TOURISME/ RESTAURATION : ENTRETIEN AVEC KHALID ABBADI, PRÉSIDENT DE L’ARRTCS
Les restaurateurs touristiques de la région Casablanca-Settat viennent de se réunir en une corporation créant, ainsi, leur propre association (ARRT), afin de défendre leurs intérêts et de relever les nouveaux challenges qui s’imposent à la profession et entamer, dans un esprit collectif innovant, les nombreux chantiers au service du métier de restaurateur dans la région Casa-Settat.
Fraîchement élu par l’Assemblée Générale en tant que Président de l’Association Régionale des Restaurateurs Touristiques Casa-Settat (ARRTCS), Khalid Abbadi a bien voulu répondre à nos questions.
Interview.
- Tout d’abord, pouvez-vous nous dire le pourquoi de la création, aujourd’hui, de ladite association ?
Il est vraiment important pour les restaurateurs touristiques de la région Casablanca-Settat de se regrouper au sein d’une entité capable de relever les nouveaux challenges qui s’imposent à la profession et entamer, dans un esprit collectif innovant, les nombreux chantiers en suspens qui mettent à mal le métier de restaurateur dans la région qui compte environ 400 restaurants touristiques dont 38 se sont vus retirer la licence d’alcool. Mais là c’est un autre chantier qui mérite de s’y pencher, et où aussi le vide juridique fait loi.
C’est donc dans ce contexte où le spectre de la crise est omniprésent que le collectif restaurateur de Casablanca-Settat s’est donné rendez-vous le 03 décembre dernier à l’hôtel Hyatt Regency pour se constituer en nouveaux challengers professionnels, en donnant naissance à l’Association Régionale des Restaurateurs Touristiques de Casablanca-Settat.
Tout cela a pour finalité de reconquérir une certaine reconnaissance perdue dans l’écosystème touristique associatif pour agir de concert avec les autres métiers de la chaîne de valeurs touristiques et se confirmer en tant que tel dans les décisions administratives. A savoir que les restaurateurs, à côté des loueurs de voitures, ont été les grands oubliés du Contrat-programme signé avec l’Etat. Comme je l’avais déjà déclaré, il est temps que nous consolidions nos rangs et de nous solidariser pour nous confirmer en acteur majeur des opérations touristiques pour donner le ton à la mission de la nouvelle association.
Ce sont, entre autres, les avantages d’une association régionale agrandie et soudée permettant des achats groupés et actions administratives mutualisées, en suivant l’exemple du business-model réussi adopté par la FLASCAM pour plus de représentation et protection, portant la même voix et ayant un certain poids afin de peser, par exemple, lors des contrôles de la commission de classement afin de parer à tout dérapage ou discrimination punitive à tort.
- Il paraît que les professionnels du secteur de la restauration touristique ont enduré tous les maux, en temps de crise de la pandémie de la Covid-19, pouvez éclairer notre lanterne là dessus ?
Comme vous le savez, les restaurateurs marocains ont beaucoup souffert suite aux multiples restrictions sanitaires imposées par le gouvernement : fermeture, imposition des horaires incroyables, allégement du personnel, avec licenciement d’une grande partie de celui-ci, jusqu’à nouvel ordre, ce qui veut dire mettre des centaines de familles dans le besoin, et la liste des conséquences de tous ces maux n’est pas exhaustive.
La suite, tout le monde la connaît … Espérons que le spectre de la pandémie n’en sera qu’un mauvais souvenir, pour ne pas dire le pire des cauchemars qu’a vécu la profession, et toute la chaîne du métier de restaurateur touristique.
Par conséquent, lors d’une réunion de crise des 6 associations régionales des restaurateurs touristiques du Maroc, le 21 décembre dernier à Marrakech, pour mettre les points sur les « i » concernant leur marginalisation du discours touristique gouvernemental. Une marginalisation qu’ils n’arrivent pas à digérer puisqu’ils ont été carrément exclus du contrat-programme signé avec l’Etat en août 2020 dont ils se considèrent orphelins, ainsi que de tout dialogue avec le ministère du Tourisme en temps de pandémie et même des différents discours de Mme la Ministre du Tourisme, tant dans les médias qu’au Parlement ou rencontres professionnelles.
