Quand l'Arabie saoudite, "ultime frontière", fait rêver les professionnels du tourisme
Al-Ula est présentée comme un musée à ciel ouvert de ruines et vestiges archéologiques pré-islamiques.
La promesse de sites mystérieux et presque déserts, loin des foules qui fréquentent d'autres destinations: la lente ouverture de l'Arabie saoudite au tourisme fait rêver les professionnels, malgré le rigorisme religieux et la mauvaise réputation du pays en matière de droits humains.
"Il est à la fois intéressant et nécessaire d'aller en Arabie saoudite: l'intérêt touristique est indiscutable, car les vestiges et paysages sont incroyables, et cela permettra aussi des échanges avec la population alors que le pays est dans une mutation inexorable", s'enthousiasme auprès de l'AFP Jean-François Rial, PDG de Voyageurs du Monde qui y proposera des séjours au plus tard au début de l'année 2020.
Le royaume ultra-conservateur, qui compte notamment cinq sites classés au patrimoine mondial de l'Unesco, réservait jusqu'à présent ses visas aux pélerins musulmans et aux expatriés.
Mais il y a dix jours, l'Arabie saoudite a commencé à délivrer des visas touristiques pour les ressortissants de 49 pays. Et 24.000 étrangers sont depuis entrés avec un tel visa, ont annoncé mardi les autorités.
"L'ultime frontière touristique, c'est l'Arabie saoudite", écrivait en septembre le célèbre guide Lonely Planet dans la sixième édition de son guide sur la péninsule arabique.
Arabie Saoudite: une chambre d’hôtel pour les couples étrangers non mariés, c’est désormais possible
Tharik Hussain, qui a rédigé la section dédiée au royaume, raconte que "c'était comme aller à Petra ou à Angkor, mais s'y retrouver tout seul, à part quelques locaux".
"La plupart des sites sont profondément mystérieux, c'était une expérience magique qui n'aurait pu se produire nulle part ailleurs", résume-t-il à l'AFP.
Pour attirer des voyageurs en mal de nouveauté, fuyant des sites touristiques déjà saturés à travers le monde, l'Arabie saoudite compte beaucoup sur la région d'Al-Ula.
Présentée comme un musée à ciel ouvert de ruines et vestiges archéologiques pré-islamiques, la zone abrite notamment le site de Madain Saleh construit il y a plus de 2.000 ans par les Nabatéens.
Al-Ula fait l'objet d'une exposition, inaugurée en grande pompe mardi à l'Institut du monde arabe de Paris, qui sera ouverte au public à partir du 9 au 19 janvier.
Paris et Ryad avaient signé en 2018 un accord pour développer, pendant dix ans, l'immense potentiel touristique du site.
Rares sont les visiteurs étrangers à avoir pu arpenter Al-Ula et "la nouveauté est donc une force pour nous, d'autant que le site est intact et préservé", met en avant Amr Al-Madani, le PDG de la Commission royale pour Al-Ula.
"Nous attendons entre 300.000 et 400.000 visiteurs par an pour la période 2020-2023. Les principaux marchés touristiques que nous ciblons dans un premier temps sont la France, le Royaume-Uni, l'Allemagne, la Chine et la Russie", détaille-t-il.
Reste à savoir si les visiteurs étrangers ne seront pas rebutés par un pays qui applique la charia la plus stricte et où, par exemple, les homosexuels encourent en théorie la peine de mort.
Sans compter le scandale international causé l'an dernier par le meurtre du journaliste critique du régime Jamal Khashoggi, ou encore le contexte géopolitique extrêmement tendu, après de récentes attaques sur des installations pétrolières d'Arabie saoudite.
"Sans l'ombre d'un doute, le royaume a un énorme potentiel touristique. Mais pour beaucoup de voyageurs, il y a encore des obstacles qu'ils vont devoir surmonter pour vivre l'expérience saoudienne", estime Tharik Hussain du Lonely Planet.
