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Des gravures vieilles de 15000 ans découvertes dans une grotte en Espagne

Des gravures vieilles de 15000 ans découvertes dans une grotte en Espagne

Dans des zones inexplorées de la grotte Cova de la Font Major, plusieurs figures rupestres sont apparues dont ce cheval. © Josep Maria Vergès/IPHES

Des chercheurs ont annoncé avoir découvert "un sanctuaire paléolithique" dans une petite commune de Catalogne en Espagne. Une grotte abritant plus d'une centaine de gravures figuratives et abstraites qui remonteraient à environ 15.000 ans.

Sur une paroi, dans un renfoncement, la silhouette d'un cheval se dessine sur la roche. A quelques mètres plus loin, plus près de la voûte, une gravure semble suivre les contours d'un animal à cornes - sans doute un boeuf. C'est un vrai trésor tout droit venu du Paléolithique que des chercheurs viennent de mettre en lumière en Espagne.

Dans la petite commune de L'Espluga de Francolí en Catalogne, ils ont découvert plus d'une centaine de figures rupestres qui remonteraient à environ 15.000 ans. C'est en octobre 2019 suite à une tempête de pluie ayant provoqué d'importantes inondations dans la région que des spécialistes de l'Institut catalan de paléoécologie humaine et d'évolution sociale (IPHES) ont entamé de nouvelles fouilles archéologiques.

Ils ont notamment visité des zones inexplorées - car exiguës et difficiles d'accès - d'une grotte découverte en 1853 appelée Cova de la Font Major. C'est là que les représentations sont apparues, livrant ce que l'IPHES a décrit comme un "sanctuaire paléolithique" et une "découverte exceptionnelle" qui marque "une avancée dans l'histoire de l'archéologie catalane", selon l'agence EFE.

Des gravures figuratives et abstraites

Grâce à la technologie 3D et d'autres techniques avancées, les spécialistes ont pu documenter les nouvelles figures. Toutes ont été gravées dans la roche tendre et sablonneuse des parois de la grotte mais les représentations montrent une certaine variété. Plusieurs ne sont que des symboles ou des formes abstraites tandis que d'autres laissent voir des tracés figuratifs d'animaux dont des chevaux et des cerfs.

A partir de leur style, les scientifiques ont déterminé que la plupart des représentations peuvent être attribuées au Paléolithique supérieur et plus précisément à la période dite magdalénienne, il y a environ 15.000 ans. Néanmoins, ils ont avancé que certaines pouvaient être légèrement plus anciennes et d'autres plus récentes, remontant peut-être au Néolithique, soit autour du VIe siècle avant notre ère.

La découverte d'art rupestre est loin d'être inédite en Espagne. Le pays comporte de nombreux exemples de grottes ornées il y a plusieurs milliers d'années. Ceux-ci forment même un ensemble désigné sous le nom de "art rupestre du bassin méditerranéen de la péninsule ibérique" et classé au patrimoine mondial de l'Unesco depuis 1998.

Cet ensemble comprend un peu plus de 750 sites répartis à travers six communautés autonomes dont l'Andalousie et la Catalogne. Daté de 10.000 à 4.000 ans avant notre ère, il est cependant bien plus récent que l'art rupestre mis au jour dans la Cova de la Font Major qui pourrait être le plus vieux connu en Catalogne, se réjouit l'IPHES dans un article.

"Lorsque j'ai vu le cheval, j'ai réalisé que nous venions de toucher le gros lot. Avec une certaine incrédulité. Parce qu'en Catalogne, il n'y a rien en termes d'art paléolithique. Il n'y avait rien jusqu'ici", a confirmé dans un entretien accordé à El Punt Avui, Josep Maria Vergès, archéologue de l'IPHES qui a dirigé les recherches.

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En plus des gravures figuratives, les parois de la grotte comportent aussi des formes plus abstraites comme celles-ci. - Josep Maria Vergès/IPHES

Le nombre et la qualité des gravures ajoutent encore au caractère exceptionnel de la découverte. "La seule chose que nous avions de l'art rupestre pariétal était des figures isolées", a poursuivi le spécialiste. Un boeuf par-ci, un cerf par-là, des lignes entrecroisées à un autre endroit... A l'inverse, c'est ici un ensemble bien plus complet de plusieurs dizaines de figures qui est apparu. Reste maintenant à le conserver.

Trésor à préserver

Les archéologues ont expliqué qu'au vu de la nature du matériau dans lequel elles ont été gravées, les oeuvres d'art peuvent être facilement endommagées voire détruites, même par un simple contact. Ouverte au public, la Cova de la Font Major reçoit chaque année quelque 60.000 visiteurs. Si la galerie où le nouvel ensemble a été révélé ne fait pas partie du circuit habituel de visite, elle figure dans un autre parcours.

Des milliers de visiteurs seraient ainsi passés par là sans que le trésor qui y était caché ne soit mis en évidence. Mais pas sans qu'il ne soit affecté. Plusieurs gravures auraient déjà souffert ou se seraient effacées à cause des passages répétées dans les espaces étroits. Sans évoquer les visiteurs peu scrupuleux qui, jusqu'aux années 1990, ont inscrit leurs noms et des dates sur les parois.

La grotte est remplie "d'imprimés modernes. Et ce sont eux que les personnes entrées regardaient" notamment, a justifié Josep Maria Vergès, évoquant aussi le manque d'une lumière adaptée pour expliquer que les représentations n'aient pas été révélées avant. "En tant que professionnel spécialiste du paléolithique, il m'a fallu deux minutes pour reconnaitre les gravures préhistoriques".

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Pour ne pas endommager les gravures, les chercheurs ont choisi de faire appel à la technologie 3D afin de les scanner et de pouvoir les étudier. - Josep Maria Vergès/IPHES

Pour ne pas endommager davantage les oeuvres, seules des techniques non invasives ont été utilisées afin de les étudier sans toucher les parois. L'équipe de l'IPHES travaille actuellement avec le département de la Culture de la Généralité de Catalogne, afin de poursuivre la documentation des représentations en utilisant une technologie de numérisation en 3D.

Une fois achevée, cette opération permettra aux chercheurs de les analyser sans pénétrer dans la grotte et prendre le risque de les endommager. Pour cette même raison, l'institut a précisé que le public ne sera pas autorisé à pénétrer dans les galeries concernées et observer les oeuvres multimillénaires. Un projet de visite en réalité virtuelle est cependant envisagé.

Le 22 Février 2020

Source web Par Geo

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