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#ChatGPT : Un jour avant la révolution intellectuelle et numérique !

#ChatGPT : Un jour avant la révolution intellectuelle et numérique !

Ce samedi, je ne sortirai pas dehors, mais j’irai explorer le monde. Je veux dire par là que depuis mon ordinateur, je me poserai tranquillement, pour apprendre de nouvelles choses. En fait, je ferai comme je l’ai fait la première fois que j’ai découvert Internet.

Vous savez, celui des blogs, des petits sites de passionnés. Celui où l’on ne se connectait pas encore pour discuter avec ses proches, ouvrir Instagram ou Netflix. Celui où finalement, nous nous contentions de taper une requête uniquement pour nous stupéfaire de la capacité de la machine à nous donner l’information.

Plus d’une décennie est passée par là et me voici de nouveau dans cet état de stupéfaction. La deuxième révolution d’Internet est arrivée.

Je viens d’ouvrir mon ordinateur et au lieu de taper une requête sur Google, je l’ai tapé sur ChatGPT. Je n’ai pas cherché à faire court, concis, comme on nous l’a appris : je n’ai pas cherché par moi-même, j’ai demandé. À qui ? À la machine. Celle qui est sur la bouche de tous les geeks, tous les développeurs, tous les journalistes aussi. ChatGPT. Avec elle, le langage naturel, comme nouvelle approche d’Internet, a de quoi tout changer.

D’abord parce que grâce à l’outil mis en place par OpenAi, me voici de nouveau enthousiaste à simplement tester une machine et me surprendre de ses capacités. Ensuite parce que si l’Internet dans les années 2000 nécessitait un minimum d’effort pour taper correctement ses recherches et sélectionner les bonnes sources, l’utilisation de ChatGPT ne demande aucun effort. Plus qu’une interface sur le web, il est un assistant qui trie, résume, met au clair, compare, conseille, élabore un plan. Son gain de temps dépasse l’entendement.

Pour moi, il a de quoi retourner encore plus le cerveau qu’un vol Paris-New York en 20 minutes nous le ferait. Il nous fait gagner du temps, nous rend surpuissants. Il nous donne le vertige aussi. “ChatGPT est l’un de ces rares moments dans la technologie où vous voyez une lueur de comment tout va être différent à l’avenir”, résumait sur Twitter Aaron Levie, le fondateur du logiciel de stockage sur le cloud, Box.

Révolutionner Internet, sans Internet

Pour l’heure, si ChatGPT peut vous donner une recette, vous fabriquer un poème, vous donner le code complet pour créer une application, vous expliquer en quoi le yoga peut-être bénéfique pour le surf, ou encore traduire pour vous un texte, c’est uniquement grâce à ses datacenters. Derrière la nouvelle technologie d’intelligence artificielle qui rend le langage naturel avec une machine aussi naturel qu’avec un être humain, il y a une gigantesque base de données. Elle nous bluffe déjà, mais elle connaît de nombreuses limites.

ChatGPT, aussi surprenant soit-il, n’est pas encore relié à Internet. Il révolutionne déjà Internet, mais n’en est pas connecté. Comprenez par-là que toutes ses connaissances sont stockées au même endroit, et résultent d’un apprentissage de plusieurs années, qui s’est arrêté début 2022. ChatGPT n’a aucune idée de ce qu’il s’est passé ensuite. Testez par vous-même, je vous promet qu’il ne sait pas quelle équipe a gagné la Coupe du Monde au Qatar (ne me dîtes pas que c’est pour le mieux).

Difficile à croire. Difficile de se dire que des machines physiques, stockées sur notre globe, reliées par des câbles, puissent aujourd’hui enregistrer autant d’informations, tout en les recrachant de la forme la plus humaine possible. Vous me direz, Wikipédia est déjà une prouesse, mais une prouesse qui résulte, chaque jour, du travail indéniable d’êtres humains. ChatGPT, lui, peut discuter avec vous sans l’aide de qui que ce soit.

Le jour où ChatGPT sera relié à Internet

Demain, lorsque l’intelligence artificielle sera connectée à Internet, il deviendra une bombe. Une bombe qui sera certainement payante – l’outil dans sa version bêta n’étant pas fait pour rester gratuit -, mais une bombe tout de même. Elle ouvrira le champ des possibles de façon encore plus large, permettra de croiser les informations selon les sources. Ce sera une véritable déferlante qu’OpenAi devra amorcer avec douceur. Car Internet est une salve de connaissances qui, incontrôlée, regorge de fausses informations et d’horreur.

