#MAROC_ nouveau_modèle_de_développement_marocain : Le nouveau modèle de développement marocain : Enjeux politico-administratifs
Celui-ci est aujourd’hui placée au centre du débat consacré à la lutte contre les inégalités sociales et la pauvreté. Il en résulte que la question des liens causaux existant entre les formes institutionnelles de l’Etat et le développement socio-économique devrait être abordée avec une prudence analytique qui tient compte de toute la différence qui distingue les pays développés des pays sous-développés.
La relation entre le développement et la nature de l’Etat se pose à partir de la vision qui s’interroge sur l’efficacité et l’efficience de l’action publique. Celle-ci est aujourd’hui placée au centre du débat consacré à la lutte contre les inégalités sociales et la pauvreté. Il en résulte que la question des liens causaux existant entre les formes institutionnelles de l’Etat et le développement socio-économique devrait être abordée avec une prudence analytique qui tient compte de toute la différence qui distingue les pays développés des pays sous-développés.
*Par Hassan Zouaoui
Ainsi, la question du développement dans le monde arabe a fait appel aux théories de l’économie politique notamment la théorie de l’Etat rentier, élaborée par Luciani Giacomo. Pour ce chercheur, le caractère rentier de l’Etat arabe demeure un obstacle majeur à la réussite des stratégies de développement adoptées par les dirigeants arabes depuis l’indépendance.
Une telle hypothèse permet de rendre crédible la thèse selon laquelle les conditions historiques de la formation étatique du monde arabe sont d’ores et déjà une raison explicative de l’échec du développement, D’autant plus que cette question occupe aussi une place centrale dans le débat sur le modèle de développement au Maroc, ce qui a donné lieu à un certain nombre d’interrogations sur la capacité institutionnelle de l’Etat marocain à devenir un acteur « développeur ».
A cet égard, il importe de rappeler que le cahier revendicatif des manifestants dans le Rif ou dans les autres régions du Maroc porte essentiellement sur des demandes socio-économiques. Pour les manifestants, les inégalités socio-économiques ne sont plus une fatalité ; mais relèvent du désengagement de l’Etat en matière sociale et économique.
Il est à noter au fait que, ces manifestants tiennent aujourd’hui un discours contestataire qui met en cause le récit du développement socio-économique qui a été adopté par le pouvoir politique. L’on assiste désormais à deux versions contradictoires : celle, produite par le pouvoir qui insiste sur les acquis du processus de développement depuis la lancée de l’Initiative Nationale du Développement en 2005 ; et celle avancée par les « dominés » qui sont encore loin d’être satisfaits des résultats de ce processus.
La panne du développement socio-économique au Maroc nous renvoie ici à mettre l’accent sur la mauvaise gestion des affaires publiques ainsi que la vulnérabilité du système institutionnel marocain qui a du mal à fonctionner selon les principes de la gouvernance.
En effet, l’observation du terrain nous amène aussi à remarquer que par exemple, l’Initiative Nationale pour le Développement Humain (INDH) a obéi à des stratégies politiques dont l’objectif est de maintenir la société sous le contrôle des élites dépendantes de l’Etat/Makhzen. Ainsi, cela nous permet de concevoir le développement en termes de ressources rentières utilisées par certain nombre d’acteurs politico-administratifs dans le but d’élargir leurs réseaux clientélistes.
Depuis la marocanisation de l’économie nationale au début des années 1970, la logique « néo-patrimoniale » a façonné les structures politiques et sociales de l’Etat. Pour Driss Benali, l’Etat marocain en sa qualité de promoteur de l’économie, a réussi à développer une conception « patrimoniale » du secteur public, comme ensemble de titres et de faveurs accordés, en tant que biens propres à ses élites.
Ces éléments orientent la réflexion sur les ressorts économiques du Makhzen, ou plus exactement sur les freins à la gouvernance. Ils ancrent la tendance à voir également les pratiques d’appropriation économique comme des pratiques politiques définissant non seulement les contours de l’économie politique marocaine, mais aussi ceux de l’Etat-Makhzen.
Le débat sur le modèle de développement au Maroc qui est fort avancé aujourd’hui, suppose une large discussion sur la nécessité d’établir une rupture avec le caractère makhzénien qui empêche l’action publique et administrative de s’inscrire dans la logique wébérienne de producteur de règles abstraites et impersonnelles. Dans ces conditions, la dynamique du développement socio-économique est condamnée à rester orpheline, tant que la logique politique qui la sous-tend est imprégnée par des valeurs autoritaires.
Dans cette perspective, la problématique du développement souligne la centralité de la modernisation de l’action publique et de la conception du rôle social et économique de l’Etat marocain. Ce qui suggère que la réforme politico-administrative est censée impulser un processus de modernisation qui restitue à l’Etat sa plénitude dans la défense de l’intérêt général. Le but est de faire de cette réforme une stratégie de modernisation, fondée sur une approche « pragmatique » qui prend en compte l’évolution des demandes des citoyens.
Nous avons vu que la pandémie du coronavirus a clairement révélé la nécessité de réformer le rôle de l’Etat marocain notamment dans trois domaines respectifs : l’enseignement, la santé et la lutte contre la pauvreté. Comme elle a exigé une rupture avec le bricolage qui caractérise souvent la mise en œuvre des programmes de développement.
Malgré ses inconvénients sanitaires et socio-économiques, etc…, cette pandémie constitue ainsi une fenêtre d’opportunité pour entamer une nouvelle phase de réformes qui aura pour objectif la mise en place d’un Etat social très actif. Car ce dernier serait capable de gérer de manière très efficace les risques qui pourraient remettre en cause la sécurité et le bien-être de la société.
Le 13 octobre 2020
Source web Par : hespress
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