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Le PDG de Lufthansa préfère la faillite à la tutelle de l'Etat

Le PDG de Lufthansa préfère la faillite à la tutelle de l'Etat

La compagnie allemande a comme Air France-KLM un besoin vital d'argent frais. Mais les conditions imposées par l'Etat fédéral pour obtenir un prêt de 9 milliards d'euros insupportent la direction, qui envisage désormais une faillite auto-administrée de la première compagnie aérienne d'Europe.

Avec la quasi-totalité de ses avions cloués au sol, Le groupe Lufthansa qui regroupe, outre la compagnie nationale allemande, celles de la Suisse (Swiss) de l'Autriche (Austrian Airlines) et de la Belgique (Brussels Airlines) a besoin d'argent frais. Alors, à l'instar d'Air France-KLM,  la première compagnie aérienne d'Europe a demandé l'aide des pouvoirs publics de son pays d'origine pour obtenir les liquidités lui permettant de faire face à l'arrêt du trafic et à une remontée en puissance qui s'annonce lente.

Selon Business Insider, la somme en jeu évoquée dans les discussions est importante: 9 milliards d'euros. Il faut dire qu'en ce moment, l'entreprise perd 1 million d'euros… par heure !

Et si l'entreprise disposait d'un matelas de 4,4 milliards d'euros, la trésorerie s'épuise à la vitesse de la lumière. Lufthansa ne pourra envisager une potentielle relance sans aide publique, en premier lieu celle de Berlin.

Sauf que cette fameuse aide se monnaye fort du côté de la chancellerie. Si fort que les dirigeants auraient tout simplement refusé les conditions proposées par le gouvernement fédéral, selon le quotidien Süddeutsche Zeitung. En acceptant le deal, le groupe, qui ne possède qu'un seul actionnaire de référence (le milliardaire Heinz Hermann Thiele avec 10% des parts) verrait ainsi l'Etat allemand entrer avec fracas dans l'entreprise: 25% du capital ainsi que deux postes au conseil de surveillance, synonyme de minorité de blocage.

En échange, le groupe recevrait bien ses 9 milliards d'euros sous forme de prise de capital et de prêt… avec un taux d'intérêt fixé à 9%, ce qui représenterait 500 millions d'euros de coûts supplémentaires par an.

Le bluff de la faillite ?

Des conditions inacceptables pour la compagnie qui a toujours pris soin de garder l'Etat loin de sa gestion. Dans une interview accordée à Die Zeit, le patron Carsten Spohr a d'ailleurs rappelé tout le mal qu'il pensait de l'interventionnisme étatique. "Lufthansa a connu les trois meilleures années de son histoire d'entreprise. Si elle veut réussir à l'avenir, elle doit continuer de pouvoir façonner son sort de manière entrepreneurial" a-t-il expliqué, soulignant que "si la République fédérale voulait exercer trop d'influence sur les tâches opérationnelles, le gouvernement autrichien pourrait exiger cela aussi, mais peut-être aussi que la Suisse, la Belgique, la Bavière ou la Hesse le demanderaient…"

Pour éviter cela, Lufthansa envisage donc un plan B: une procédure de faillite dite du "bouclier de protection". Il s'agit d'une procédure spécifique du droit allemand, destinée aux entreprises en bonne santé connaissant un imprévu soudain, qui les contraint à se restructurer. Sauf que cette procédure est allégée et peut même être auto-administrée.

Reste que la compagnie y perdrait beaucoup de plumes et n'a même pas les liquidités pour l'assurer sereinement. La manœuvre pourrait plutôt servir à tempérer les ardeurs de l'Etat allemand, qui a tout intérêt à sortir la compagnie de ce mauvais pas. De son côté, Lufthansa n'a peut-être plus les armes pour se battre.

Source web par : msn

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