Au Maroc, le principal allié des islamistes annonce son retrait du gouvernement
Hamid Chabat, maire de Fès et chef du parti conservateur Istiqlal, allié des islamistes, en février à Fès. | AFP/FADEL SENNA
Le conseil national de l'Istiqlal, parti conservateur qui constitue le principal allié des islamistes au pouvoir depuis un an et demi au Maroc, a décidé, samedi 11 mai, de se retirer du gouvernement. Le parti a fait ce choix en raison de l'incapacité du chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane, à prendre "en considération la gravité de la situation économique et sociale", explique son conseil national. M. Benkirane, chef du Parti islamiste justice et développement (PJD), est également accusé de "monopoliser les décisions au sein du gouvernement".
"Il revient maintenant au chef du gouvernement, M. Benkirane, de décider des suites à donner à cette décision", a estimé le porte-parole de l'Istiqlal, Adil Benhamza. Cette décision de l'Istiqlal, qui détient plusieurs portefeuilles dont ceux de l'éducation et de l'économie, ouvre la voie à des élections législatives anticipées ou à un simple remaniement du gouvernement, dirigé par le PJD.
"Toutes les possibilités sont inscrites dans la Constitution", a réagi le patron des députés du PJD, Abdellah Bouanou – que ce soit la "formation d'une nouvelle majorité" ou des "législatives anticipées". Selon lui, le choix de l'Istiqlal de se retirer du gouvernement est "une affaire interne" et "une décision souveraine" qui le concerne.
DEUXIÈME FORCE POLITIQUE
Avec 60 sièges sur 395 à la première chambre, l'Istiqlal est la deuxième force politique du royaume après le PJD. Outre ses cinq ministres, il compte parmi ses dirigeants le président du Parlement, Karim Ghellab. Le chef de ce parti historique de l'indépendance est le maire de Fès, Hamid Chabat, un trublion de la vie politique marocaine qui a multiplié les sorties médiatiques contre le gouvernement depuis son élection à la tête de l'Istiqlal en septembre.
Cantonné dans l'opposition pendant des décennies, les islamistes du PJD ont remporté un succès historique aux législatives de fin 2011, victoire qui avait soulevé un vent d'espoir au sein de la population, dans le contexte du Printemps arabe.
Ne disposant toutefois pas de la majorité, ils ont dû composer une coalition hétéroclite au sein de laquelle figure l'Istiqlal, mais également le Mouvement populaire (MP) et le Parti du progrès et du socialisme (PPS). S'il veut éviter de nouvelles élections, le PJD va donc devoir trouver de nouveaux alliés pour combler le départ de l'Istiqlal.
Le Maroc, pays de près de 35 millions d'habitants, reste confronté à une situation économique et sociale délicate, malgré un solide taux de croissance. Le déficit public a atteint plus de 7 % du PIB l'an dernier et les grandes réformes sociales (retraites, subvention de produits de grande consommation) se font attendre. L'Istiqlal avance que sa décision intervient alors qu'il a "alerté le gouvernement sur plusieurs erreurs concernant la gestion de problèmes stratégiques" du pays.
SOURCE WEB Par Le Monde.fr avec AFP
| 11.05.2013 à 20h09 • Mis à jour le 11.05.2013 à 22h31
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