Histoire. Nabil Mouline et le mythe des Idrissides
Le récit officiel présente Moulay Idriss comme le fondateur du Royaume du Maroc. Sa dynastie aurait été le point de départ, il y 1.200 ans, de l’État marocain tel qu’on le connaît aujourd’hui. Un mythe construit de toute pièce, selon l’historien Nabil Mouline qui a présenté une nouvelle version, plus complexe et moins magnifiée, de ce roman historique.
Le récit officiel de la fondation de l’Etat marocain, tout le monde le connaît. L’historien Nabil Mouline le résume en quelques phrases, que la grande majorité des Marocains ont apprises par cœur à l’école. Il s’exprimait le 23 avril lors d’une conférence organisée par les Alumni de ScPo.
« Persécuté en Orient, Idriss Ibn Abdallah Ibn Al Hassan Ibn Al Hassan Ibn Ali Ibnou Abi Taleb, un descendant de Ali et de Fatima, cousin et fille du prophète, se réfugie vers 789 au Maroc, accompagné de son affranchi Rached. Grâce à l’intervention divine, à la baraka, il arrive rapidement à unifier les tribus marocaines, en se mariant notamment à la princesse Awrabite Kenza, mère d’Idriss II, à propager l’Islam Sunnite Malékite, Achaarite et Soufi, et à diffuser la langue arabe à partir de Volubilis. Idriss fonde ainsi la monarchie marocaine et l’État du Maroc qui subsiste jusqu’à nos jours ».
Cette épopée, enseignée dans nos écoles et reproduite pour la masse en série télévisée dans les années 1990, est instituée depuis de longues années comme le point de départ de l’histoire du Maroc. Elle est également corroborée par le discours officiel et célébrée comme l’ont montré en 2008 les grandes festivités organisées à Fès autour des 1.200 ans de l’État marocain.
Un évènement qui selon Nabil Mouline avait deux objectifs : « donner à voir l’ancienneté et la continuité de l’État marocain en faisant des Idrissides, notamment Idriss I et II ses fondateurs et de Fès son premier centre, tout en exaltant l’identité marocaine ».
Cette histoire n’est pourtant qu’un simple « mythe », soutient l’historien, qui a tenté dans une conférence organisée par les Alumni de ScPo de déconstruire ce récit et reconstituer l’histoire des Idrissides et de la fondation du Maroc. Une reconstitution qui ébranle toutes nos certitudes et l’ensemble des idées reçues sur Moulay Idriss et sa dynastie et dans laquelle l’historien s’appuie sur des sources diverses.
De la documentation médiévale d’abord : des récits et chroniques de l’époque, des recueils biographiques et de poésie et une partie de la correspondance d’Idriss qui a été découverte et publiée par Abdelouahab Benmansour, historiographe du Royaume de 1961 à 2008. Ainsi que sur des sources matérielles : des preuves archéologiques, des inscriptions épigraphiques, des épitaphes, de la numismatique…
Aux origines du mythe : les Mérinides et le mouvement national
Une reconstitution selon laquelle Idriss n’est pas véritablement celui que l’on connaît, le fugitif arabe venu se réfugier dans une terre lointaine fuyant la persécution des Califes d’Orient. Et n’est ni le fondateur d’un quelconque Etat dans ce territoire qu’est le Maroc actuel, et encore moins le propagateur de l’Islam Malékite, Achaarite et Soufi, doxa actuelle du Royaume.
La première réplique qui vient à l’esprit, c’est: qui a fabriqué ce « mythe » et dans quel objectif ? Et surtout pourquoi cette légende a perduré jusqu’à aujourd’hui ?
Pour Nabil Mouline, cette légende a émergé en deux temps. Une première fois entre le 13e et les 14 e siècles. Et la seconde fois, plus récente, durant la première moitié du 20e siècle. D’où sa longévité et son ancrage dans l’imaginaire populaire.
L’histoire d’Idriss commence sous les Mérinides au 13e siècle. Arrivés au pouvoir presque par hasard selon Nabil Mouline, les souverains mérinides essaient de se légitimer en encourageant la réécriture de l’histoire du Maroc.
