Station Saïdia: Le détail de la nouvelle offre touristique
Comprenant 5 hôtels 5 étoiles, 2 golfs, une marina et un aquaparc, la station Saïdia reprend vie. Mais beaucoup reste à faire pour consolider l’offre touristique de cette destination balnéaire de l’Oriental: améliorer l’attractivité de l’arrière-pays, augmenter la connectivité aérienne et allonger la saisonnalité de l’activité hôtelière. Le point.
La station balnéaire de Saïdia entrevoit enfin le bout du tunnel. Une décennie après le lancement officiel de cette destination par le Roi Mohammed VI (18 juin 2009), la Société de développement Saïdia (SDS) a fait le point sur ses réalisations, lors de visites des composantes de la station organisées du 26 au 28 juillet.
Créée en décembre 2011 et détenue par Madaef (66%), société d'investissement touristique du groupe CDG, et Ithmar capital (34%), le fonds d'investissement souverain du Maroc SDS a repris le flambeau de la station après la faillite de l’Espagnol Fadesa et les déboires financiers du groupe Addoha. La Société est dédiée exclusivement au développement touristique de cette destination balnéaire.
"SDS a investi 1,7 milliard de DH dans la station. En 2012, nous avons récupéré une quinzaine de parcelles qui n’étaient pas développées (hôtels et résidentiel). Il y avait donc du développement à faire et de la mise à niveau de toute l’infrastructure de la station (assainissement, voirie, espace vert et éclairage public). Et nous avons lancé la réalisation de 3 unités hôtelières, un aquaparc et un 2e golf. Les résultats sont là. Nous estimons que nous avons franchi une première étape dans la relance de la station", expose Nabil Doubi-Kadmiri, directeur général de SDS.
Un projet aux multiples composantes
La SDS est, en effet, le propriétaire de 3 unités hôtelières (environ 2.000 lits) toutes gérées par le groupe hôtelier espagnol, Sol Melia (Melia Beach, Melia Garden et Melia Résidences). Si Melia Beach (794 lits) et Melia Garden (400 lits) sont déjà en activité depuis juin 2017, Melia Résidences (768 lits) est toujours en cours d’achèvement des travaux.
"Cette unité devait ouvrir cette année, mais il y a eu un petit glissement. On va achever les travaux cette année et on va l’ouvrir l’année prochaine", promet le DG de la SDS.
Les deux unités en activité de SDS s'ajoutent aux hôtels 5 étoiles existant dans la station et qui ne font pas partie de son périmètre: Iberostar du groupe Coralia (484 lits), Be Live Collection (488 lits) et Oasis Atlantico (1.200 lits).
La SDS développe également un projet résidentiel: "Les résidences du golf". Ce projet immobilier est composé de 11 villas isolées, 24 townhouses et 139 appartements. "'Nous avons lancé la première tranche que nous sommes en train de commercialiser. Cela a nécessité un investissement de 200 millions de DH. On n’a pas été très agressif en termes de commercialisation. Nous sommes sur un taux de commercialisation de 15 sur 85 unités. On était concentré sur le lancement de la station. La priorité pour nous était son redémarrage", explique Nabil Doubi-Kadmiri.
Composante essentielle de l’offre touristique de la SDS, la Marina de Saïdia est aujourd’hui le 3e port de plaisance de la Méditerranée en termes de surface utile d’amarrage. La Société ambitionne d’en faire à court terme une destination nautique internationale. La Marina a été ouverte en juin 2008 sur une surface en terre-plein de 26 ha et un plan d’eau de 322.000 m2. Le nombre d’anneaux s’élève pour sa part à 850.
Le golf, un atout pour la station
La Société de développement de Saïdia ambitionne d’attirer une clientèle qui ne vient pas seulement l’été à travers l’offre de ses deux parcs golfiques (Golf Saïdia Lacs et Golf de Sai?dia Teelal), disposant chacun de 18 trous. Ces greens sont ouverts toute l’année aux golfeurs de tous niveaux.
Côté animation de la station, la SDS veut capitaliser sur son aquaparc Alpamare. Ouvert depuis juillet 2018, il est développé sur 7 ha. Il propose plusieurs équipements d’attraction : toboggans pour adultes (10 pistes) et pour enfants (12 pistes), une piscine à vagues (1200 m2) ainsi qu' une rivière lente (375 ml). Ouvert au public de juillet à septembre, l’aquaparc peut accueillir jusqu’à 1.300 personnes.
Les Portugais, une clientèle friande de Saïdia
Pour l’instant, le cœur de cible des hôteliers est composé principalement des touristes venus du Portugal, d’Espagne, d’Europe de l’est, de France et des MRE.
