Six ans : c'est le temps restant avant que la barre de 1,5 °C de réchauffement ne soit franchie, selon une étude

Combien de CO2 l'humanité peut-elle encore émettre si elle veut tenir les objectifs de l'accord de Paris ? Une nouvelle étude montre qu'il reste sans doute moins de temps que prévu pour limiter les émissions et le réchauffement, tout en soulignant les incertitudes entourant cette question.
Tic, tac, le compte à rebours est lancé… Selon cette analyse parue lundi 30 octobre dans Nature Climate Change, au rythme actuel des émissions de carbone (environ 40 milliards de tonnes (Gt) chaque année), il reste environ 6 ans avant que la barre de 1,5 °C de réchauffement – l'objectif le plus ambitieux de l'accord de 2015 – ne soit franchie.
Se fondant sur des données et une méthodologie réévaluées par rapport aux précédentes estimations, notamment le dernier rapport du Giec, Robin Lamboll de l'Imperial College et son équipe ont recalculé le "budget carbone" restant (RCB). Cela correspond à la quantité nette de CO2 qui peut encore être émise sans dépasser un seuil de réchauffement donné.
Selon les experts mandatés par l'ONU, en 2020, le budget carbone permettant de rester sous +1,5 °C était de 500 Gt, et de 1 150 Gt pour +2 °C. Les calculs de la nouvelle étude aboutissent à la conclusion que pour avoir 50 % de chances de rester sous 1,5 °C, le RCB devrait être de 250 GtCO2 à compter de janvier 2023.
"La fenêtre pour éviter les 1,5 degrés se réduit", souligne Robin Lamboll. Joeri Rogelj, l'un des autres contributeurs, est encore plus radical : "Il est clair que les options probables pour limiter le réchauffement à 1,5 °C ont disparu, et ce depuis un certain temps", a-t-il déclaré.
Roulette russe
Depuis l'ère industrielle, la planète s'est déjà réchauffée de 1,2°C en moyenne. Et les dernières estimations de l'observatoire européen Copernicus montrent que +1,5 °C pourrait intervenir d'ici 2034, et non au milieu du siècle comme le prévoient les politiques climatiques à travers le monde.
Pour être effectivement atteinte, cette limite devra être mesurée sur plusieurs décennies, mais son franchissement pourrait être observé ponctuellement beaucoup plus tôt, etc, ouvrant la voie à des conséquences funestes en cascade comme la fonte des calottes glaciaires, le dépérissement des forêts, l'extinction des coraux...
Il est ainsi "hautement probable que 2023 excède 1,5 degré", estime M. Lamboll. Pour rester sous les 2 degrés, un "dernier recours" selon les scientifiques, la marge de manoeuvre n'est guère plus élevée. Pour avoir 50 % de chances de rester dans les clous, si les émissions restent au niveau actuel, la fenêtre de tir est de 30 ans. Et pour 90 % de chances, environ 13 ans.
De nombreuses incertitudes
Il reste toutefois de nombreuses incertitudes, d'autres facteurs comme le réchauffement par les autres gaz à effet de serre comme le méthane ou l'effet refroidissant des aérosols (particules fines), pouvant également intervenir, soulignent les auteurs.
"C'est comme jouer à la roulette russe avec deux balles. Peu de gens seront surpris si quelqu'un se fait tirer dessus avec de telles chances". Joeri Rogelj, contributeur de l'étude
Néanmoins les auteurs insistent sur le fait qu'il ne faut pas baisser les bras. "Il reste une chance", affirme Christopher Smith de l'université de Leeds. "Cela ne veut pas dire que la bataille contre le changement climatique sera perdue dans six ans", abonde M. Lamboll.
"Même si nous ne limitons pas le réchauffement à 1,5 degré, nous en tenir à des émissions limitées nous donnera de meilleures chances de rester à 1,6/1,7 degrés, ce qui serait un très bon résultat compte tenu de la direction dans laquelle nous nous dirigeons actuellement".
Se battre pour chaque dixième de degrés
Les derniers rapports scientifiques montrent que nous sommes actuellement sur une trajectoire de réchauffement à +2,4 degrés ou plus d'ici la fin du siècle. "Cela vaut le coup de continuer à se battre pour chaque dixième de degrés", martèle M. Smith.
Les auteurs pressent les gouvernements d'agir rapidement, à un mois de la COP28 de Dubaï où la baisse rapide des émissions, et les moyens d'y parvenir, sera l'un des thèmes de négociation les plus difficiles.
Le 31/10/2023
Source web par : geo
www.darinfiane.com www.cans-akkanaitsidi.net www.chez-lahcen-maroc.com
Les tags en relation
Les articles en relation

L’ONU prolonge le mandat de la MINURSO pour une année
Le Conseil de Sécurité de l’ONU a annoncé ce mercredi, la prolongation du mandat de la MINURSO pour un an de plus avec une majorité écrasante en consacra...

AFRICOM : vers un transfert stratégique au Maroc
Michael E. Langley a annoncé qu’en septembre 2025, le Maroc inaugurera un Centre d’excellence de maintien de la paix ultramoderne, doté de la capacité de...

Sahara : Le variant allemand
Depuis la reconnaissance américaine de la pleine souveraineté du Maroc sur son Sahara, un dossier que la communauté internationale à travers l’ONU s’est...

#Maroc_Sahara_Marocain : Théâtre de confrontation entre drones israéliens et iraniens
Face au risque d’utilisation de drones iraniens par les milices du Polisario dans le Sahara marocain, quel est l’arsenal dont dispose les FAR pour répondre...

Du Maroc à la liste des dix femmes les plus influentes au monde : Découvrez le parcours de Sana Af
L'émission "Rendez-vous" de ce dimanche 25 février explore la question suivante : "Comment atteindre le sommet en partant de loin, en partant de rien ?". ...

Les pays en développement, principaux moteurs de la croissance mondiale en 2017
Les Nations unies plaident pour un environnement économique international propice au développement durable Le produit mondial brut devrait augmenter de 2,7...

Sahara: le vote de la résolution sur la Minurso reporté à vendredi
Blocage habituel au conseil de sécurité. La Russie soutient le refus algérien de poursuivre le processus onusien des tables rondes. Voici les explications. ...

Les Etats-Unis vont participer à l'enquête sur l'attaque du pétrolier israélien
Selon le département d’Etat américain, le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken et le ministre des Affaires étrangères israélien Yair Lapid se s...

Il y a seulement 5% de chances de limiter le réchauffement climatique à 2°C
Seulement 5. Il y a 5% de chances de limiter le réchauffement climatique à 2°C, soit l'objectif fixé par l'accord de Paris scellé par la communaut�...

Sahara : La Belgique réaffirme son soutien au plan d’autonomie marocain
La Belgique réaffirme son appui au plan d’autonomie du Maroc pour le Sahara, considérant cette proposition comme une base sérieuse. La Déclaration conjoin...

Guerre en Ukraine. « Comment faire la guerre à la guerre ? » : la lettre ouverte d’Edgar Morin
Dans une lettre ouverte intitulée « Au bord du gouffre, ou comment faire la guerre à la guerre », le philosophe et sociologue Edgar Morin questionne les ori...

#MAROC_Sahara: Le Maroc dénonce les nouvelles manœuvres sud-africaines
L’ambassadeur, représentant permanent du Maroc auprès de l’ONU, Omar Hilale, a réagi à une missive de l’Afrique du Sud au SG de l’ONU sur le Sahara ...