Pour légitimer leur pouvoir face aux Almohades, dynastie fondée par un « Al Mahdi » (Al Mahdi Ibn Toumert, qui revendiquait le statut religieux de messie) et qui avait selon l’historien un véritable projet de société, les Mérinides essaient de s’accrocher à une figure chérifienne pour se donner une stature religieuse et une légitimité pour exercer le pouvoir.
Ils trouvent en Idriss, descendant du prophète, un point d’ancrage parfait. C’est d’ailleurs en 1316 sous l’ère des Mérinides, que les tombes d’Idriss Ier et de son fils sont miraculeusement découvertes, dans des mises en scène assez spectaculaires, raconte Nabil Mouline. Des rituels sont créés autour des deux personnages, donnant ainsi une légitimité religieuse aux Mérinides et un nouveau statut à Fès, qui devient pour la première fois la capitale du Maroc.
Ils en font également le premier propagateur de l’Islam Sunnite-Malékite-Achaarite-Soufi pour faire coller la fondation du Maroc au dogme porté par leur dynastie, ce qui représente un flagrant anachronisme selon Nabil Mouline, puisque le Malékisme, l’Achaarisme et le Soufisme ne sont formulés qu’au 10e siècle, soit deux siècles après la mort d’Idriss 1er et d’Idriss II. Et qu’Idriss et son fils étaient selon lui, des « proto-chiites Zaydites notoires »… Une identité que la légende mérinide efface tout simplement.
Cette entreprise de réécriture de l’histoire par les Mérinides est soutenue, ou en tous les cas n’est pas contredite, par les oulémas de l’époque, encore moins par les chefs des Zaouiya, les confréries soufies. Puisque ces deux pôles de pouvoir du Maroc étaient de fidèles alliés de la nouvelle dynastie et ce nouveau « Chérifisme » construit par les nouveaux souverains du Maroc arrangeait bien leurs intérêts. L’époque connaîtra d’ailleurs une inflation de « Chrifs » un peu partout dans le Royaume, notamment dans les confréries Soufies, dont beaucoup ont commencé à se réclamer (et se réclament toujours) descendants de Moulay Idriss et du…prophète.
Le mythe continue sous les Saâdiens, également des Chrifs, et les Alaouites. C’est d’ailleurs Moulay Ismail qui érigera, raconte l’historien, le fameux mausolée de Moulay Idriss en 1722. Mais la légende telle qu’elle nous est parvenue a été consolidée au début du 20e siècle par des figures intellectuelles du nationalisme marocain, comme Allal El Fassi, Abdelhadi Boutaleb, Abdelhadi Tazi et d’autres…
« La figure d’Idriss remplissait toutes les conditions d’un fondateur mythique de l’Etat marocain. Conditionnés par un contexte dominé par l’arabité et le panislamisme, certains membres du mouvement national ont jeté tout naturellement leur dévolu sur Moulay Idriss pour prouver l’ancienneté de l’Etat marocain et créer ainsi un mythe fondateur à la nation », explique l’historien.
Un choix qui a été confirmé, selon lui, par le discours officiel, même après l’indépendance, et ce malgré le changement de contexte et le développement de nos connaissances sur le sujet.
Un phénomène de création de toutes pièces d’un récit national magnifié qui n’est pas que marocain, explique l’historien. Puisque cette pratique a commencé en Europe, dès le 16e siècle, avec la création des Etats-nations, des entités abstraites qui devaient se doter d’un mythe fondateur, d’un roman national, pour fédérer des populations hétérogènes et montrer l’ancienneté et l’enracinement de ces entités nouvellement créées dans l’histoire.
« Touchés par ce phénomène au début du 20e siècle, certains intellectuels marocains essaient tant bien que mal de doter également le pays de mythes fondateurs, d’une panoplie de récits fabuleux qui ont pour objectif de légitimer l’ordre établi et de prouver l’ancienneté de l’entité marocaine, alors malmenée par les occidentaux et bientôt mise sous tutelle. C’est dans cette dynamique que l’épopée d’Idriss est instituée comme point de départ de l’histoire de notre pays », raconte Nabil Mouline.
Idriss, un révolutionnaire d’Orient qui se retrouve par dépit au Maroc
Si Idriss n’est pas celui que l’on nous présente, qui est-il alors ? Qu’est-il venu faire au Maroc ? Et quelle trace y a-t-il réellement laissé au-delà du mythe du père fondateur ?
