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Covid Maroc : déconfiture ou hystérie sanitaire ?

Covid Maroc : déconfiture ou hystérie sanitaire ?

Le HCP et le Ministère de la Santé Publique nous avaient dressé des conditions drastiques au déconfinement, basées sur des modèles théoriques, projections et calculs dont on connait les limites, au moins parce qu’ils ne tiennent pas compte de l’écosystème microbien dans lequel vit une population, son immunité acquise, ses vaccinations, son écologie alimentaire … etc.

Malgré cela, les conditions étant remplies, les marocains croyaient sagement et fermement au déconfinement dans la journée du 10 juin, d’autant, comme dit l’autre, que nous avions battu le record de tous les confinements autour de la terre, et que le coût social, économique et financier plaidait pour une sortie urgente du confinement, chaque mois supplémentaire représentant une perte de PIB annuel de 2,5% selon les prévisions internationales.

A ce jour 11/06/2020, nous avons confiné, durant près de 3 mois, 35 millions d’habitants, pour 8 508 cas de Covid19, soit (0,024%) 2 ½ cas pour 10 000 habitants, et 211 décès, soit (0,0006%) 6 décès pour 1.000.000 d’habitants. Un peu mieux que la Corée du Sud, qui n’a pas confiné, au prix de plus d’un million de tests, et un port de masque très respectés.

On peut comprendre, que pris de court par ce qui se passait en Chine, puis en Europe … etc, le confinement rapide nous ait permis de gagner du temps pour nous organiser, augmenter nos capacités d’hospitalisation, notamment en réanimation. La réactivité mise à profit par ce confinement pour fabriquer les masques, les visières, les respirateurs … était géniale. 

Mais prolonger le confinement alors que le contrat édicté unilatéralement par le pouvoir a été rempli, que la pression sur les capacités hospitalières n’a pas eu lieu ! Le mieux est l’ennemi du bien, et la persévérance diabolique. Cette journée du 10 juin où on ne nous garde ni tout à fait confiné, ni déconfiné sera désormais célébrée chez nous comme un « poisson d’Avril ». L’expression marocaine est « la didi la hab lemlouk ».

Ne parlons pas de la zone 1, toute verte, qui devrait être totalement déconfinée, et n’aurait parfois même pas dû être confinée.

Où en sommes-nous en zone 2 rouge et orange ?

Quand l’Italie déconfine complètement avec plus de 200 nouveaux cas par jour, 676 cas critiques et autour 70 morts chaque jour, notre zone 2 produit moins de 80 nouveaux cas par jour, avec 15 cas critiques, et 1 à 2 décès tous les 2 jours, sans respecter à la lettre les mesures barrières.

Après un si long confinement, habituellement on trouve 1% de personnes infectées. Chez nous, même si le nombre d’habitants n’est pas à jour, il est au moins 10 fois moindre. A Casablanca sur 10.000 tests PCR ou RT-PCR, on trouverait 4 cas positifs et 9.996 négatifs, et la population aurait dépensé 5.000.000 DH. A Rabat sur 1.000 tests coutant 500.000 DH on trouverait 1 à 2 cas positifs, et 998 ou 999 négatifs… etc. Aux vues de ces chiffres, on pourrait remettre rapidement plus de 99% de la population au travail par un dépistage massif.

Comment baisser le coût et augmenter sa capacité en dépistage ?

L’objectif d’un dépistage est de protéger une population, non d’être une opération commerciale. Et nous savons que la meilleure façon de déconfiner repose sur un dépistage massif permettant l’isolement ciblée des cas contaminés. Mais la production des tests est limitée, et en deçà des besoins mondiaux.

Le 4 juin, notre ministre de la santé déclarait que le test PCR était gratuit. Et il avait autorisé le pooling : c’est-à-dire la pratique de tests regroupés. La taille maximale du pool à tester est égale à l’inverse de la prévalence. Si on compte large, 10 fois la prévalence actuelle (tableau ci-haut), en estimant à 1% la population infectée et méconnue, on pourrait dépister 100/1 = 100 personnes à l’aide d’un seul test, ce qui couterait 5 DH + le prix des écouvillons, disons 10 DH/personne. Si le groupe est négatif, on libère les 100 personnes. Le groupe pourraient être choisis dans une même usine, entreprise, quartier... etc.

