TSGJB BANNER

Infos région

Que se passe-t-il à la RAM? (Partie 2)

Que se passe-t-il à la RAM? (Partie 2)

La compagnie aérienne nationale est de nouveau concernée par un scandale. Cette fois-ci, il s’agit des engagements non tenus de la Royal Air Maroc (RAM) vis à vis de 105 pilotes cadets qui se sont retrouvés du jour au lendemain au chômage, à devoir plus d’1 million de dirhams à des banques et à faire face à la justice. La RAM, principal acteur dans cette affaire, utilise aujourd’hui la détresse de ces pilotes, employant des moyens sournois pour leur proposer un nouveau contrat controversé et face au refus de ces derniers, la compagnie a lancé des poursuites judiciaires. Hespress FR livre les détails de cette affaire. Deuxième partie.

« On a tous une promesse (d’embauche) écrite, et déjà le fait de réussir le concours et aller se présenter à l’ENAC pour effectuer cette formation était sujet à un appel d’offre lancé par la compagnie Royal Air Maroc… durant tout le process, ça a été la RAM qui a chapeauté l’ensemble des opérations », a indiqué une source sous couvert d’anonymat au sein des pilotes de la RAM.

« Il ne manquait plus que quelques semaines pour que notre situation soit normale. S’il n’y avait pas eu le Covid, nous serions comme tous les autres pilotes de la RAM aujourd’hui », a-t-elle ajouté.

Comme révélé dans la première partie de cet article, les pilotes cadets (appelés stagiaires aussi) de la RAM sont au nombre de 105, mais leur situation n’est pas la même étant donné qu’ils sont répartis sur 3 promotions.

Parmi eux, se trouvent des groupes d’étudiants qui venaient de terminer leurs parcours au niveau de l’ENAC de Toulouse et devaient rejoindre la RAM pour commencer directement à travailler dans le cadre de leur phase d’adaptation en ligne. Ils ont été surpris de n’avoir aucun interlocuteur à leur retour au Maroc.

« Dans les 105 pilotes, il y a deux groupes. Le premier, composé de 68 personnes, a commencé à travailler en mai 2019 et le second a complété sa formation au cours de la période covid-19. Une fois qu’ils sont rentrés au Maroc ils n’ont eu aucun interlocuteur, ils n’ont pas été contactés par la compagnie depuis juin 2020 », a expliqué notre source.

Ces jeunes ont passé 14 examens au niveau de la direction générale de l’aviation civile française, 3 examens pratiques qui leur ont permis d’avoir des licences européennes de pilote commercial.

Les 68 autres avaient déjà commencé à piloter des avions depuis 2019, et ont donc rempli la durée de « stage » communément connue dans les autres entreprises, fixée à 6 mois (l’employeur est en droit de résilier le contrat sans rien devoir à l’employé, ndlr), même si ce principe ne s’applique pas aux jeunes pilotes de la RAM.

Et pour cause, la RAM n’a pas résilié le contrat de ces jeunes pilotes, elle les a simplement « suspendus » en raison de la crise liée au coronavirus, et, cela s’explique aussi par un contrat signé avec ces pilotes qui remonte à 2017 et 2018.

Ces pilotes appelés « stagiaires » étaient tout sauf des stagiaires, ils étaient soumis à des règles très strictes et un processus long avant d’être déclarés co-pilote. Il leur fallait en plus avoir accompli 12 vols sous supervision d’un pilote additionnel de sécurité au sein de la RAM, et continuer jusqu’à atteindre 270 heures de vol.

Le subterfuge de la RAM pour ne pas payer

Sur le volet du remboursement de la dette et c’est celui qui est eu cœur du problème, le contrat qui les lie à la compagnie (un contrat de parrainage et de formation qui est le même pour tous les pilotes RAM) stipule que les pilotes ne devaient commencer à régler les traites qu’1 an après avoir rejoint la RAM, or ce n’est pas le cas pour tous.

Les pilotes s’engageaient en retour de cette facilité de paiement à travailler 10 ans pour la RAM, et si cette dernière ne venait pas les embaucher, elle devait les faire bénéficier de 500 heures de vol au sein de la compagnie pour leur permettre d’accéder au marché de l’emploi ailleurs. Et là encore, la RAM n’a pas honoré son engagement.

Et alors que la « suspension » de ces 105 pilotes cadets est intervenue à l’initiative de la compagnie aérienne (depuis l’avènement de la crise sanitaire), et que ces derniers devaient réintégrer la RAM début 2022, elle enfreint les règles pour demander à être remboursée pour des prêts qu’elle a garantis et un emploi qu’elle n’a pas fourni.

