Maroc/ Sénégal : Affermir des relations bilatérales exceptionnelles
Liés par une amitié viscérale, le Maroc et le Sénégal veulent hisser leurs relations à un niveau exemplaire, après l’ouverture du consulat à Dakhla et la signature de plusieurs accords de coopération. Une nouvelle étape dans une relation jugée exceptionnelle.
« Vive le Maroc et vive l’amitié entre le Maroc et le Sénégal », ces mots prononcée par la cheffe de la diplomatie sénégalaise résument parfaitement la relation fraternelle qui relie les deux pays et qui n’a pas tardé à se concrétiser dans la plus belle des façons au Sahara marocain. Après plusieurs mois d’attente, le Sénégal a ouvert son consulat à la ville de Dakhla, entrant ainsi dans le club des vingt-un pays qui ont établi leurs consulats dans les provinces du Sud et officialisant expressément leur reconnaissance formelle et sans équivoque de la marocanité du Sahara. Parmi ces derniers, figurent plusieurs pays arabes tels les Emirats arabes unis, le Bahreïn, la Jordanie, ainsi que plusieurs Etats africains tels la République démocratique du Congo, la Côte d’Ivoire et le Djibouti. Lors d’une cérémonie tenue lundi, le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale Nasser Bourita, accompagné de son homologue sénégalaise Aïssata Tall Sall, ont inauguré le siège du nouveau consulat de la République du Sénégal, dans le quartier appelé par certains « diplomatique », car plusieurs sièges consulaires inaugurés récemment comme ceux de Djibouti, de la Gambie et de la RDC, y sont concentrés.
Un consulat destiné à soulager le consul de Casablanca
L’élargissement du réseau consulaire du Sénégal au Maroc est une bonne nouvelle pour la communauté sénégalaise établie au Sahara, dont plusieurs personnes nous ont exprimé leur joie quant à l’ouverture d’un nouveau consulat qui leur sera d’une utilité très importante. C’est une autre façon, également, de rapprocher les services consulaires des ressortissants sénégalais résidant au Maroc. « Il s’agit de répondre aux besoins de nos concitoyens au Maroc et trouver des solutions à leurs problèmes et leurs préoccupations », a indiqué la ministre sénégalaise des Affaires étrangères Aissata Sall Tall, ajoutant que le consulat général établi à Casablanca est désormais soulagé.
Sahara : le Sénégal a toujours soutenu le Maroc
La décision de l’ouverture d’un consulat à Dakhla a été prise dès le mois de février par le président Macky Sall. Le ministre des Affaires étrangères Nasser Bourita a rappelé que le président sénégalais a fait part à SM le Roi Mohammed VI de sa volonté d’ouvrir une nouvelle représentation consulaire dans les provinces du Sud, avant de faire le choix de Dakhla. Il s’agit de l’aboutissement d’une relation exceptionnelle entre les deux pays, qui dure depuis leur indépendance, vu les rapports privilégiés qu’entretiennent les chefs d’Etat des deux pays, depuis longtemps, et leur proximité culturelle et religieuse.
« Le Sénégal occupe une place spéciale dans le cœur du Maroc, a confié Nasser Bourita, ajoutant que le Sénégal, d’un geste souverain, a réitéré son soutien indéfectible à la marocanité du Sahara, qu’elle considère comme sa « cause nationale ». En effet, le pays de Leopold Sédar Senghor l’a démontré à maintes reprises, y compris à l’Union Africaine en étant parmi les plus ardents défenseurs du retour du Maroc à l’Union en 2017 et en défendant les positions du Royaume dans les institutions panafricaines. En témoigne le soutien du Sénégal au Maroc lors du dernier Conseil de Paix et de Sécurité. En dépit des tentatives de l’Algérie et du Kenya d’impliquer de nouveau l’UA dans le dossier du Sahara, la diplomatie sénégalaise est restée inflexible et attachée à la Résolution 693 de l’UA qui reconnaît la compétence exclusive des Nations Unies dans le règlement du conflit.