Dans le cas contraire, si le test est positif, on subdivise successivement en sous-groupes de plus en plus petits, en libérant à chaque fois les négatifs, jusqu’à ce que l’on détermine la ou les personnes positives à isoler et mettre en quatorzaine. Dans tous les cas Le test PCR ne coûterait plus 500 DH, mais 10, 20, 30 ou 40 DH pour la majorité des gens, qu’ils soient employés, assurées, ou non. Il en est de même pour les tests sérologiques. En même temps on aura testé 100 fois, à 50 fois plus de gens.

Or les prix fixes publiés et facturés pour les tests demeurent inaccessibles pour la majorité des marocains :

    100 DH pour le test sérologique, qui détermine, à partir d’une petite goutte de sang prélevée sur la pulpe d’un doigt, si la personne a été en contact avec le virus, et si elle est immunisée.

    500 DH pour le test virologique, qui diagnostique la présence du virus (PCR ou en RT-PCR) dans le rhinopharynx, que l’on écouvillonne à l’aide d’une espèce de long coton-tige enfoncé profondément à travers les fosses nasales. Procédure de prélèvement largement médiatisée qui fait peur, et décourage la majorité des candidats éventuels. Autre inconvénient, encore faudrait-il être contaminé à l’instant T du test, car s’il est négatif, il n’augure pas de l’avenir, ni même du lendemain, et doit être répété.

.              Quelle est donc la solution la plus économique ?

     Déconfiner en veillant au port discipliné du masque ou de la visière (25 DH) pour ceux qui étouffent sous le masque: les pays asiatiques qui n’ont pas confiné, et affichent des chiffres très honorables, n’ont fait que cela et le dépistage de masse. Thaïlande, Taiwan, Hongkong, Corée du sud…etc.

    Opter dans un premier temps pour les tests sérologiques : Au lieu de continuer à financer les pertes d’emplois imposées par le confinement, l’état devrait financer les tests sérologiques, les rendre quasi-gratuits (10 à 20 DH) et obligatoires pour tous, quitte à leur appliquer la stratégie du pooling. D’autant qu’on a cru comprendre que beaucoup de marocains posséderaient une immunité croisée pour avoir rencontré de nombreux coronavirus moins méchants. Le test sérologique, très fiable, étant capable de différencier les anticorps produits en début de contamination, et ceux produits par la suite. On formerait 3 groupes : l’un immunisé à déconfiner immédiatement pour aller travailler, le 2ème négatif, devant refaire le test à quelques jours d’intervalle, le dernier en début d’infection, à soumettre au test virologique, en tous les cas à confiner.

    Adopter une stratégie de tests PCR groupés pour palier à leur coût et leur « rareté »  : Les cas symptomatiques très suspects de Covid19 continueraient à subir un test individuel à subventionner. Tous les autres pourraient subir un test groupé, et coûter 10 à 40 DH par personne.

    Préparer une stratégie différente pour le retour du virus en automne-hiver :  s’il se confirmait que la virose est bien saisonnière, un confinement comme on vient de subir dès le mois de septembre serait insoutenable. Il faudrait peut-être cibler seulement ceux qui, au plan prédictif, relèveraient de la réanimation, et qui y décèdent. En France par exemple ils sont pour 90% âgé de plus de 45 ans, présentant des comorbidités pour 66% d’entre eux, et sont à 53% des soignants.

Alors bien sûr la musique est difficile en matière de décisions politiques, surtout face à des informations chaque jour plus contradictoires les unes que les autres, comme par exemple la prétendue non contagiosité des personnes asymptomatiques. Mais « les extrêmes ne doivent pas nous toucher » comme dit le poète.  Ni confinement abusif. Ni principe de précaution excessif, ni écoute trop confiante de l’OMS qui rapporte les recrudescences dans les pays qui ont déconfiné (sans dépister massivement), après avoir commencé par dire que les masques et les tests systématiques ne servaient à rien.

Nous avons des exemples victorieux par des mesures claires et simples, et de l’autre côté des ruines économiques, des fractures sociales profondes. Une mondialisation de la colère, à laquelle personne ne sait répondre, et une saturation de l’espace médiatique par des fakes, des traitements et vaccins qui n’existent pas encore. Alors quoi, au Maroc on peut réussir le confinement et pas le déconfinement ?

Le 13/06/2020

Source Web Par Lopinion

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