#Pétrole_Afrique: Chamboulement à la tête des producteurs africains et confirmation du déclin du continent
Après le Nigeria, l’Angola aussi a perdu le rang de premier producteur de pétrole d’Afrique en septembre et octobre derniers, selon les données de l’OPEP. Une situation qui illustre une fois de plus le déclin des grands producteurs de l’or noir africains, dont les leaders n’arrivent même pas à assurer leurs quotas de production fixés par l’OPEP+.
Après avoir supplanté le Nigeria en tant que premier producteur de pétrole africain durant le 3e trimestre 2022, l’Angola vient, elle aussi, de perdre ce rang en octobre dernier, supplantée à son tour par la Libye.
Selon les données de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) basées sur des sources secondaires, la production pétrolière libyenne s’est établie en octobre à 1,163 million de barils/jour (b/j), confirmant sa position de leader continental acquise en septembre dernier avec une production de 1,157 million de b/j, de même que la reprise de sa production de l’or noir après plusieurs années durant lesquelles la production a été fortement impactée par l’instabilité politique.
La Libye devance l’Angola, qui avait accédé au rang de premier producteur de pétrole africain durant le 3e trimestre 2022 avec une production moyenne de 1,16 million de b/j, contre 1,067 million de b/j pour le Nigeria et 1,038 million de b/j pour l’Algérie. Toutefois, le pays n’a pas pu maintenir sa place à cause d’une production pétrolière déclinante qui est retombée à 1,067 million de b/j en octobre dernier. Entre septembre et octobre derniers, la production angolaise a baissé de 78.000 b/j.
Le Nigeria, longtemps premier producteur africain, est désormais relégué au 3e rang avec une production de 1,057 million de b/j, fortement inquiété par l’Algérie avec une production quotidienne de 1,036 million de b/j.
Le premier producteur de pétrole africain durant ces dernières années continue de voir sa production dégringoler. Elle est passée des moyennes de 1,58 million de b/j en 2020 et 1,37 million de b/j en 2021, à une moyenne légèrement supérieure à 1,2 million de b/j durant les 3 premiers trimestres de 2022. Et au rythme actuel de la baisse, cette moyenne devrait tourner autour de 1,2 million de b/j au titre de l’année en cours. Pourtant, le pays dispose d’une capacité de production de plus de 2 millions de b/j
Evolution de la production des pays africains membres de l’OPEP (en 1.000 b/j)
Source: OPEP
Outre ces quatre pays, les autres pays africains membres de l’OPEP sont le Congo (257.000 b/j), le Gabon (214.000 b/j) et la Guinée équatoriale (74.000 b/j).
Clairement, c’est un véritable chamboulement de positions au sommet des producteurs pétroliers africains qui se produit actuellement, reflétant le déclin de la production de l’or noir au niveau du continent et les difficultés structurelles que connaissent certains producteurs.
Le déclin pétrolier concerne presque tous les pays africains. Dans de nombreux pays, les productions sont assurées par des puits opérationnels depuis des décennies et qui sont actuellement en cours d’épuisement. Une situation qui confirme les projections du think tank Shift Project, commanditées par le ministère français des Armées en 2021 et qui indiquent que les producteurs africains deviendront des nains pétroliers dès 2030.
D’après l’étude, la production de pétrole du Nigeria, en déclin depuis 2005, date à laquelle elle avait atteint 2,5 millions de b/j, avant de baisser à 1,7 million de b/j en 2019, 1,578 million de b/j en 2020 et 1,372 million de b/j en 2021, devrait tomber à moins de 1,2 million de b/j en 2022. Et selon les projections du think tank, à l’horizon 2050, la production de pétrole brut du Nigeria devrait se situer à environ 200.000 b/j. A cette date, les productions de l’Angola, de l’Algérie et de la Libye devraient chuter à respectivement 100.000 b/j, 400.000 b/j et 200.000 b/j.
Ce déclin est aggravé par le fait que l’exploitation des réserves de pétrole prouvées actuelles va de plus en plus nécessiter des coûts élevés, avec des points morts, allant de 40 à 100 dollars par baril de pétrole. C’est dire que certains gisements découverts risquent de ne pas être exploités à cause du problème de rentabilité qu’ils vont poser.
Egalement, certains pays voient leur production pétrolière fluctuer au gré des problèmes d’insécurité. C’est le cas particulièrement du Nigeria, où les problèmes liés au siphonnage du brut par des trafiquants entraînent souvent des ruptures des oléoducs transportant le brut. Une situation qui a fini par décourager certaines majors du secteur qui ont préféré plier bagage.
En Libye aussi, à cause des problèmes d’insécurité que traverse le pays depuis la révolution, la production pétrolière est loin d’être stable. En 2020, la production moyenne quotidienne était tombée à 367.000 b/j, avant de remonter à 1,14 million de b/j en 2021. Sur l’année en cours, elle est passée de 1,06 million de b/j durant le 1er trimestre à 751.000 b/j durant le 2e trimestre et 992.000 b/J durant le 3e trimestre. Toutefois, durant les trois dernier mois (août, septembre et octobre), la production s’est stabilisée à plus de 1,1 million de b/j, grâce au retour au calme.
La situation des producteurs de pétrole est telle que certains d’entre eux, notamment le Nigeria et l’Angola, sont incapables de remplir leurs parts des quotas de production fixés par l’OPEP+.
Par conséquent, la part du continent dans la production pétrolière mondiale ne cesse de baisser. En octobre dernier, sur une production pétrolière des pays membres de l’OPEP évaluée à 29,50 millions de b/j, les 7 pays africains membres -Algérie, Angola, Congo, Guinée équatoriale, Gabon, Libye et Nigeria- affichaient une production totale de 4,87 millions de b/j, soit 16,51% de la production globale et légèrement un peu plus de la production de l’Irak.
Comparativement à la production pétrolière mondiale (OPEP+ et autres producteurs) estimée à 101,5 millions b/j, la production des pays africains membres de l’OPEP et ceux non membres -Cameroun (100.000 b/j), Tchad (100.000 b/j), Egypte (600.000 b/j), Ghana (200.000 b/j), Afrique du Sud (100.000 b/j), Soudan (200.000 b/j) et autres pays (100.000 b/j)-, la production totale africaine (6,2 millions de b/j) représente à peine 6,8% de la production mondiale.
Le 21/11/2022
Source web par : afrique.le360
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