Le Maroc Maintient sa Suprématie sur le Marché Espagnol des Pastèques Malgré le Stress Hydrique

Malgré les défis liés au stress hydrique, le Maroc continue de dominer le marché espagnol des pastèques, marquant une augmentation significative de ses exportations. Cette performance illustre non seulement l'expertise et la capacité d'adaptation des producteurs marocains, mais aussi les défis environnementaux majeurs qu'ils doivent surmonter pour concilier croissance économique et gestion durable des ressources en eau.
Entre mars et mai 2024, le Maroc a fourni 37,68% des pastèques importées par l'Espagne, soit une hausse de 15,2% par rapport à la même période en 2015, où 17,64 millions de kilogrammes avaient été exportés, rapporte la plateforme Hortoinfo, spécialisée dans l'analyse des données agricoles.
La valeur des pastèques exportées vers l'Espagne a également augmenté, passant de 10,61 millions d'euros entre mars et mai 2015 à 17,18 millions d'euros pour la même période en 2024. Le prix moyen a grimpé de 0,60 euro par kilogramme en 2015 à 0,85 euro en 2024.
Cependant, cette réussite économique est accompagnée d'un paradoxe préoccupant : la culture de la pastèque, grande consommatrice d'eau, est désormais interdite dans plusieurs régions du Maroc en raison du stress hydrique croissant. Face à la pénurie d'eau, aggravée par les changements climatiques, les autorités marocaines ont dû prendre des mesures drastiques pour préserver les ressources hydriques.
Plusieurs régions autrefois prospères en production de pastèques ont vu leurs surfaces agricoles réduites ou complètement interdites à cette culture en raison de l'impact négatif sur les nappes phréatiques. En mai 2024, les barrages au Maroc étaient remplis à seulement 32,5% de leur capacité, contre 32,4% à la même période en 2023.
La culture de la pastèque nécessite entre 300 et 500 litres d'eau douce par kilogramme de fruit produit, ce qui représente entre 3 000 et 5 000 litres pour une pastèque de 10 kg. En comparaison, l'Office national de l'électricité et de l'eau potable (ONEE) estimait en 2022 que les besoins en eau d'un Marocain variaient entre 120 et 200 litres par jour.
Malgré ces restrictions, le Maroc reste le leader du marché espagnol grâce à l'optimisation des techniques de production et l'exploitation de zones non touchées par les interdictions. Les exportateurs marocains ont réussi à maintenir, voire augmenter, leur production pour répondre à la demande croissante en Europe.
Le Sénégal et la Mauritanie se sont également imposés comme des acteurs majeurs sur le marché espagnol. Le Sénégal a enregistré une augmentation de 273,2% de ses exportations par rapport à 2015, tandis que la Mauritanie a vu ses exportations croître de 1 190% sur la même période. Malgré ces nouvelles compétitions, le Maroc reste le principal fournisseur de pastèques pour l'Espagne, avec Valence, Almería, Barcelone, Séville et Murcie en tête des provinces importatrices.
Le Maroc se trouve ainsi à un carrefour délicat, où la nécessité de préserver ses ressources naturelles doit être équilibrée avec ses ambitions économiques sur le marché international. La hausse des exportations de pastèques, malgré les interdictions locales, souligne la résilience du secteur agricole marocain face à un avenir marqué par le stress hydrique.
Le 27/08/2024
Rédaction de l’AMDGJB Géoparc Jbel Bani
www.darinfiane.comwww.cans-akkanaitsidi.net www.chez-lahcen-maroc.com
Les tags en relation
Les articles en relation

Mix énergétique : le Maroc sur la bonne voie
L’énergie était au cœur de l’actualité cette semaine. Entre les derniers chiffres dévoilés par l’Office national de l’électricité et de l’eau ...

Le spectre de la soif pointe
Plusieurs régions au bord d'une grande crise Urgence d’un plan d’ap...

Sound Energy-ONEE : les détails du contrat qui alimentera les centrales électriques
Après la publication d’un accord de vente de gaz entre Sound Energy et l’ONEE, une source de haut niveau a communiqué à Médias24 tous les détails de ce...

Sécheresse au Maroc : 5 Leçons Cruciales pour Réinventer la Gestion de l'Eau et de l'Agriculture
La sécheresse prolongée de sept ans a laissé des marques profondes sur les sols, les écosystèmes et les esprits des Marocains. Si les récentes pluies ont ...

Agadir : Le marché touristique britannique en pleine expansion et les défis à surmonter pour son
Dans un entretien en marge de la 44e édition du Salon annuel du tourisme au World Travel Market (WTM) à Londres, Salaheddine Benhammane, président du Conseil...

Souss-Massa : Mise en place de stations de dessalement et interconnexion des réseaux pour faire fac
L'Agence du bassin hydraulique (ABH) de Souss-Massa a récemment annoncé la mise en œuvre d'une série de mesures destinées à atténuer le stress hy...

Gestion durable de l'eau : L'ABHS investit 126 MDH en 2025
L'Agence du bassin hydraulique de Sebou (ABHS) prévoit d'investir plus de 126 millions de dirhams (MDH) en 2025 pour renforcer la gestion durable des r...

Membres du Conseil supérieur du climat et de l’eau: Les critères de désignation fixés
Le décret n°2.18.233 précise que le conseil doit inclure au moins 4 femmes, 4 experts reconnus et des associations œuvrant dans le domaine de l’eau et du ...

Factures ONEE: Rabbah persiste et signe
Le ministère de l'Energie s'explique sur les déclarations polémiques de Aziz Rabbah au Parlement sur les factures de l'ONEE. A l'en croire, l...

Deux appuis financiers de la BAD en faveur du Maroc
L’institution panafricaine soutient l’extension de l’aéroport international de Rabat-Salé et la sécurisation de l’accès à l’eau potable Réuni...

Faut-il repenser le tourisme?
Pour un pays en état de stress hydrique –et ça ne va pas s’arranger au cours des années qui viennent– est-il raisonnable de viser un tourisme de masse?...

Énergie, agriculture, tourisme… le Maroc et le Cap-Vert veulent renforcer leur partenariat écono
Un Mémorandum d’entente a été signé entre la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) et le Conseil supérieur des chambres de commerce ...