Renforcement de la coopération bilatérale
La cérémonie d’ouverture du nouveau consulat sénégalais a été l’occasion de renforcer la coopération entre les deux pays, déjà étoffée d’une centaine d’accords bilatéraux, comme l’a indiqué la ministre des Affaires étrangères sénégalaise Aïssata Tall Sall, lors de la conférence de presse, suivant la cérémonie d’inauguration du consulat. En effet, trois accords ont été signés dont un accord sur la coopération en matière de décentralisation. Les deux pays s’y sont engagés à concrétiser à établir des relations de jumelage entre leurs collectivités territoriales, tout en multipliant les échanges d’expériences et de connaissances en matière de gouvernance locale et de gestion de proximité des entités décentralisées. Les Technologies de l'Information et de la Communication ont également fait l’objet d’un accord qui porte sur le renforcement du partenariat dans le développement numérique dans le domaine de l’enseignement et de la gouvernance. En sus, les deux pays ont signé également un Mémorandum d’entente relatif à la coopération technique dans le domaine de l'aviation civile.
Ces nouveaux accords portent implicitement sur le développement de la formation dans les domaines précités, le Maroc parie sur la formation, qu’elle soit universitaire, professionnelle ou religieuse, comme un élément déterminant dans sa politique africaine. Un objectif qu’avait rappelé le ministre des Affaires étrangères Nasser Bourita lors d’une conférence de presse tenue le 19 mars, au siège du ministère. En plus des bourses accordées aux étudiants (un quota de 170 places réservées aux Sénégalais), le Maroc s’occupe de la formation des imams sénégalais dans l’Institut Mohammed VI, compte tenu de son modèle d’islam modéré, qui intéresse plusieurs pays subsahariens.
Par ailleurs, la relation entre le Maroc et le Sénégal ne saurait être comparée avec les autres pays. Les deux pays sont reliés par une véritable association en vertu de la convention de Dakar de 1964, qui reconnaît des droits exceptionnels aux ressortissants sénégalais au Maroc, en matière d’emploi, d’éducation. « Les nationaux de chacune des parties pourront accéder aux emplois publics dans l'autre Etat dans les conditions déterminées par la législation de cet Etat », stipule la convention. En plus de ça, les deux pays se reconnaissent mutuellement le droit d’accès à la Fonction publique pour leurs ressortissants, ce qui signifie qu’un Sénégalais peut être fonctionnaire au Maroc selon des conditions fixées par le législateur marocain. Il en est de même pour les Marocains au Sénégal.
Par ailleurs, le Sénégal est considéré par le Maroc comme une porte d’entrée en Afrique subsaharienne et dans le marché d’Afrique de l’Ouest. Le Royaume compte également sur Dakar pour faciliter son adhésion à la Communauté économiques des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), sachant que le Maroc n’y a pas encore pris part officiellement quoiqu’il ait obtenu un accord de principe de la part des Etats membres. Des questions techniques et juridiques restent à résoudre, nous a expliqué l’ambassadeur du Sénégal au Maroc, M. Ibrahim Al Khalil Seck, précisant que les Etats membres ont commandité une étude supplémentaire pour plus d’informations sur l’adhésion du Maroc. Une sorte d’étude d’impact.
Des relations économiques en progression
Le Sénégal est un partenaire important du Maroc en Afrique subsaharienne, qui reste le premier client du Royaume en Afrique de l’Ouest, en absorbant plus de 21% des exportations du Royaume, selon les statistiques de l’Office des Changes. Les flux commerciaux entre les deux pays ont progressé de manière fulgurante durant les deux dernières décennies, enregistrant une croissance annuelle de 18,5%. Sur le plan des investissements, un effort reste à faire malgré les multiples accords signés lors des tournées royales, le Sénégal absorbe seulement 6% des IDE marocains à destination de l’Afrique subsaharienne. Pourtant, les investisseurs marocains sont accueillis à bras ouverts sur le marché sénégalais. Le Maroc reste fortement présent dans les secteurs du logement, des télécommunications et dans le secteur bancaire. Le Groupe Addoha a décroché plusieurs contrats de construction de complexes de logement social, de leur côté, les banques marocaines sont fortement enracinées au Sénégal, en l’occurrence la BMCE Bank Of Africa y est présente depuis 2003 et Attijari WafaBank depuis 2006.
Le 7 Avril 2021
Source web Par : lopinion
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