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Affaire Lafarge en Syrie : une leçon pour la Responsabilité Sociale des Entreprises (RSE) face aux enjeux éthiques et juridiques mondiaux

Affaire Lafarge en Syrie : une leçon pour la Responsabilité Sociale des Entreprises (RSE) face aux enjeux éthiques et juridiques mondiaux

L’entreprise française Lafarge est aujourd’hui accusée de complicité de crimes contre l’humanité, de financement du terrorisme, de mise en danger d’autrui et de violation d’embargo pour ses activités en Syrie durant la guerre. Ces accusations posent une question fondamentale : comment une entreprise pionnière en matière de Responsabilité Sociale des Entreprises (RSE) a-t-elle pu se retrouver impliquée dans un scandale d’une telle ampleur ? Patrick d’Humières, expert en RSE, appelle les entreprises à tirer des leçons de cette affaire qui expose les failles et les limites de la RSE actuelle.

Le déroulement des faits, tel qu’exposé dans le livre "Personne morale" de la journaliste Justine Augier, présente la chronologie des décisions de Lafarge pour maintenir ses opérations en Syrie au prix de compromissions graves, notamment par le financement de Daech. Ce cas judiciaire, l’un des plus graves visant une multinationale, met en lumière un cynisme alarmant, alors que les démocraties combattaient ces mêmes groupes terroristes. Lafarge, confrontée à une dette croissante et une fusion avec Holcim, aurait privilégié la continuité de son activité industrielle en Syrie, passant outre les droits humains et la sécurité de ses employés.

Ce scandale questionne la responsabilité des entreprises face aux enjeux éthiques et au cynisme des affaires. Comment une grande entreprise, jusque-là modèle de RSE, a-t-elle pu faillir au point d'être accusée de violations graves des droits humains ? Selon Patrick d’Humières, la seule régulation des processus et des normes ne suffit pas si les dirigeants manquent de convictions éthiques et d’intégrité.

L’affaire Lafarge souligne trois leçons essentielles pour la RSE :

Failles des contre-pouvoirs internes : malgré la présence de départements juridiques, financiers, de la RSE et d’auditeurs, Lafarge n’a pas su freiner les dérives. La crainte hiérarchique ou le manque de vigilance peuvent-ils expliquer ce silence ?

Limites des lois sur le devoir de vigilance : bien que des réglementations existent pour limiter de telles dérives, elles s’avèrent inefficaces si les entreprises ne prennent pas les signalements au sérieux.

Enjeu financier versus droits humains : dans cette affaire, la pression financière a clairement pris le dessus sur les valeurs humaines. Lafarge a cherché à éviter une dépréciation d’actifs en Syrie, compromettant ainsi ses engagements en matière de droits humains.

La RSE doit aller au-delà des simples démarches de conformité pour que les principes éthiques prévalent dans toutes les zones géographiques, y compris celles sous embargo ou en conflit. Cette affaire souligne l'urgence de créer un "droit mondial des groupes" afin que la mondialisation soit régulée par des valeurs humaines et non uniquement par les lois du marché.

L’Europe, en particulier, pourrait jouer un rôle clé en proposant une législation unifiée et contraignante sur les droits humains pour les entreprises multinationales. Au-delà de la compétitivité, une réglementation mondiale offrirait une base éthique à long terme, essentielle pour l’équilibre du commerce international et le respect des droits fondamentaux.

Le 07/11/2024

Rédaction de l’AMDGJB Géoparc Jbel Bani

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