Innovation dans le tourisme: le secteur se heurte à la résistance de certains segments
Si certains maillons de la chaîne de l’industrie touristique ont déjà connu des formes « profondes et radicales » de perturbation et d’innovation, le secteur, dans son ensemble, se heurte à la résistance de certains segments, relève Lahcen Haddad, ancien ministre du tourisme, dans une analyse.
Parmi ceux-là, Haddad cite les réglementations transfrontalières, le conservatisme des investisseurs, un environnement touristique qui tarde à innover, les systèmes lourds des chaînes hôtelières classiques, ainsi que les considérations d’ordre sécuritaire pas tout à fait au diapason des innovations technologiques.
Dans cette tribune intitulée “La nouvelle normalité, la métaverse et l’avenir de l’industrie du voyage”, Lahcen Haddad estime que certaines parties de la chaîne de valeur de l’industrie touristique vont soit adopter les innovations, soit se les voir imposer avec un impact encore plus catastrophique qu’elles ne l’imaginent, relevant que l’industrie du voyage est tiraillée entre, d’une part, des acteurs privés agressifs et désireux d’utiliser la technologie pour créer la meilleure expérience touristique et, d’autre part, des comportements, provenant généralement d’entités publiques et de chaînes privées classiques, qui sont réticents et parfois même conservateurs dans leur approche des perturbations et innovations du secteur.
S’agissant des perturbations et innovations qui façonnent les tendances de l’industrie touristique, Lahcen Haddad estime que certains “perturbateurs d’ordre tectonique” utilisent l’intelligence artificielle, la géolocalisation, les biens disponibles au quotidien pour créer des besoins, puis répondre à ces mêmes besoins en même temps, faisant observer que la perturbation ne réside pas seulement dans l’utilisation de la technologie, mais aussi dans l’utilisation d’actifs quotidiens pour répondre à des besoins qui ont été améliorés.
Les entreprises qui investissent dans ces outils et recrutent les talents nécessaires pour les utiliser de manière efficace et agressive, adoptent les innovations/perturbations du marketing et les utilisent pour attirer les clients et les garder satisfaits et fidèles, observe l’ancien responsable gouvernemental.
À ses yeux, les innovateurs profitent de l’attitude avant-gardiste des politiques publiques pour passer au numérique : les efforts convergent dans une dynamique vertueuse, des synergies dont la croissance devient tangible et durable au fil des ans.
Et l’auteur de constater que deux changements majeurs sont intervenus récemment pour remodeler les différentes chaînes de valeur du secteur : D’abord la crise du Covid-19 qui a fait émerger un nouveau voyageur qui se soucie de la sécurité, qui n’a rien contre la réalité virtuelle, non pas en tant qu’alternative mais en tant qu’enrichissement de l’expérience réelle, et qui aime prendre soin de lui et être pris en charge.
Ensuite, et à plus grande échelle, le numérique est devenu une nécessité de survie pour l’économie pendant la pandémie de Covid-19 et la nouvelle réalité est également que les gens sont susceptibles de vouloir voyager là où c’est sûr, respectueux de l’environnement et où le numérique joue un rôle important dans l’expérience.
Une partie de cette expérience sera une version métaverse – une métaversion – de la réalité, ce qui représente une idée ouverte avec des implications énormes pour l’industrie, estime l’ancien ministre du tourisme.
Haddad dit y voir une opportunité commerciale et financière majeure pour l’industrie technologique, mais aussi pour d’autres secteurs comme l’industrie du tourisme.
Les enjeux sont élevés, mais les risques restent considérables. Les épidémies zéro sont impossibles dans le monde de demain et les crises énergétiques font que les voyages ne sont plus aussi abordables qu’avant la pandémie, poursuit-il, ajoutant que les pays riches pourront s’adapter plus rapidement aux nouvelles réalités alors que la fracture numérique entre le Nord et le Sud risque, malheureusement, d’être encore plus grande qu’auparavant.
Le rôle des gouvernements et des décideurs politiques est de diriger, d’impulser une vision et de mobiliser les parties prenantes et les ressources, préconise Haddad, pour qui une certaine réglementation est nécessaire, sans qu’elle soit excessive, pour pas « étouffer la créativité et l’innovation ».
Et de conclure que le rôle le plus important des gouvernements, outre le fait de fournir un environnement sûr et durable pour l’activité touristique durable, est de financer des idées folles qui seront les réalités de demain, de permettre l’ouverture de nouvelles frontières et de projeter un avenir qui reste à construire dans les années et les décennies à venir.
SOURCE WEB PAR HESPRESS
Les tags en relation
Les articles en relation
Les 22 photos les plus époustouflantes du Maroc prises par National Geographic
Le Maroc est un pays qui regorge de trésors naturels, historiques et architecturales. De Casablanca à Chefchaouen en passant par Essaouira ou encore Marrakech...
Le Tourisme va-t-il prendre acte du Discours de Sa Majesté ?
Le discours de Sa Majesté le Roi Mohammed VI à l’occasion de la fête du Trône était très attendu… Et le moins que l’on puisse dire, c’est que notr...
L’ONMT conclut un partenariat quinquennal avec TUI GROUP à l’ITB
Hier, mardi 7 mars 2023, Adel El Fakir, Directeur Général de l’Office National Marocain du Tourisme a signé un accord Record avec Sebastian EBEL, Présiden...
Tourisme : Les opérateurs retrouvent le sourire, mais beaucoup reste à faire
La ministre du Tourisme, de l'Artisanat et de l'Economie Sociale et Solidaire, Fatim-Zahra Ammor, s’est prêtée à l’exercice oral à la Chambre de...
Tourisme : record d'arrivées en septembre 2023, malgré le séisme
Malgré le séisme, le mois de septembre 2023 crée la surprise en dépassant les arrivées de septembre 2019 et 2022 avec plus de 960.000 touristes. Plus de...
Agadir marque un mauvais départ avec le marché allemand
Le marché allemand a affiché une régression de 14,60% au mois de janvier 2019, soit moins de 1426 ressortissants par rapport à janvier 2018. Durant cette m�...
La robotisation devrait faire disparaître 14 % des emplois d'ici 20 ans selon l'OCDE
La question revient encore une fois, celle s’inquiétant de la survie de la main-d’oeuvre humaine face à la montée en puissance de la robotisation dans le...
Tourisme: Nouvelle tentative de relance pour Oued Fès
Le wali veut mobiliser les opérateurs Six lots de terrains pour des hôtels 3 et 4* MedZ appelée à revoir son offre de prix Le projet Oued Fès Golf...
Le secteur bancaire face au défi de la cybersécurité : Investissements massifs dans les systèmes
Le secteur bancaire est confronté à de nouveaux défis en matière de cybersécurité, avec l'émergence de menaces générées par l'intelligence art...
Les créateurs de ChatGPT dévoilent les 34 métiers qui ne seront jamais remplacés par l’IA
Depuis l’arrivée de ChatGPT, de nombreux travailleurs se demandent s’ils ne risquent pas de perdre leur emploi au profit de l’intelligence artificielle. ...
Le Book Club Le Matin lance sa troisième saison avec un débat captivant sur l’avenir des médias
Le Book Club Le Matin entame sa troisième saison avec une énergie renouvelée pour promouvoir la culture du livre et la lecture. Lors de sa première rencontr...
Pollution plastique : le Maroc accueille un dialogue international
Actuellement, seulement 6% des déchets plastiques sont recyclés sur le continent, soit un taux inférieur à la moyenne mondiale, qui est de 9%. Cette situati...