièvre acheteuse bat son plein en cette période. «La fête du sacrifice nécessite énormément de préparation. Outre l'achat du mouton (l'événement principal), il faut le nourrir tous les jours. Il faut acheter les épices, les cordes, le charbon, de nouveaux couteaux et aiguiser les anciens… Aussi, est-il essentiel de faire des provisions pour au moins une semaine parce qu'après le jour de l'Aïd, beaucoup de commerçants ferment leur porte pendant plusieurs jours», lance Fatima, une jeune croisée dans le marché de l'ancienne Médina à Casablanca. Métiers occasionnels Pour les commerçants, il est clair que l'Aïd est une opportunité à ne pas rater. De nombreux métiers se créent pour l'occasion. Cela va des transporteurs, aux aiguiseurs de couteaux, en passant par les vendeurs d'ustensiles de cuisine et les loueurs de garages transformés en point de vente de moutons pendant cette période. Ne nécessitant pas d'autorisations préalables, plusieurs personnes s'adonnent volontiers à ces différentes activités «occasionnelles». Toujours au marché de l'ancienne Médina à Casablanca, des dizaines de ferrachas ont étalé leurs marchandises sur la voie publique et attendent l'arrivée des clients. «Je suis un marchand ambulant qui change d'activités au fil des saison et des occasion. Pendant cette période, je me convertis en vendeur de «gadgets de l'Aïd». Chaque année, les gens préfèrent acheter un nouveau matériel. Et c'est tant mieux pour moi. Je vends des couteaux, des braséros, des pics à brochettes, des kits allume-feu, des tajines…», témoigne Redouane. «Notre activité reste toujours passive pour le moment, mais je suis persuadé qu'elle atteindra son apogée durant les deux derniers jours qui précédent la fête», poursuit-il en discutant avec son voisin. Ce dernier est vendeur d'épices. Une activité exercée par beaucoup de commerçant pendant cette période, ce qui crée une véritable concurrence entre eux et les vendeurs d'épices initiaux (les 3attara). Cette concurrence pousse certains d'entre eux à changer leur activité, le temps de la fête. Ils préfèrent utiliser leur local pour vendre du charbon ou encore le louer à des jeunes qui y vendent du foin «jalbana» et «tban» (aliment préféré des moutons). «Nous achetons la matière première en grandes quantités deux semaines avant l'Aïd et nous la revendons aux gens qui ont acheté leur cheptel et qui doivent l'entretenir jusqu'au jour de l'Aïd», lance un jeune vendeur de foin. Certains services sont également très demandés à cette occasion, notamment l'aiguisement de lames des couteaux, les hachoirs, les machettes et les autres outils qui servent à l'abattage des moutons. Munis d'une meule d'aiguiseur qu'ils confectionnent avec les moyens du bord, les «meddayas» proposent leurs services, tout comme les transporteurs. Ces derniers, n'ayant pas de capital pour monter leur propre affaire, se rendent aux souks des moutons et y travaillent en tant que «Hammala». Leur travail est essentiellement basé sur l'observation. Ils guettent les acheteurs de moutons pour leur proposer de transporter l'animal jusqu'à la voiture ou jusqu'à la maison si ce n'est pas très loin. Le prix varie selon la taille du mouton et la générosité du client aussi. Ils lient également des relations avec les vendeurs et leur ramènent de la clientèle contre quelques dirhams. Électroménager Plusieurs personnes attendaient l'occasion de l'Aïd Al-Adha pour renouveler leur cuisine. En effet, les promotions battent leur plein en matière d'électroménager en cette période. Les distributeurs de l'électroménager misent gros sur la campagne de l'Aïd dont dépend parfois la situation de l'année. Toutes les marques essayent d'attirer les clients par des prix promotionnels, des cadeaux, des gratuités, des offres jumelées, de nouvelle technologie… Dans les grandes surfaces, les ventes ont repris du punch. Les prix abordables et le crédit encouragent les gens à investir sans penser. Des réfrigérateurs et des machines à laver jusqu'aux gazinières et aux différents ustensiles de cuisson, les produits électroménagers trouvent beaucoup de preneurs, peut-être plus qu'à n'importe quelle autre période de l'année. Chaque année, Halima galère pour conserver la grande quantité de viande pendant la période d'Al-Aïd. Cette année c'est décidé, elle achète un congélateur pour résoudre son