Si l’on peut avoir peur de la machine, Internet nous a rappelé au fil du temps qu’on pouvait surtout avoir peur de l’humain.

Une fois relié à Internet, ChatGPT changera Internet. À commencer par ses acteurs. Il n’est pas anodin que Google ait déclaré un “code rouge” à la vue du développement de ChatGPT par OpenAi. L’outil, pour la première fois depuis plus de dix ans, a les épaules pour changer la donne sur le monopole de Chrome. Au point d’écraser en un rien de temps le premier moteur de recherche et navigateur de la planète. Comprenez comment, avec cet unique point, nous pouvons parler de révolution d’Internet ?

Demain, avec ChatGPT relié à Internet, des pions seront placés. ChatGPT, en l’occurrence, n’est qu’une technologie, un moteur. La carrosserie pourra prendre plusieurs formes : des assistants vocaux nouvelle génération à des navigateurs sur nos ordinateurs, smartphones et télés. OpenAi, bientôt valorisé 29 milliards de dollars (croyez-moi, si ses capacités se confirment, sa capitalisation augmentera encore très nettement) ne sort pas de nulle part et Microsoft y possède des parts. D’ici peu, Bing voudra en profiter.

Est-ce que l’on devrait avoir peur ?

Comme toute révolution, il y aura du changement, de la peur, et un besoin de contrôle. Certains craignent pour leur travail (on ne peut pas citer une seule catégorie de métiers, des centaines sont concernés), et d’autres craignent pour l’apprentissage dans les écoles. “C’est la fin des devoirs à la maison !” s’exclamait Elon Musk récemment sur Twitter, lui qui a d’ailleurs investi dans OpenAi. À New York, de nombreuses écoles ont déjà bloqué l’accès à la plateforme. Un réflexe qui rappelle celui à l’origine de toute révolution…

Sortons-nous différents, d’un monde où l’Internet grand public est bientôt trentenaire ? Oui, forcément. Travaillons-nous différemment ? Bien entendu. Tout comme nous apprenons, nous nous éduquons d’une façon peu comparable. ChatGPT en fera de même, et plus encore, car il ne sera plus question de remplacer les bras par la machine, mais le cerveau par l’IA. Il suffit de savoir que l’outil peut vous rédiger la meilleure des lettres de motivation possible, coder pour vous, vous devancer d’une heure sur un brainstorming. Mais devrait-on forcément lui barrer la route ?

En fait, la question ne se pose pas. Il est “trop tard”, pourrait-on dire. Le Président d’OpenAi, Sam Altman, annonçait que plus d’un million de personnes dans le monde avaient testé ChatGPT cinq jours après la sortie de sa bêta publique le 30 novembre 2022. Un chiffre qui, ne soyons pas naïfs, est radicalement sous-évalué. Le nom de l’outil a inondé le web, les réseaux sociaux, la plateforme était encore ce week-end avec un bandeau indiquant que les serveurs saturaient. Nous sommes déjà des dizaines de millions, certainement, à avoir déjà posé une question à ChatGPT.

Maintenant, nous sommes en droit de nous demander comment OpenAi a-t-il bien pu prendre la tête du développement de l’intelligence artificielle face aux GAFA. Satya Nadella, le directeur général de Microsoft, qui s’est simplement contenté d’investir dans l’association lancée en 2015, n’aurait-il pas pu développer lui-même la technologie ? Si celle-ci peut éteindre Google Chrome du jour au lendemain, se substituer aux employés, pourquoi ne vaudrait-elle pas 3000 milliards de dollars dans 3 ans ? Pourquoi Microsoft a raté l’opportunité ?

Cette question, pour un média tech comme Presse-citron, est certainement la plus importante. Elle sous-entendrait peut-être que l’IA développée derrière ChatGPT ne serait pas seulement une consécration de ce que tout le monde chercherait à développer depuis vingt ans, mais un véritable game changer, une logique totalement différente, un bouleversement. Et donc un secret.

“Je ne pense pas que beaucoup d’ingénieurs sur cette planète soient en mesure de développer un outil aussi puissant. Et je ne pense pas qu’ils voudraient travailler pour le compte de Microsoft. Je ne crois pas non plus qu’ils travailleraient tous dans leur coin. Ils se sont regroupés”, commentait un ami développeur.