Nonobstant, suite à une longue patience qui n’en pouvait plus durer surtout quand les salariés du secteur se trouvent bannis de l’attribution de l’indemnité forfaitaire Covid de la CNSS, l’ancienne et la nouvelle. Même s’ils gardaient espoir, les dernières déclarations de Mme la ministre du tourisme sur une chaîne nationale ont tout anéanti.
D’ailleurs, le collectif des restaurateurs touristiques s’est longuement penché sur la précarité de leurs entreprises, en reconnaissant que leur secteur est le seul à ne pas bénéficier d’aides ni d’aucune mesure quelconque de soutien alors qu’il a été « la première et plus grande victime de cette pandémie ». En plus, il faut savoir que les restaurants touristiques font partie intégrante de la grande famille du tourisme conformément aux lois 61-00 et 80-14. D’autant plus qu’ils ont toujours été classés par les délégations du tourisme régionales à l’exclusion de tout autre département ministériel. Un état de fait contre-nature qui demande réparation par la force de la loi.
Toutefois, nous continuons de souffrir de l’exclusion des aides de l’Etat, pourtant les restaurants touristiques ont massivement participé à toutes les opérations de solidarité nationales en offrant des milliers de repas et en participant au fonds de solidarité nationale conformément aux directives de Sa Majesté et aux instructions de l’Etat.
- Quel est votre cri de cœur et le message que vous voulez passer à qui de droit ?
On devrait penser incessamment à organiser un festival de la gastronomie internationale à Casablanca où l’échange entre les différentes cuisines et chefs dans le partage et la promotion des valeurs gastronomiques devraient primer. Or ceci ne peut être réalisé que par une association forte et juridiquement apte des restaurateurs touristiques de notre région. Comme on l’a déjà soulevé dernièrement lors de notre assemblée générale.
Notre cri de cœur consiste à ne plus se taire, c’est pourquoi nous comptons adresser une lettre à Mme la Ministre du Tourisme dans laquelle en demandant un rendez-vous dans l’urgence pour clarifier une situation dangereuse par ses répercussions sociales, financières et humaines qui porte atteinte à tout un secteur important représentant plus de 1000 établissements à travers le Maroc, qui en plus d’être pénalisé et privé de tous soutiens, se voit aujourd’hui obligé de justifier et légitimer sa place dans l’échiquier du tourisme national.
A cet effet, parmi les propositions formulées, les plus importantes et urgentes sont au nombre de cinq, à savoir :
1- Exonérations Fiscales : Exonération des restaurants classés pour le paiement des impôts au titre de l’exercice 2020 et 2021: Taxe professionnelle, taxe des services communaux, Taxe d’enseigne, Taxe de terrasses, Taxe de débit de boissons ; Exonération des charges sociales de la CNSS (AMO), de la taxe de la formation professionnelle relatives aux exercices 2020 et 2021
2- Subvention à fond perdu de 30% du chiffre d’affaire réalisé en 2019 : Nos structures ont fait appel aux crédits relances et oxygène pour faire face aux salaires, paiement des fournisseurs et des frais liés à l’exploitation. Nos structures ont subi un amortissement important de nos installations qui nécessitent des travaux d’entretien et de rénovation afin de pouvoir continuer à exercer. Le crédit bancaire étant inaccessible pour la quasi-totalité de nos structures, nous sollicitons le gouvernement à nous apporter une aide financière pour relancer nos structures après la crise.
3- Déblocage de l’indemnité forfaitaire de 2000 dhs entre les mains des entreprises pour assurer le paiement du salaire de leur personnel dans les délais impartis
4- Le report des crédits bancaires sans frais et sans intérêt.
5- Bénéficier du contrat programme du ministère du tourisme qui prévoit les mesures d’accompagnement pour les structures touristiques.
Pour finir, je saisis cette occasion pour remercier fort bien les efforts accomplis par les membres du Bureau de la CNT et à leur tête le président de la confédération, Hamid Bentahar. C’est l’homme de la situation et des consensus, ou comme on dit l’homme qu’il faut à la place qu’il faut.
Symbolisant la nouveauté, la créativité, l’avenir et le grand professionnalisme, Hamid Bentahar a une bonne écoute, un professionnel de premier plan au niveau du secteur du Tourisme.
Source web par : tourisme news
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