Aujourd’hui, les hôteliers tentent de diversifier leur clientèle. "Je crois que les touristes scandinaves peuvent être intéressés par notre offre", note Gonçalo Ramos, directeur général d’Oasis Atlantico Saïdia Palace & Blue Pearl qui vient d’ouvrir ses portes.
Le groupe portugais Oasis Atlantico, à la fois investisseur et gestionnaire de cet établissement, a repris les installations de l’hôtel Oriental Bay. "Qu’un investisseur privé portugais vienne investir dans Saïdia nous conforte dans nos choix en tant que société de développement", avoue Nabil Doubi-Kadmiri.
Une saisonnalité qui pénalise les hôteliers
La saisonnalité de l’activité de ces unités est la principale problématique de la station. "Le but est de pouvoir garder ces hôtels ouverts toute l’année. Il faut donc continuer à travailler et avoir une activité qui soit pérenne pour la station et pas uniquement balnéaire", préconise le DG de la SDS.
Certains hôtels s’en sortent mieux que d’autres. Il s’agit notamment de l’hôtel Be Live qui ouvre ses portes à partir du mois de mars et ne ferme qu’en octobre. "Le taux d’occupation varie de 60 à 80% au cours des deux mois de juillet et d’août avec des pics de 100% parfois", se targue Ibrahim Lamnouar, directeur commercial de l’hôtel Be Live Frand Saïdia.
Selon Youssef Zaki, président du Conseil régional du tourisme (CRT) de l’Oriental, l’activité hôtelière assez saisonnière des établissements s’est améliorée depuis le lancement de la station. "Je ne suis pas d’accord avec les gens qui disent que la station Saïdia est un échec. Elle est une locomotive pour le développement de la région, même si cela a pris du temps. C’est grâce à cette station que le transport aérien et ferroviaire s’est développé. En 2009, les hôtels n’ont ouvert que 3 mois, et nous avons pu augmenter la durée d’ouverture de ces unités graduellement. Nous sommes aujourd’hui sur une durée d’ouverture de 8 à 9 mois. Ce n’est pas mal. L’hôtel Oasis Atlantico qui vient d’être lancé prévoit, par exemple, d’ouvrir toute l’année. C’est un progrès", estime-t-il.
Un arrière-pays en manque d’attractivité
Pour tous ces hôtels, c’est la formule du All Inclusive qui est adoptée. Cela s’explique en grande partie par le fait que la région n’a pas développé une offre touristique au-delà du balnéaire. L’Oriental manque viscéralement d’attraction. Un constat partagé par le président du CRT de l’Oriental.
"La station balnéaire dispose de suffisamment de moyens pour attirer facilement le touriste. Ce n’est pas le cas de l’arrière-pays qui n’est pas mis en valeur. Le développement de la station n’a pas été accompagné par celui de la région afin qu’elle devienne attractive. Nous avons besoin d’avoir une vision et une stratégie claires pour la région. Le plan Azur avait inclus l’arrière-pays dans les composantes à développer avec à la clé un contrat-programme. Mais rien n’a été fait jusque-là. Il y a un laisser-aller et un manque de suivi des projets de la région. Tout l’effort a été concentré depuis le début sur le balnéaire. Aujourd’hui que l’offre balnéaire existe, il faut s’attaquer à la mise à niveau de la région", argue Youssef Zaki.
Le sport, une niche porteuse ?
C’est dans cette optique que la région de Saïdia ambitionne de développer une offre "sport". Un centre de formation a été réalisé par la Fédération royale marocaine de football. "C’est un début. En collaboration avec la fédération, on peut voir comment les hôtels peuvent ramener les sportifs s’entraîner chez eux", soutient Youssef Zaki.
La Société de développement Saïdia ambitionne également de développer ce créneau. "Nous sommes en train de réfléchir à un projet de complexe sportif qui nous permettra de ramener des professionnels du sport, pas uniquement le football", dévoile Nabil Doubi-Kadmiri.
Ce n’est pas seulement l’absence d’attractivité de l’arrière-pays qui pénalise la station, l’insuffisance de lignes aériennes est également pointée du doigt, aussi bien par les hôteliers que par les investisseurs. "On serait plus attractif si la stratégie aérienne dédiée à la région suivait le développement touristique de la ville", regrette Ibrahim Lamnouar, directeur commercial de l’hôtel Be Live Frand Saïdia.
Un point de vue partagé par le DG de la SDS: "Le nombre de liaisons aériennes participe à la consolidation de la fréquentation de la station. Ce sont des sujets sur lesquels on travaille avec l’ONMT (Office national marocain du tourisme). L’Office commence à s’intéresser sérieusement à Saïdia, ce n’était pas le cas avant", précise Nabil Doubi-Kadmiri.
Le 28 Juin 2019
Source web Par Médias 24
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