Découverte des "arraten" : un trésor juridique enfoui dans les montagnes de l'Atlas
Dans les montagnes de l’Atlas marocain, deux chercheurs ont mis au jour des centaines de milliers de documents anciens appelés « arraten », des contrats juridiques locaux, offrant une perspective inédite sur l’histoire socioéconomique des tribus amazighes. Cette découverte met en lumière l’importance de préserver ce patrimoine culturel unique, alors qu’il est estimé que jusqu’à 500 000 de ces documents restent encore enfouis.
Hamza Elbahraoui, antiquaire à Rabat, et Igor Kliakhandler, ancien professeur de mathématiques à l’Université technologique du Michigan, ont entrepris une quête ambitieuse pour retrouver ces artefacts, autrefois gravés sur du bois d’argan ou conservés dans des tubes de roseau. Leur exploration minutieuse, documentée dans un récit de voyage publié en août, les a conduits à exhumé des milliers de ces précieux arraten, utilisés par le peuple amazigh pour enregistrer des actes et des documents juridiques sur une période de plus de 400 ans.
Le point de départ de cette aventure a été la découverte fortuite d’une plaque de bois d’argan inscrite de caractères en vieux arabe maghrébin, cachée parmi un lot d’objets tribaux. Intrigués par cet artefact, les deux chercheurs ont exploré les « igoudar », d’anciennes structures de stockage utilisées par les Amazighs pour préserver leurs biens précieux, y compris les arraten.
Au cours de leurs investigations, ils ont visité une trentaine d’igoudar, en inspectant minutieusement plus de 500 chambres. Ils y ont découvert des piles de documents en bois et en papier, souvent recouverts de poussière ou difficilement accessibles en raison de l’état de délabrement des lieux. Dans certaines salles, les chercheurs ont estimé qu’il y avait jusqu’à 800 arraten.
Les montagnes de l’Atlas pourraient abriter entre 25 000 et 100 000 caves renfermant potentiellement jusqu’à 500 000 arraten. Les chercheurs insistent sur l’importance de récupérer ces documents de manière scientifique, en tenant compte de leur valeur inestimable pour les familles amazighes et l’histoire du Maroc. Ils envisagent également de confier leur collection privée à une institution compétente pour assurer sa préservation.
Ces artefacts, porteurs de marques historiques, offrent une fenêtre unique sur l’organisation communautaire amazighe, en particulier ses aspects juridiques, sociaux et économiques, sur les 400 dernières années. La préservation et l’étude de ces documents sont essentielles pour comprendre et valoriser le patrimoine amazigh.
Le 02/09/2024
Rédaction de l’AMDGJB Géoparc Jbel Bani
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lundi 2 septembre 2024
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