La réponse se trouve en Orient, selon Nabil Mouline, dans les luttes de pouvoir entre Ahl Al Bayt (les descendants du prophète à travers son cousin Ali et sa fille Fatima) et les Califes Omeyyades puis Abbassides.
Ahl Al Bayt, Idriss en faisait partie. Né à Médine, il est un descendant direct d’Ali et de Fatima, et un des frères du célèbre Imam des Zaydites (une des branches les plus actives des partisans de Ali), Mohammad Ibn Abdallah Nafs Al Zakiya.
Contestant comme ses aïeux le pouvoir des Omeyyades, ce dernier reprendra le flambeau de la lutte pour le Califat. Ses frères font partie du mouvement et sont envoyés comme propagandistes aux quatre coins de l’Empire pour faire soulever les populations et les faire joindre à la cause de l’Imam. C’est là que Idriss visitera, comme le raconte Nabil Mouline, le Maghreb pour la première fois. C’était en 750, soit une trentaine d’années avant sa supposée installation au Maroc et la fondation dans ce territoire d’un nouvel Etat.
Comme toutes les tentatives de révolution des partisans de Ali, l’action menée par Mohammad Ibn Abdallah Nafs Al Zakiya échoue. Et la révolte Zaydite est écrasée rapidement par le Calife abbasside Abou Jaafar Al Mansour.
Ses successeurs poursuivent cette entreprise, même après l’accession au Califat des cousins des Zaydites, les Abbassides. Après plusieurs tentatives de révolte, matées par les Abbassides, et des massacres perpétrés contre Ahl Al Bayt, seuls quelques descendants de Ali arrivent à survivre, dont Yahya et Idriss, les deux frères de Nafs Al Zakiya.
Aînés des Alides, Yahya est proclamé nouvel Imam en 787, prépare une nouvelle grande révolte et dépêche pour cela des propagandistes dans toutes les régions de l’empire, dont son petit frère Idriss qui sera envoyé une deuxième fois au Maghreb pour soulever une armée et chercher des soutiens à cet énième projet révolutionnaire. Une mission où il essuiera échec sur échec, comme le raconte Nabil Mouline.
« Une fois chargé par son frère d’aller au Maghreb, Idriss se rend d’abord en Egypte, puis à Tripoli, en Libye actuelle, où il mobilise des troupes pour s’emparer de Al Qayrawan, capitale du Maghreb à l’époque. Mais le gouverneur Abbasside réussit facilement à le chasser. Idriss se réfugie alors à Jebel Nefoussa, en Libye actuelle, pour reproduire la même chose. Il échoue une nouvelle fois et s’installe avec ses hommes à Miliana, en Algérie actuelle, avant d’être expulsé par un émir local Roustoumi vers la terre que les géographes musulmans appelaient Al Maghrib Al Aqsa, le far west de l’époque. Il ressort de ce qu’il précède que Idriss n’a jamais été un fugitif ou un solitaire, mais un envoyé officiel de l’Imam Zaydite, soutenu par un réseau de partisans et de sympathisants », explique l’historien.
C’est ainsi que Idriss débarque au Maroc, une terre qui, selon Nabil Mouline, ne lui est pas inconnue, et où il arrive, selon lui, par dépit, car ce n’était pas sa destination initiale. L’homme s’installe avec ses hommes à Volubilis où il essaie tant bien que mal de poursuivre sa mission : amasser des ressources et soulever une armée pour revenir en Orient et aider son frère Yahya à conquérir le Califat.
Le Maroc de l’époque n’est pas terra nullius
En arrivant au Maroc, Idriss n’arrive pas non plus dans un no man’s land. Le pays où l’Islam est déjà une religion connue et pratiquée après la conquête omeyyade est constitué de plusieurs émirats rivaux. Des émirats qui sont aussi totalement indépendants du Califat d’Orient après la révolte des élites et de la population marocaine contre le régime répressif des Omeyyades en 740.
