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EXCLUSIF Me Maurice Buttin, l’avocat qui a consacré cinquante ans de sa vie à l’affaire Ben Barka

EXCLUSIF  Me Maurice Buttin, l’avocat qui a consacré cinquante ans de sa vie à l’affaire Ben Barka

Qui a tué Mehdi à Fontenay- le-Vicomte après son enlèvement à Paris le 29 octobre 1965 ? Quand ? Où son corps a-t-il été transporté ? Où est-il inhumé ?

Ainsi que nous l’avions  annoncé dans notre édition d’hier, le tribunal de Grande  instance Lille a relaxé mardi Me Maurice Buttin, avocat de la famille Ben Barka. Contacté, ce dernier a bien voulu répondre à nos questions en nous adressant le texte suivant :

La décision rendue en ma faveur par le Tribunal correctionnel de Lille ce 15 avril 2014 fera date à mon avis, car très sérieusement motivée en droit.

Selon l’AFP, l’avocat de Miloud Tounsi alias Chtouki aurait déjà fait appel ! Je suis très étonné, car après la déclaration de Mohamed Bouderka à la presse marocaine, il est plus que lamentable de voir le conseil de Miloud Tounsi prétendre devant un tribunal que son client n’est pas le Chtouki de l’affaire Ben Barka, alors que celui-là l’a reconnu lui-même devant «l’Instance Equité et Réconciliation» ! A ce sujet, après plus de huit années du dépôt du rapport de cette Instance, il serait heureux que le pouvoir marocain décide de faire connaître aux opinions publiques, marocaine et internationale, les annexes de ce rapport. Selon moi, une demande devrait être formulée à ce sujet, expressément, par les dirigeants de l’USFP et autres partis de gauche marocains.

Cela dit, l’important est d’obtenir un jour la vérité dans la « disparition « de Mehdi Ben Barka, selon l’expression du Général De Gaulle.

Qui l’a tué à Fontenay-le-Vicomte, après son enlèvement à Paris le 29 octobre 1965 ? Quand ? Où son corps a-t-il été transporté ? Où est-il inhumé ?

Seule la connaissance de cette vérité, pour laquelle je me bats, depuis près de cinquante années, au côté de la famille Ben Barka, permettra à celle-ci, en particulier à l’admirable Ghita, l’épouse de Mehdi, de faire son deuil.

Pour moi, je le redis, cette vérité est à Rabat, et c’est bien la raison pour laquelle depuis plus de 10 ans la Commission rogatoire international (CRI), adressée par le juge d’instruction français en charge du dossier Ben Barka (septembre 2003), renouvelée au printemps 2005, pour entendre un certain nombre de témoins, n’est toujours pas exécutée !!! A dire vrai, elle l’a été en partie - Abdelhaq Achaachi a été entendu par M. Chentouf, juge d’instruction de Rabat - ce qu’a reconnu feu Mohamed Bouzoubaa, alors ministre de la Justice, dans le journal « MarocHebdo «. Mais le P.V. dressé par le juge, adressé par le ministère de la Justice aux services du ministère marocain des Affaires étrangères de l’époque, pour transmission aux services de l’Ambassade de France à Rabat, n’a jamais quitté ce ministère....

En bref, aujourd’hui le pouvoir marocain n’exécute par la CRI précitée, et de son côté, il semble bien que les mandats d’arrêt, lancés en conséquence, par le juge d’instruction français sur 5 des personnalités marocaines citées dans la CRI (les généraux Benslimane et Kadiri, Abdelhaq Achaachi, Milloud Tounsi alias Chtouki, et l’infirmier Boubker El Hassouni) ne sont pas diffusés ou pas sérieusement ? Le pouvoir français est donc, de son côté, co-responsable de ce refus de laisser la vérité apparaître au grand jour !

Qui des deux Etats aura le courage d’agir ?

Qui, d’un des « témoins « marocains, avant de regagner la Maison du Seigneur, aura un jour le courage de dire la vérité et de libérer sa conscience ? 

* Avocat honoraire 

à la Cour de Paris

Vendredi 18 Avril 2014_SOURCE WEB Par Me Maurice Buttin *Libération

Tags : le tribunal de Grande  instance Lille a relaxé mardi Me Maurice Buttin, avocat de la famille Ben Barka- La décision rendue en ma faveur par le Tribunal correctionnel de Lille ce 15 avril 2014 fera date à mon avis, car très sérieusement motivée en droit- Commission rogatoire international (CRI)- Le pouvoir français est donc, de son côté, co-responsable de ce refus de laisser la vérité apparaître au grand jour- Me Maurice Buttin Avocat honoraire  à la Cour de Paris-