Cela, sans parler de deux pilotes qui venaient d’être intégrés à la RAM et ont été licenciés économiquement pendant la crise liée au covid. Aujourd’hui, sans emploi et incapables d’honorer leur crédit, la RAM les a attaqués en justice.

A présent, ce sont de nouveaux pilotes figurant dans la liste des 105 cadets qui sont visés par des procédures judiciaires initiées par la compagnie. Cette manœuvre de la RAM coïncide avec une date importante, celle à laquelle elle doit réintégrer ces jeunes pilotes. En effet, ces pilotes suspendus, doivent reprendre leur emploi dans moins d’un mois, le 1er avril 2022.

« Après deux ans de suspension, on nous a demandé de signer des demandes de changement d’employeur et de faire une rupture de contrat » à l’initiative des pilotes, et de signer un nouveau contrat avec une filiale de la Royal Air Maroc, nommé Atlas Multi Services (AMS), explique notre source.

Sauf que cette filiale n’est pas une compagnie aérienne, il s’agit d’une société d’intermédiation créée pour servir des « activités générales » qui recrute du personnel autre que les pilotes.

Ce changement voulu par la RAM, n’a rien d’anodin, il change tout pour ces jeunes pilotes et « ressemble à un piège ». Déjà, parce que le crédit qu’ils ont contracté a été garanti par la RAM et pas par AMS, et donc en engageant la rupture de contrat avec la RAM à l’initiative des pilotes, cela leur ferait porter l’entière responsabilité de ce crédit alors qu’elle est portée par la RAM actuellement.

Deuxièmement, la rupture de contrat unilatérale par l’employé et la signature d’une demande de changement d’employeur ne leur octroie aucune assurance d’être à nouveau employé.

Troisièmement, en signant avec cette filiale, ils risquent de perdre leur licence internationale, puisqu’un pilote n’a pas le droit d’être embauché par une entité autre qu’une compagnie aérienne, et cette filiale de la RAM n’en est pas une.

Les compagnies aériennes sont reconnues internationalement par un numéro, appelé « certificat technique d’exploitation » et AMS, n’en dispose pas.

« Nous représentons le PDG lorsqu’on est dans l’avion, et nous n’aurions pas de lien de subordination avec le PDG si l’on signe avec une filiale, donc juridiquement nous serions en infraction », explique notre source anonyme.

Elle indique par ailleurs, que cette offre qui leur a été soumise n’a pas été communiquée par un papier avec en-tête de la Royal Air Maroc. « Ça a été présenté de façon officieuse. Ils ont appelé les personnes concernées par téléphone ou sur les réseaux sociaux pour leur demander une audience à la RAM », affirme-t-elle. En d’autres termes, la RAM n’aurait laissé aucune trace de cette offre douteuse et a relégué la tâche ingrate au service des ressources humaines.

Selon notre source, la nouvelle proposition sous ce nouvel employeur comporterait entre autres, diminution de jours de congés et une diminution estimée entre 50% et 60% de salaire.

Malgré toutes ces tentatives sournoises de la part leur compagnie de se défaire de sa responsabilité vis-à-vis des crédits bancaires de ces jeunes pilotes -qu’elle a choisis et embarqués dans cette aventure- ces jeunes restent toutefois très attachés à la Royal Air Maroc et disent vouloir porter fièrement les couleurs de leur compagnie nationale.

« Nous avons la possibilité d’attaquer la RAM en justice, ce que nous ne voulons pas. Nous préférons trouver une solution à l’amiable parce que dès le premier jour nous avons fait confiance à cette compagnie et nous n’allons pas rompre cette confiance aujourd’hui même si elle, l’a fait », soutient notre interlocuteur.

« Nous nous sommes sacrifiés pendant deux ans sans toucher de salaire, et nous sommes prêts à faire plus de concessions pour une période transitoire le temps que la crise passe, mais nous ne ferons cela que pour la Royal Air Maroc, on est prêt à le faire parce que c’est notre compagnie », a-t-elle poursuivi, en soulignant que « tout est négociable à part l’employeur, et on veut négocier. Tout ce qui nous importe c’est de regagner le ciel en tant que pilotes Royal Air Maroc ».

Le 14 mars 2022

Source web par : hespress

Les tags en relation

 

Les articles en relation

Premiers essais du TravelPass d’IATA

Premiers essais du TravelPass d’IATA

Les premiers passagers voyageant de Dubaï à Barcelone sur le vol EK 185 ont testé jeudi dernier le »passeport numérique », qui permet de contrôler et de ...