Ou alors, à l’extrême opposé, on peut aussi s’imaginer que l’outil d’OpenAi est une véritable illusion. Un tour de magie, tellement gros qu’il passerait. Il ferait de ChatGPT une coquille vide, une plateforme bien moins puissante qu’on pourrait le penser, seulement équipée d’un mode démo, configuré pour faire croire qu’il fonctionne sans problème pour toutes les tâches sans que ce ne soit en réalité possible. La piste est moins plausible, tant les preuves sont tangibles sur sa puissance. Mais n’avez-vous jamais remarqué ? N’avez-vous jamais eu ce constat ? Celui que sur de nombreuses requêtes, les ChatGPT semblent un peu banales ? Ni trop fausses ni trop vraies ?

Pour Gary Marcus, un professeur de psychologie à l’Université de New York invité dans un podcast du New York Times :

ChatGPT synthétise tout un tas de choses que les humains ont déjà écrites, parfois pour le meilleur et parfois pour le pire. Parfois, la synthèse est parfaite, parfois elle donne des résultats farfelus. […] Donc tout ce qu’il produit semble plausible parce que tout est dérivé de choses que les humains ont dites. Mais il ne connaît pas toujours les liens entre les choses qu’il assemble.

Ainsi, lorsqu’il réussit, c’est parce qu’il a été entraîné sur un grand nombre de choses similaires dans le texte auquel il a été exposé. […] Mais cela ne signifie pas qu’il comprend vraiment ce dont il parle, c’est pourquoi il peut aussi faire des erreurs.

“Une leçon d’apprentissage, d’humilité intellectuelle”

Ouvrir une nouvelle discussion avec ChatGPT m’a fait passer par tout un tas d’émotion. Mais le constat principal est que tout ceci a de quoi donner le vertige. Mais me voici pourtant parti pour écrire un article, ce samedi après-midi de janvier 2023. Écrire un article, autrement dit faire mon travail, et vous proposer ces quelques lignes à vous lecteur. Alors non, je ne terminerai pas par vous dire que cet article a en réalité été écrit par la machine. Les réflexions et les émotions sont miennes. Après deux heures à discuter avec ChatGPT, je remarque y avoir trouvé un divertissement agréable. J’ai aimé apprendre. J’ai aimé demander.

Cela ne durera certainement qu’un temps avant que l’habitude s’installe. Que le risque, peut-être, sera de déconnecter son cerveau et laisser ChatGPT se substituer de nous creuser la tête. Devrai-je lui en en vouloir ? À l’instar de passer trop d’heures par jour sur les réseaux sociaux, à m’abrutir sur TikTok, je ne devrais en vouloir qu’à moi-même. Comme tout autre outil, il ne dépend que de nous de savoir l’utiliser.

Et depuis ce samedi après-midi de janvier 2023, je sais maintenant en quoi le yoga est complémentaire à la pratique du surf. Sans ChatGPT, je n’aurai peut-être pas fermé mon ordinateur, changé de tenue, et débuté une séance de Vinyasa.

“La seule chose que je sais c’est que je ne sais rien”, disait Socrate. “Une leçon d’apprentissage, d’humilité intellectuelle, pour nous encourager à garder notre ouverture d’esprit, encourager notre critique, remettre en question nos croyances et nos convictions”, me rappelait ChatGPT.

Nous ne sommes pas prêts.

Quelques-unes des questions que la rédaction de Presse-citron se pose :

Dans quelle mesure ChatGPT encouragera le débat des politiques à opter pour le revenu universel ?

Si le potentiel de ChatGPT est au moins aussi gros que celui de l’iPhone, de Google Chrome et se substitue à de nombreux métiers, pourquoi Microsoft ne la pas développé lui-même ?

* Combien d’ingénieurs dans le monde sont capables de créer une telle technologie ? Sont-ils tous chez OpenAi ?

* Pourquoi les GAFAM ne sont-ils pas arrivés à lancer ChatGPT avant OpenAi ?

* ChatGPT réussira-t-il à se connecter à Internet ?

* Qui entre Nvidia et OpenAi lancera la première plateforme de divertissement par IA ?

Le 16 Janvier 2023

Source web par : presse-citron

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