LA TBOURIDA CLASSÉE AU PATRIMOINE CULTUREL IMMATÉRIEL DE L’HUMANITÉ: CE QUI VA CHANGER
La tbourida, devenu un sport au Maroc depuis 2000, est désormais inscrite sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’UNESCO. Cette nouvelle, annoncée mercredi 16 décembre 2021, est une fierté pour le Maroc. Mais au-delà de la reconnaissance à l’international, à quoi sert cette classification?
C’est acté. La tbourida est devenue un patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Ce titre, attribué officiellement le mercredi 15 décembre 2021 par l’UNESCO, est une reconnaissance de cette tradition équestre marocaine qui remonte au XVIe siècle. Et depuis l’an 2000, cet art, à cheval entre plusieurs disciplines, est devenu un sport et a intégré le circuit de la Fédération marocaine des sports équestres.
Depuis cette date aussi, les 300 serbas (communautés de tbourida) participent à des compétitions au niveau national qui se jouent à Dar Essalam. Cette instance, aux côtés de la Société royale marocaine d’encouragement du cheval (SOREC) et du ministère de la Culture, fait partie des organismes dépositaires du dossier d’inscription en 2019 de la Tbourida sur la Liste représentative de l’UNESCO. «Nous travaillons sur le dossier depuis 2017 avec l’ensemble des communautés concernées, les troupes et les associations réparties à travers le Maroc», déclare Badr El Fakir, secrétaire général de la fédération dans une déclaration pour Le360.
Encore sous le coup de l’émotion, la même source souligne que cette reconnaissance est une véritable fierté pour le Maroc. «La tbourida fait partie intégrante de notre identité culturelle. Nous tous, en tant que Marocains, avons la tbourida dans nos gènes».
Tbourida inscrite patrimoine universel: et après ?
Maintenant que la tbourida est devenu un patrimoine universel, tout le monde se demande ce qui va changer. Que gagne le Maroc avec l'inscription de cet art équestre sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité? A cette question, Sanaa Alam, responsable adjointe du secteur de la culture au bureau de l'UNESCO pour le Maghreb, basé à Rabat, répond d’abord que l’inscription est un label international. «Lorsqu’il y a un élément du patrimoine qui est inscrit, il y a une reconnaissance à l’échelle universelle».
Ensuite, et c’est très important, l’inscription poussera désormais toutes les structures s’intéressant au patrimoine culturel du Maroc, à documenter la tbourida dans l’optique de la préserver et de la protéger. «Avec cette inscription, le Maroc sera appelé à protéger la tbourida à travers des projets de transmissions au fil des générations», précise ainsi Sanaa Alam.
Pour ce volet de la préservation, que vient activer cette inscription, l’UNESCO dispose d’un fonds du patrimoine culturel et immatériel. Mais cette possibilité de financer des projets de valorisation et de préservation du patrimoine culturel n’est pas spécialement connue de tous.
Et même si certains la connaissent, régulièrement les dossiers de demande de subvention ne sont pas correctement complétés. Mais aujourd’hui, la situation est en train de changer et au dire de notre chef de projet à l’UNESCO, «les mécanismes de demande de financement existent et le Maroc dispose de plus en plus de ressources humaines qui travaillent à monter des dossiers de requête», témoigne notre source.
12 inscriptions, 2 projets seulement candidats au financement de l’UNESCO
Jusqu’en 2021, et avec la tbourida incluse, le Maroc a pu classer à peu près 12 éléments de son patrimoine culturel immatériel. Mais ce n’est pas pour autant qu’il a suffisamment tiré profit de ces mécanismes de financement.
Le Maroc a en effet bénéficié de deux financements de l’UNESCO relatifs à la protection du patrimoine immatériel. Le premier, d’un montant de 70;000 dirhams concernait la réhabilitation des champs de Taroudant au Sud du Maroc.
Revue du web. Belle consécration culturelle pour le Maroc: la Tbourida inscrite au patrimoine immatériel de l’Unesco
Le deuxième concerne la préparation d’inscription de la danse de Taskiwin dans la liste urgente du patrimoine culturel de l’UNESCO. La danse de Taskiwin étant une danse martiale caractéristique du Haut-Atlas dont le nom provient de la corne portée par chaque danseur.
En signant la convention des Etats membres de 2003, le Maroc jouit de son droit de déposer, par la même, des dossiers de demandes d’inscription. Mais l’inscription n’est pas une fin en soi. «Avoir un label c’est bien, mais au-delà, l’inscription sur la Liste représentative de l’UNESCO permet de sauvegarder ces éléments», affirme Karim El Handili.
Le directeur par intérim du bureau de l'UNESCO pour le Maghreb rappelle que l’organisation onusienne opère un suivi de l’état des éléments du patrimoine qui ont été inscrits. «Il y a des rapports périodiques de l’UNESCO et les communautés qui portent ce patrimoine doivent en informer les instances qui ont déposé le dossier d’inscription. Ces derniers peuvent à leur tour saisir l’UNESCO en cas de transgression portant atteinte à ce patrimoine».