problème. À sa grande surprise, en se rendant à Marjane le week-end dernier pour voir ce qu'on y propose. Elle trouve une grande foule dans les rayons de l'électroménager et plusieurs dizaines de commerciales pour venir en aide aux clients. «Après des années de galère avec mon micro-congélateur, j'attendais l'occasion de l'Aïd Al-Adha cette année pour m'acheter un bon congélateur. Je sais que pendant cette période les offres sont aussi alléchantes et diversifiées. Elles sont conçues pour ne pas laisser indifférent. Cependant, je ne m'attendais pas à trouver autant de monde dans les rayons de l'électroménager. C'est hallucinant !» raconte-t-elle. Avec les promotions qui pleuvent quelques jours, voire quelques semaines, avant le jour “J”, il devient difficile de résister à la tentation. Marwa et Abdelali, un jeune couple récemment marié, attendaient également cette occasion pour équiper sa cuisine. «Grâce à ces promotions, nous pourrons acheter tout ce qu'il nous faut à un petit prix. C'est l'occasion ou jamais. Un pack composé d'un lave-linge, un réfrigérateur, une cuisinière et un micro-ondes, tous ultra design à 10 000 DH, ce n'est pas tous les jours qu'on peut tomber sur une offre pareille», lance Marwa. Bien décidé à ne pas rater l'occasion, le jeune couple a contracté un crédit pour accomplir son achat. Mouad, commercial à Electroplanet, confirme que les ventes pendant cette période ont augmenté de manière significative. «D'habitude, nous ne recevons pas autant de clients. Et ceux qui viennent, cherche principalement à s'informer et non pas à acheter. Pendant les jours de fête, les choses sont différentes. Les gens viennent décidés à acheter», souligne-t-il. Autres Si la viande du mouton à toutes les sauces reste l'aliment-phare sur la table des Marocains plusieurs jours après l'Aïd, les gâteaux, les sucreries et les chocolateries sont également très prisées à cette occasion. Sans oublier les boissons gazeuses de toutes marques qui sont en promotion en cette période d'Al-Aïd et qui font l'objet d'une forte demande le jour de la fête et même quelques jours après. Les épiceries, les supermarchés et les grandes surfaces de distribution sont ainsi prises d'assaut par les consommateurs qui s'approvisionnent en grandes quantités en limonades, eaux minérales... Crédit encore et toujours À l'aube de l'Aïd El Kébir, la situation financière des familles marocaines est des plus précaires. Vacances, Ramadan, rentrée scolaire : autant d'événements «épuisants» pour les ménages, sommés d'acheter le mouton et tous ce qui va avec. Cette succession d'événements représente la période de pointe chez les sociétés de crédit à la consommation au Maroc. Ces dernières s'activent en matière de communication. Normal, puisque de cette façon, ils réalisent un bon chiffre d'affaires au cours de cette période. Le plus dur, c'est l'accumulation des petits crédits qui, en fin de compte, deviennent un vrai martyre pour le bénéficiaire qui se retrouve à chaque fin de mois avec des retenues dévorant la quasi-totalité de son salaire. D'où une nécessaire sensibilisation des utilisateurs de ce mode de financement de la consommation aux dangers que fait peser le surendettement sur le budget des ménages. Destination ailleurs La fête du sacrifice garde toujours une grande place dans les foyers marocains. Mais dernièrement, on remarque que certains décident de «zapper» carrément la fête du mouton. En effet, pendant ces dernières années, une catégorie de gens trouve que l'Aïd Al-Adha est une vieille habitude démodée. Ils ne fêtent pas cette occasion et ils en sont fiers. «Chaque année, je profite des vacances de l'Aïd pour voyager avec ma femme et me détendre un peu. C'est beaucoup mieux que d'égorger un mouton. Ce ne seraient plus des vacances, mais une corvée», lance Ahmed. Ayant prix conscience de ce phénomène, les agences de voyage et les hôtels multiplient leurs offres pour attirer plus de clients. Ils constatent, effectivement, une véritable recrudescence de la demande de voyages en cette période. «Sans avoir besoin de faire de la publicité, nous remarquons en cette période une forte progression de la demande de voyages à l'intérieur du pays mais aussi pour la Turquie, l'Égypte, Singapour, la Belgique…», témoigne Hanâa, d'une agence de voyages à Casablanca. SOURCE WEB Par le Matin