Facturation électronique au Maroc : enjeux et impacts

La facturation électronique, déployée par la Direction Générale des Impôts (DGI), marque une transformation majeure dans la gestion fiscale au Maroc. Conçue pour élargir l’assiette fiscale et lutter contre l’évasion, elle vise à instaurer une traçabilité totale des transactions commerciales. Si cette réforme promet plus de transparence et une meilleure maîtrise des flux financiers, elle suscite également des inquiétudes quant à son impact sur les entreprises, en particulier les petites structures, et sur le pouvoir d’achat des citoyens.
Un outil de modernisation fiscale aux multiples enjeux
Selon Les Inspirations Éco, cette réforme dépasse largement le cadre d’une simple digitalisation. Elle repose sur trois objectifs clés :
- Élargissement de l’assiette fiscale : En intégrant l’économie informelle et en capturant chaque transaction, la DGI espère réduire le manque à gagner estimer à 40 milliards de dirhams, selon le FMI.
- Renforcement du contrôle et lutte contre la fraude : Grâce à la collecte de données en temps réel et au croisement d’informations issues des banques et des douanes, l’administration fiscale pourra détecter plus efficacement les irrégularités.
- Automatisation des déclarations pour les entreprises : La suppression des erreurs humaines et l’allègement des démarches administratives doivent permettre aux professionnels de gagner en efficacité.
Un impact inégal selon les acteurs économiques
Si les grandes entreprises bénéficieront de processus simplifiés, les petits commerçants, artisans et prestataires de services informels risquent de voir leurs charges administratives et fiscales s’alourdir. Contraints d’adopter des factures électroniques vérifiables, nombre d’entre eux devront soit formaliser leur activité, soit faire face à une marginalisation progressive.
Par ailleurs, la mise en conformité fiscale entraînera une répercussion des coûts sur le consommateur. Les secteurs historiquement opaques, tels que la restauration et le BTP, devront intégrer la TVA dans leurs prix réels, ce qui pourrait accentuer l’inflation et peser sur le pouvoir d’achat.
Entre rationalisation et risques de rigidité bureaucratique
Si cette réforme offre une meilleure protection des consommateurs en garantissant des transactions transparentes et en réduisant les abus commerciaux, elle introduit également une rigidité administrative accrue. L’obligation de produire des factures officielles pour des prestations mineures pourrait compliquer la vie des auto-entrepreneurs et limiter les échanges informels, souvent essentiels aux foyers modestes.
Une réforme qui doit prouver son efficacité sociale
Officiellement, la facturation électronique vise à renforcer les finances publiques pour améliorer les infrastructures et les services essentiels. « Cet argent, ce sont les routes, les écoles, les hôpitaux », rappelle Younes Idrissi Kaitouni, directeur général des impôts. Toutefois, la réussite de cette réforme dépendra de sa capacité à transformer ces recettes fiscales en bénéfices tangibles pour les citoyens. Sans impact concret sur le quotidien des Marocains, elle risque de cristalliser une crise de confiance entre l’État et les contribuables.
Le 05/03/2025
Rédaction de lanouvelletribune
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