« Quand le pays se détache du califat d’Orient, il entre dans une nouvelle phase caractérisée par une grande pluralité politico-religieuse. Plusieurs entités rivales émergent dans les différentes régions du Maroc. La plus ancienne est celle des Banu Salih dans la région d’Al Hoceima, les Beni Nekkour, fondée en 740. C’est le plus ancien émirat Sunnite du Maroc. Il y a aussi les Banou Midrar, des proto-kharijites qui contrôlent le sud-est du Maroc, à travers Tafilalet ; les proto-chiites Bajaliya dans la région du Souss, à partir de Taroudant ; les mu’tazilites dans la région d’Oujda et de Tadla… Mais surtout les Berghwatas, entité très importante qui a régné sur les plaines atlantiques du Maroc entre le 8e et le 11e siècles. Idriss n’est pas donc installé dans un terra nullius pour fonder le premier Etat musulman du Maroc. Mais a plutôt rejoint une sorte d’incubateur politico-religieux… », insiste Nabil Mouline.
Selon lui, Idriss arrive à recevoir le soutien, vers 788, des chefs de la tribu des Awrabas. D’autres tribus vont rejoindre son mouvement petit à petit. Mais les sources de l’époque ne parlent pas, précise l’historien, de Beyaa (allégeance), mais simplement de direction militaire. « Ils en ont fait un moqaddam, un devancier, un chef militaire qui commande les troupes. Ce qui montre bien le véritable statut d’Idriss au sein d’une partie du nord du Maroc », précise l’historien.
Grâce à ce soutien, le propagandiste oriental entreprend des opérations militaires au nord et au sud du Maroc, raconte Nabil Mouline, pour accumuler des ressources dans l’objectif de réaliser son objectif de départ : revenir en orient à la tête d’une armée pour s’emparer du califat. Une ambition qui devient très clair en 789 quand il s’empare de Tlemcen, envisage d’envahir l’émirat Roustoumi, dans l’ouest de l’Algérie actuelle, prend contact avec les chefs des tribus de Ifriquia (la Tunisie) et correspond avec les propagandistes en Egypte pour coordonner leurs actions… « Idriss est corps et âme en Orient. Pour lui, le Maroc n’est qu’une base arrière qui lui permet de prendre l’élan nécessaire pour revenir chez lui et en découdre avec ses cousins rivaux les Abbassides », selon l’historien.
Un projet qui prendra fin quand le Calife Haroun Arrachid, inquiété par les développements que connaissent les provinces du Maghreb, décide de prendre le taureau par les cornes. En rétablissant d’abord de l’ordre dans Ifriquia (la Tunisie) dont il fera une zone tampon entre le Machreq et le Maghreb. Et puis en commanditant l’assassinat d’Idriss, le chef des rebelles. Assassinat qui sera exécuté par un des agents du Calife, Souleymane Ibn Jarir, dit aussi Achammakh, qui réussira à empoissonner Idriss vers 795.
« Malgré les incertitudes qui entourent son parcours, il est clair qu’Idriss n’a jamais essayé de créer un Etat au Maroc ou à y propager l’Islam. Il voulait uniquement thésauriser le maximum de ressources pour repartir en Orient et s’emparer du califat. Son assassinat va mettre fin à ce projet », raconte Nabil Mouline.
Idriss II, l’enfant miraculé qui veut poursuivre l’œuvre du père
Mais l’histoire ne s’arrête pas là pour autant. Car quelques temps après sa mort, un miracle va se produire : la naissance de son fils, Idriss II, un « Ragued » (enfant dormant), comme le dit l’expression populaire, mis au monde par « Kenz », une concubine ibérique d’Idriss, que l’histoire officielle appellera « Kenza », et fera d’elle une princesse amazighe de la tribu des Awraba.
« Les soutiens d’Idriss décident de continuer la lutte pour préserver leurs intérêts politiques temporels, surtout que l’une de ses concubines met au monde un fils miraculé. Il s’agit de la fameuse Kenza, dont on ne connaît rien. La plus ancienne source qui en parle est une source du 10e siècle, Ibn Al Faqih Al Hamdani, qui évoque une certaine Kenz, et pas Kenza. Et parle surtout d’une concubine et non d’une princesse marocaine, comme plusieurs autres sources du moyen âge. Reprenant ces sources, Léon L’africain raconte d’ailleurs que Kenz est d’origine ibérique, wisigothe ou basque et non amazigh. Le prénom Kenza n’apparaît que plus tard, sous la plume d’un généalogiste de la cour alaouite du 17e siècle, qui crée le mythe de Kenza, princesse Awrabite qui donne naissance à Idriss II », raconte l’historien.
