Les artisans en quête de structuration et de valorisation des produits
La commercialisation et la formation sont les objectifs de ce salon thématique organisé pour la première fois à Fès. L’inexistence de couverture médicale et de retraite pour les artisans, les difficultés de commercialisation, la sous-estimation de la valeur du produit…, des sujets sensibles débattus pendant le salon.
La Chambre d’artisanat de la région Fès-Meknès a organisé du 20 au 29 décembre 2019 la première édition du Salon national de la poterie et du zellij artisanal à Fès, la capitale spirituelle du Royaume. Ce salon, qui a connu la participation de 120 exposants, est organisé en partenariat avec le ministère du tourisme, de l’artisanat, du transport aérien et de l’économie sociale, le Conseil de la région Fès-Meknès, la Commune de Fès, le Conseil préfectoral de Fès et en collaboration avec la Direction régionale d’artisanat à Fès. Ce salon thématique est un maillon d’une série de salons organisés en 2019. Il s’agit du Salon international du bois de Meknès arrivé à sa quatrième édition en 2019, de la première édition du Salon national des métaux et de celui dédié aux produits de cuir organisés, tous deux, pour la première fois en 2019. Des exposants venus de plusieurs régions productrices, telles que Safi, Fès, Rabat, Bejaad, Marrakech, Taounat… étaient présents. Si la plupart se sont déplacés pour commercialiser leurs produits, la formation était proposée, durant toute la semaine, par la Chambre d’artisanat. Et plusieurs artisans en ont bénéficié. «L’objectif de ce salon est de faire connaître les produits de la poterie et du zellij et de favoriser la commercialisation. Un espace de formation est aussi prévu avec un programme de commercialisation à travers le e-commerce, l’éducation financière prenant en considération les spécificités des métiers de la poterie et du zellij», déclare Hassan Saaou, directeur communication chez la Chambre d’artisanat de Fès-Meknès.
Les artisans en attente de couverture médicale et sociale
On voyait le sourire et la satisfaction sur le visage de plusieurs artisans, particulièrement ceux en provenance de régions éloignées. «C’est la première fois que je vois des produits tels que ceux exposés par mes compatriotes. Ce salon nous permet d’exposer nos produits et de découvrir ceux des artisans d’autres régions», déclare Omar Karimi, artisan dans la poterie de la ville de Bejaad. C’est la première participation d’Ahmed Nahas, auto-entrepreneur de Fès dans la poterie, qui est en phase de création d’une coopérative de cinq artisans.
«C’est ma première participation dans un salon de la poterie. Avec la constitution de notre coopérative, on aura une priorité dans les salons nationaux et une exonération d’impôts…», déclare M. Nahas. Une coopérative 100% féminine (constituée de 5 femmes) de Meknès qui fabrique des souvenirs de poterie en argile gris était aussi présente pour gagner en notoriété. Malgré l’engouement pour le métier d’artisan (souvent faute de qualification pour d’autres métiers mieux rémunérateurs), le secteur reste toutefois non structuré. L’inexistence de couverture médicale et de retraite pour les artisans, les difficultés de commercialisation, la sous-estimation de la valeur du produit… sont parmi les sujets débattus lors de cette semaine dédiée à la poterie et au zellij.
Les professionnels promettent de trouver les solutions idoines à l’amélioration de la situation de l’artisan marocain. Pour un artisan de Fès, les salaires sont très faibles. «Les jeunes femmes qui font la coloration de la poterie sont payées 30 à 40 DH/jour pour 8 heures de travail», se désole-t-il.
Des prix sous-estimés de 10 à 20%
La non-disponibilité d’une matière première spécifique au Maroc, l’argile blanc, importé d’Espagne, est aussi problématique. «Nous le payons 6 DH/kg. Avec les prix affichés, qu’on diminue pour cause de marchandage, parfois, nous n’arrivons pas à rentrer dans nos frais», déclare ce potier. Pour Khalid Ghourti, métreur vérificateur et membre fondateur de l’Association marocaine des métreurs vérificateurs économistes de la construction, qui a réalisé une étude de prix des produits d’artisanat marocain, notamment la poterie, la plupart des prix de produits sont sous-estimés de 10 à 20%. «On intègre, dans cette étude de prix, le coût de la matière première, si elle est extraite d’une carrière au Maroc, le trajet entre la carrière et l’atelier, le coût de la main-d’œuvre, des frais d’atelier et du four à gaz. Les résultats ont mis en évidence, en général, une sous-estimation des prix des articles de poterie de 10 à 20%», explique M. Ghourti. En termes de rémunération, les artisans dans le zellij traditionnel sont mieux lotis. Les plus doués sont rémunérés pas moins de 200 DH/jour. Et pour cause, le zellij, désormais exporté en plaques, est très demandé pour orner les murs des palais, des villas, des mosquées au Maroc et à l’étranger et des ambassades du Maroc. Il existe des entreprises de zellij structurées, contrairement à la poterie où on retrouve, au mieux, des coopératives. Moresque, spécialisée dans le zellij et basée à Fès, a été élue meilleure entreprise d’artisanat exportatrice du Maroc.
Le 13/01/2020
Source web Par la vie eco
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