Le Maroc est devenu exportateur net d’électricité
Le développement de l’électricité de sources renouvelables et l’entrée en service de la Centrale thermique de Safi pour combler les besoins nationaux ont permis au Maroc de devenir exportateur net d’électricité depuis fin 2018.
La stratégie énergétique du Maroc commence à porter ses fruits. Non seulement la production d’électricité permet de couvrir largement la consommation mais en plus, le Royaume est devenu exportateur net d’électricité vers l’Espagne.
Selon les chiffres de l’opérateur semi-public Red Eléctrica de España, le Maroc a exporté 870 GwH vers l’Espagne rien que sur les 6 premiers mois de 2019, contre 180 Gwh sur toute l’année 2018.
Le Maroc exportait depuis des années sa production vers ce pays quand la consommation nationale baissait, habituellement en fin d’année. Mais ses importations d’électricité depuis ce pays les dépassaient largement.
C’est en décembre 2018 que le solde mensuel du commerce d’électricité est devenu excédentaire en faveur du Maroc.
Les importations du Maroc depuis l’Espagne ont fortement chuté, passant de 2.257 GwH sur les six premiers mois de 2018 à 113 GwH au premier semestre 2019. Hormis la baisse des besoins d’importation du Maroc suite au développement de ses capacités de production, la suspension de la production de 4 centrales thermiques en Espagne dans la perspective de leur fermeture définitive explique la chute des achats depuis ce pays.
Rentrées de devises
Notons que le Maroc peut toujours importer de l’électricité même si ses capacités ne sont pas saturées, quand le coût de l’électricité importée est moins élevé que celui de l’électricité produite localement.
Ce renversement de tendance a un effet bénéfique sur les comptes extérieurs du Maroc. Selon l’Office des changes, les exportations d’électricité ont rapporté 158 MDH en 2018 contre quasiment zéro en 2017. En face, les importations ont baissé de 3,6 milliards de DH en 2017 à 2,3 milliards de DH en 2018.
La situation s’est beaucoup améliorée en 2019. Au cours des trois premiers mois de l’année, les exportations marocaines d’électricité ont rapporté 307 MDH. En face, les importations n’ont coûté que 16 MDH. La tendance va clairement s’accélérer au cours des prochains mois et années.
Développement des capacités propres et conventionnelles
Cette situation a été rendue possible grâce à l’entrée en service de plusieurs projets de production d’énergie électrique de sources renouvelables (solaire et éolienne) qui ont porté la capacité du Maroc à près de 3.500 MW (y compris l’hydroélectricité) sur un objectif de 6.000 MW à l’horizon 2020.
C’est cette seule énergie électrique que le Royaume peut exporter vers le voisin ibérique compte tenu des normes écologiques européennes. Mais il n’aurait pas pu le faire sans développer les moyens de production d’électricité conventionnels pour subvenir aux besoins nationaux.
A ce titre, l’entrée en service, fin 2018, de la centrale thermique de Safi marque un tournant majeur. D’une capacité de 1.386 MW, cette centrale peut satisfaire jusqu’à 25% de la demande électrique nationale.
Selon la direction des études et des prévisions financières, la production nationale d’électricité a progressé de 8,2% en 2018 après 3,4% en 2017, atteignant 37.444 GwH. En face, la consommation a baissé de 2,1%, à 30.709 GwH. Le gap entre consommation et production ne cesse de devenir important. Il était de 1.100 GwH en 2000 contre plus de 6.700 en 2018.
Et la tendance se poursuit. Selon le dernier bulletin de la Direction du Trésor, la production a progressé de 5,2%, à fin mai dernier, pour atteindre 15.507 GwH, grâce au renforcement de la production concessionnelle (centrale de Safi) et d’électricité propre. En face, la consommation a stagné à 12.169 GwH.
Davantage de lignes d'interconnexion
Rappelons que le Maroc est relié à l’Espagne par une interconnexion d’une capacité totale de 1.400 MW composée de deux câbles sous-marins, l'un mis en service en 1997 et l’autre en 2006.
C’est l’ONEE qui opère sur le marché électrique spot de l’Espagne où il dispose du statut d’agent du marché.
En avril dernier, compte tenu de l’augmentation de l’export marocain d’électricité et de la signature, deux mois plus tôt d’un mémorandum entre le Maroc et l’Espagne pour la mise en place d’une troisième interconnexion de 700 MW d’ici 2026, des lobbies ibériques ont exercé une pression sur le gouvernement espagnol et l’UE pour cesser les achats auprès du Maroc, accusé de faire du dumping (autrement dit, de vendre de l'électricité thermique sans payer l'éco-taxe européenne comme les autres fournisseurs de l'Espagne).
Les exportations marocaines d’électricité se sont poursuivies comme le montrent les chiffres de Red Eléctrica de España, confirmant les propos rassurants de l’ONEE en juin dernier : « Depuis début 2019, l’ONEE continue à effectuer des opérations de vente de l’électricité vers le réseau électrique espagnol. Et ce, lorsque la production nationale en énergie renouvelable permet de dégager une marge de puissance suffisante à l’export ».
Par ailleurs, un autre projet d’interconnexion électrique est à l'étude entre le Maroc et le Portugal, d’une capacité de 1.000 MW.
Le Maroc est également interconnecté avec l’Algérie par trois lignes d’une capacité d’une capacité totale de 1.200 MW, mises en service en 1988, 2006 et 2009. Mais elles servent surtout comme lignes de secours mutuel entre l’ONEE et la Sonelgaz. D’ailleurs, les chiffres de l’Office des changes montrent que les échanges sont minimes.
Oups... à vos claviers !
Le 06 août 2019
Source web Par medias24
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vendredi 16 août 2019
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