"Avant même de partir, certains peuvent se poser la question d'apporter leur soutien à un pays au bilan controversé. Pour d'autres, il y a l'incertitude d'entrer dans un pays où les choses fonctionnent très différemment, comme le fait que la société saoudienne s'arrête cinq fois par jour pour la prière, ou encore la différence de traitement entre hommes et femmes qui affecte la vie quotidienne. Mais beaucoup de voyageurs ont aussi envie de passer outre pour expérimenter quelque chose de nouveau", selon lui.
Parallèlement à la délivrance de visas de tourisme, l'Arabie saoudite a assoupli le code vestimentaire pour les femmes étrangères, et annoncé que les couples étrangers non mariés, ainsi que les femmes seules, pouvaient désormais louer une chambre d'hôtel.
"Les gens sont continuellement à la recherche de nouvelles destinations, comme l'Iran il y a quelques années", renchérit Jean-Pierre Mas, président des Entreprises du voyage qui rassemble les professionnels français du tourisme, qui veut croire que "là où il y a des touristes, il y a échange et confrontation de cultures, cela aide les idées à circuler".
Le 09/10/ 2019
Source web Par Le 360
Les tags en relation
Les articles en relation
Place Jemaa el-Fna : Retard du programme de réhabilitation et mécontentements
Le programme de rénovation de la place Jemaa el-Fna à Marrakech est en retard, provoquant des critiques de la part des professionnels du tourisme et de certai...
Affaire Khashoggi: les Etats-Unis vont sanctionner l’Arabie saoudite
Les Etats-Unis ont décidé de sanctionner les Saoudiens suite à l’affaire Khashoggi. Première mesure annoncée: les visas des Saoudiens impliqués seront r...
Agadir/tourisme. Le sort du secteur entre les mains de Sajid
Réhabilitation du parc hôtelier, constitution d’un comité ministériel et consolidation des budgets pour la promotion: telles sont les principales doléanc...
RAPPORT OMS SUR ANALYSE ET REPRISE TOURISME POST COVID: La reprise sera lente et inégale
Le tourisme mondial a connu une hausse de 4 % en 2021, par rapport à 2020 (415 millions contre 400 millions). Cependant, les arrivées de touristes internation...
Le Maroc Élu « Destination la Plus Dynamique » aux Diplomatic Travel Awards 2024 en Inde
Ce week-end en Inde s'est tenue la cérémonie des “Diplomatic Travel Awards 2024”, organisée par "Travel Jingles", une plateforme qui relie les profes...
Le dilemme des groupes de réflexion
Sans la recherche de haute qualité fournie par les groupes de réflexion indépendants, il ne peut y avoir de processus décisionnel efficace, ni même de base...
La croissance dans la région MENA se consolidera à 3% en 2018 et à 3,3% en 2019
Des tensions géopolitiques ou une possible reprise de la volatilité des prix du pétrole pourraient assombrir les perspectives, selon la BM Dans son rappor...
Le Maroc rouvrira-t-il ses frontières ?
Dès que le Maroc a détecté un premier cas d’infection au variant Omicron sur son territoire, le gouvernement a annoncé une série de mesures visant à lut...
Don de 100 millions de dollars du Fonds saoudien en appui au financement des PME au Maroc
Le Maroc et le Fonds saoudien pour le développement (FSD) ont signé mardi à Rabat, un mémorandum d'entente portant sur l'octroi par le fonds saoudie...
Atout France passe la Génération Y au crible
Grâce à une étude menée sur deux communautés web, une chinoise et une européenne, et à une enquête en ligne auprès de 6000 Millennials de 13 marchés ,...
Le Maroc et la Chine veulent renforcer leur coopération dans le domaine touristique&
Le ministre du Tourisme, du transport aérien, de l'artisanat et de l'économie sociale, Mohamed Sajid, a eu, dimanche à Marrakech, des entretiens avec...
Fès-Meknès : Les professionnels du tourisme rappelés à l’ordre
Un nouveau round est prévu, ce lundi, entre Essaid Zniber et les professionnels du tourisme de Fès-Meknès, après le rappel à l’ordre de vendredi dernier....