Entre-temps, la plateforme zaydite se transforme progressivement en un émirat local qui n’a pas plus d’importance que ses voisins, poursuit Nabil Mouline. Une entité qui sera dirigée par deux obscurs chefs après la mort d’Idriss, puis par Idriss II entre 806 et 828 et ne restera unifiée que pendant une petite vingtaine d’années.
« Idriss II va s’inscrire dans la continuité de l’idéologie du père. Il se réclamait Mahdi, considérait que Ali était le digne successeur du prophète et continuait de professer des doctrines et des pratiques que l’on peut qualifier aujourd’hui d’hétérodoxes. L’entité Zaydite va d’ailleurs se fragmenter rapidement en une multitude de cités-États sans véritable envergure ou importance. L’historiographie locale et étrangère n’a pendant de longs siècles accordé aucune importance aux entités politiques Idrissides jusqu’à ce que les Mérinides ne s’emparent de cette histoire et la réécrivent complètement », précise Mouline.
Quant à Fès, présentée dans l’histoire officielle comme la première capitale du Royaume et de la supposée dynastie Idrisside, elle n’a à l’époque, selon Nabil Mouline, aucune existence.
« Les plus anciennes sources, notamment épigraphiques et pièces de monnaie, ne parlent pas de la ville de Fès entre le 8e et le 10e siècle, mais d’une ville qui s’appelle Al Aliya, du nom de Ali. Il s’agit de la rive gauche de l’actuel Fès. La ville de Fès n’émerge que progressivement entre le 10e et le 11e siècle. Entre le 8e et le 10e, il existe à l’emplacement de Fès, deux villes distinctes, avec leur propre enceintes, leur propres mosquées cathédrales qu’on va baptiser plus tard Al Qarawiyine et Al Andalus, avec deux émirs indépendants les uns des autres. Ce n’est qu’au 10e siècle sous les Zanatides que la ville va commencer à être unifiée politiquement, le minaret d’Al Qarawiyine date d’ailleurs de cette époque-là. Et ce n’est en fait que sous les Almoravides que la ville prend sa forme actuelle, unifiée, grâce à une Fatwa du grand-père d’Ibn Rochd. Comme toutes les agglomérations, la ville de Fès a été construite sur plusieurs générations. Elle n’est pas l’œuvre d’un fondateur mythique, explique Nabil Mouline.
Les Almoravides : le vrai moment fondateur de l’Etat marocain
Pour lui, la première vraie capitale de l’Etat marocain tel qu’on le connaît aujourd’hui est Marrakech et non Fès. Ce qui place la fondation de l’Etat marocain au moment de l’émergence des Almoravides au 11e siècle.
« D’un point de vue strictement historique, notre histoire n’a pas de point de départ. Elle est pluri-centrique. Elle a commencé en plusieurs lieux, en plusieurs moments, mais elle a convergé vers un point au 11e siècle, vers une nouvelle forme de domination, à travers un nouveau régime politique : l’empire. Le moment fondateur de l’histoire du Maroc qui peut faire consensus, c’est l’empire Almoravide. C’est la première entité qui a des ambitions monopolistes, centralistes, dans le domaine politique, religieux, culturel et administratif, avec une capitale. Notre première capitale nationale, ce n’est pas Fès, c’est Marrakech. Et ce moment fondateur va être poursuivi au moins sur un millénaire par les autres dynasties », explique l’historien, qui évoque un deuxième moment fondateur : la création du Makhzen.
« Il y a un second moment fondateur, celui qui voit la naissance de l’outil de domination qui a longtemps régné au Maroc et qui influe toujours sur nos vies quotidiennes : la naissance du Makhzen au 16e siècle sous le sultan Ahmed Al Mansour Eddahbi, qui est le véritable fondateur de la monarchie marocaine telle qu’on la connaît aujourd’hui », conclut-t-il.
Un riche exercice de reconstitution de l’histoire dont on peut tirer selon lui deux principaux enseignements :
1-L’histoire du Maroc est plurielle et ne connaît pas véritablement de point de départ. Elle est au contraire faite d’influences, d’apports, d’augmentations perpétuelles.
2-L’histoire du Maroc ne s’est pas construite dans une continuité politico-religieuse depuis le 8e siècle. C’est une histoire qui s’est faite en zig zag et est davantage composée de discontinuité que de continuité, notamment dans le domaine religieux.
Le 28/04/2021
Source web Par : medias24
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