Situation épidémiologique : l’inquiétude grimpe au Maroc

Le «reconfinement» est visiblement écarté par les autorités marocaines, du moins pour le moment car personne ne peut prédire l’évolution de la situation épidémiologique. Il faut dire que la situation est déjà compliquée pour le secteur privé et pour les finances publiques à cause des séquelles économiques du confinement
La sérénité du gouvernement face à la situation épidémiologique, jugée «maîtrisable» il y a quelques jours, a cédé la place à l’inquiétude. Les hôpitaux du pays arriveront-ils à accueillir tous les cas graves si le nombre de contaminations continue de grimper ? Une question qui inquiète visiblement le gouvernement.
Le Maroc pourrait-il revenir au confinement? C’est un choix «difficile et douloureux», pour reprendre l’expression du ministre de la Santé, Khalid Ait Taleb. Le responsable gouvernemental a laissé entendre, lors d’un point de presse tenu lundi dernier, que les mesures récemment prises visaient justement à éviter cette option qui risque d’asséner un coup de massue à l’économie nationale. Le «reconfinement» est visiblement écarté par les autorités marocaines, du moins pour le moment car personne ne peut prédire l’évolution de la situation épidémiologique. Il faut dire que la situation est déjà compliquée pour le secteur privé et pour les finances publiques à cause des séquelles économiques du confinement. Selon les chiffres du ministère de l’Économie, des finances et de la réforme de l’administration, le confinement devrait coûter à l’économie marocaine 1 MMDH par jour de confinement, soit 0,1 point de PIB pour l’année 2020. Sur le plan budgétaire, le ralentissement économique devrait se traduire par un manque à gagner de recettes du trésor d’environ 500 MDH par jour pendant la période de confinement. Opter une nouvelle fois pour le confinement relèverait donc du suicide économique, d’après les experts.
Salves de critiques
Comment résoudre l’équation de la promotion de l’économie nationale tout en maîtrisant la situation épidémiologique? Le gouvernement, qui jubilait il y a quelques jours, affiche désormais son inquiétude à propos de la situation épidémiologique qui «n’est pas rassurante dans plusieurs villes», selon le ministre de la Santé. Confronté à une forte augmentation du nombre de contaminations à la Covid-19 au cours des derniers jours, l’Exécutif a décidé de fermer plusieurs villes, prenant de court les citoyens désireux de rejoindre leurs familles à l’occasion de Aïd Al Adha. Une décision jugée hâtive, vertement critiquée sur les réseaux sociaux et par l’opposition qui tire à boulets rouges sur la gestion gouvernementale de l’après-confinement. Une question se pose avec insistance: n’aurait-il pas mieux valu annuler l’Aïd pour éviter la panique sur les routes et les déplacements inutiles ? Pour Khalid Ait Taleb, la situation épidémiologique était maîtrisable. L’enjeu aujourd’hui est d’éviter le maximum de dégâts et la propagation du virus dans les villes et les campagnes où la situation épidémiologique est rassurante. «C’est pour cette raison qu’on n’a pas accordé de délai aux citoyens pour se déplacer, le but étant justement d’éviter les déplacements», dit-il. Une explication qui ne convainc manifestement pas l’opposition, comme en attestent les communiqués de certains partis politiques.
Insuffisance des RH
Le gouvernement craint une pression sur les hôpitaux à cause de l’augmentation du nombre de cas, notamment des cas graves. De plus en plus de patients sont admis dans les services de réanimation. La plupart d’entre eux sont des personnes âgées ou atteintes de maladies chroniques comme le diabète, l’hypertension, l’insuffisance rénale… Certains cas graves sont enregistrés parmi les jeunes n’ayant aucun antécédent médical. Personne n’est épargné, selon les spécialistes, qui tirent la sonnette d’alarme et appellent les citoyens, notamment les jeunes, à respecter les mesures préventives pour limiter la propagation du virus. Le Maroc, dont le système de santé pâtit de nombre de dysfonctionnements, risque d’être pris de court par une flambée des contaminations. Le ministre de la Santé estime que le problème réside dans la faiblesse des ressources humaines.
Depuis le début de la crise sanitaire en mars dernier, médecins et infirmiers sont sur le pied de guerre pour faire face à la pandémie. Aujourd’hui, ils sont essoufflés et doivent, malgré tout, gérer la fatigue et le problème de sous-effectif. Khalid Ait Taleb saisit chaque occasion pour jeter la lumière sur la problématique de l’insuffisance des ressources médicales. Le manque est en effet criant aussi bien en médecins qu’en infirmiers. Le Maroc ne dispose que de 1,65 personnel médical pour 1.000 habitants alors que le taux minimal exigé par les standards internationaux est de 4,45. Le déficit en médecins est de 32.387 dont 12.000 dans le secteur public. Celui en infirmiers et techniciens de la santé est de 64.774 dont 50.000 dans le secteur public. Ainsi, l’augmentation du nombre des postes budgétaires dédiés au secteur de la santé s’impose. En 2020, rappelons-le, quelque 4.000 postes budgétaires sont consacrés à la santé. Soulignons que ce secteur occupe, cette année, le troisième rang en termes de création de postes budgétaires derrière le ministère de l’Intérieur (9.104 postes) et l’Administration de la défense nationale (5.000 postes). Le gouvernement est très attendu sur ce dossier dans le projet de loi de Finances de 2021. L’Exécutif est par ailleurs appelé à contrer la fuite des cerveaux pour limiter les insuffisances en ressources humaines. Quelque 14.000 médecins marocains exercent à l’étranger dont 7.000 en France, selon le ministre de la Santé. Cet objectif ne pourra être atteint qu’en mettant en place un nouveau statut incitatif pour le personnel de la santé publique.
À cet égard, le financement est un élément clé. Le budget du secteur de la santé a certes connu des augmentations au cours des dernières années, mais il demeure insuffisant pour combler tous les besoins et redresser les dysfonctionnements qui minent le secteur.
Le 02/08/2020
Source Web Par Les Eco
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