Préserver la tbourida, une nécessité
Omar Sqalli, directeur général de la SOREC, une société qui, au dire de plusieurs témoins, a joué un rôle majeur dans la réhabilitation de l’art de la tbourida en la considérant comme un art équestre et en planifiant un agenda annuel des moussems de tbourida, parle aussi de la nécessité de documenter et de produire des traces écrites et visuelles. «Il y a des savoir-faire qui se transmettent du mqadem jusqu’au cavalier écuyer… Et souvent, il y a des déperditions, y compris en ce qui concerne les métiers d’arts liés à la tbourida. Il est donc temps de documenter la tbourida car chaque région possède sa manière de faire et pour préserver cette richesse régionale il faut créer une marque déposée», propose-t-il.
La SOREC a deux projets dans le pipe qui viendront suivre cette inscription. En premier lieu, éditer un livre sur l’art ancestral de la tbourida qui sera une sorte d’anthologie comme cela a été fait dans la musique pour les gnaouas, les rwayes et l’art de la aïta.
L’autre projet est celui de développer des académies de l’art équestre dans plusieurs régions du Maroc. Une première existe déjà à Marrakech et d’autres viendront. Une autre idée germe dans les esprits, celle d’organiser un spectacle international de tbourida. Et ceci, faute de pouvoir, techniquement, organiser une compétition internationale des arts équestres traditionnels qui existent dans plusieurs pays. «Chaque art traditionnel est valorisé dans son pays. Il y a l’école de l’Ouzbékistan, l’école de Vienne, l’école du Portugal, mais chacun a ses propres critères, donc c’est impossible d’organiser une compétition sportive», affirme Badr El Fakir.
En attendant, les Marocains savourent encore le goût de cette inscription de leur tbourida dans le patrimoine culturel immatériel de l'humanité.
Le 20/12/2021
SOURCE WEB PAR Le360
Les tags en relation
Les articles en relation
El Jadida honore le cheval dans les écosystèmes marocains
Les interactions du cheval avec les différents types d’environnements écologiques qui distinguent notre pays sera au cœur de la thématique du Salon du che...
Le Moussem de Moulay Abdellah a attiré 1 million de visiteurs cette année
A 9 km de la ville d’El Jadida se tient le Moussem annuel de Moulay Abdellah Amghar. Célébré depuis des centaines d’années à la mémoire du saint, l’...
Le Moussem Moulay Abdellah Amghar à El Jadida : Célébration de la Fauconnerie et de la Tbourida
Le Moussem Moulay Abdellah Amghar bat son plein à El Jadida, offrant aux visiteurs un spectacle époustouflant de tbourida et un voyage au cœur de la fauconne...
Déficit hydrique et gestion durable de l'eau dans le bassin de Sebou : Mesures et initiatives pour
Lors d’un colloque scientifique tenu jeudi à Taounate, Meryem Bennouna, chef du service de planification des ressources en eau et des études à l'Agence...
Début des phases finales du 7e Grand Prix SM le Roi Mohammed VI de Tbourida à El Jadida
Les phases finales de la 7e édition du Grand Prix SM le Roi Mohammed VI des sports équestres traditionnels, plus connu sous le nom de "Tbourida", ont débuté...
Le 12è Salon du cheval témoigne de la capacité du Maroc à organiser des manifestations internati
Initiée par l'Association du Salon du Cheval, cette manifestation a attiré plus de 230.000 visiteurs dont 40.000 enfants, a fait observer M. Marzak dans u...
Salon du cheval Les arts équestres traditionnels à l’honneur
Représentés principalement par la tbourida Les troupes des différentes régions se disputeront le Grand Prix Mohammed VI La 9e édition se tient jusqu�...
Algérien ou Marocain? Les origines de Tarik Ibn Ziyad, sources d’une nouvelle polémique
La diffusion, depuis le début du mois de ramadan, d’une série télévisée sur le célèbre chef militaire Tarik Ibn Ziyad a donné lieu à une véritable g...
13e édition du Salon du Cheval d’El Jadida (18-23 octobre 2022)
Après deux ans d’absence en raison de la pandémie mondiale du Covid-19, le Salon du Cheval d’El Jadida sera organisé cette année du 18 au 23 octobre sou...
La “Tbourida” bientôt au patrimoine de l’UNESCO?
Le dossier de candidature pour inscrire la “Tbourida” sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO a été déposé officie...
Inauguration du 15e Salon du Cheval d’El Jadida : S.A.R. le Prince Moulay Rachid met à l'honneur
Son Altesse Royale le Prince Moulay Rachid a présidé, lundi, l'ouverture officielle de la quinzième édition du Salon du Cheval d'El Jadida au Parc d...
Agadir Amassa : Un grenier collectif à sauvegarder !
Dans ce nouveau récit, le sociologue Mohamed Mahdi, spécialiste du monde rural, nous fait découvrir un grenier collectif qui fonctionne encore, dans le Douar...