Le Tourisme Innovation Lab ne croit pas en la spécialisation des incubateurs du Tourisme
À Angers, le Tourisme Innovation Lab (TIL) vient d’accueillir sa première promotion de porteurs de projets. TOM s’est entretenu avec Philippe Broix, Directeur du Angers Tourisme Lab et du TIL, pour connaître les ambitions de ce cluster dédié à l’innovation dans le Tourisme. Tenant compte des ressources de son territoire, le TIL ne se spécialise pas sur une verticale touristique et souhaite accompagner 5 à 10 projets par an.
Philippe Broix, Directeur Angers Tourisme Lab et Tourisme Innovation Lab © Tourisme Innovation Lab
Comment s’est créé l’Innovation Tourisme Lab (TIL) ?
Depuis 2014, l’Angers Tourisme Lab est un dispositif régional collaboratif porté par des établissements de formation, des laboratoires, la CCI et d’autres structures régionales. Notre mission est d’exploiter le potentiel académique et de recherches du secteur du Tourisme. J’ai toujours cru à la création d’un cluster afin de financer les projets innovants et pouvoir les développer en s’appuyant sur les programmes de recherches de la région. Pour des raisons politiques, le projet n’avait pas vu le jour jusqu’à l’arrivée de la nouvelle équipe régionale. Fin 2016, nous présentions l’idée lors de la journée de l’innovation à la Direction du Tourisme de la DGE. En 2017, une ligne budgétaire a été ouverte pour financer l’accompagnement des porteurs de projets étudiants et entrepreneurs. Cela a mené à la création de l’Innovation Tourisme Lab qui vient d’accueillir ses premiers porteurs de projets.
En proposant un accompagnement personnalisé, le Tourisme Innovation Lab (TIL) est-il à la fois un incubateur et un accélérateur ?
La région Pays de la Loire dispose d’un important dispositif académique, avec quatre technopoles, une université regroupant plus de 3000 étudiants en Tourisme à Angers et 22 programmes de recherches liés à l’innovation. Au travers du TIL, nous souhaitons pouvoir favoriser la collaboration entre acteurs privés et publics pour servir l’innovation dans le Tourisme. Depuis plus de 20 ans, les technopoles assurent une fonction d’incubateur pour les entrepreneurs.
Le TIL n’a donc pas vocation à se substituer à ces structures, mais à aller collecter des fonds publics pour soutenir la recherche au travers d’échanges internationaux d’étudiants et de chercheurs par exemple. Notre rôle consiste aussi à permettre aux porteurs de projets d’expérimenter leur solution en situation réelle grâce à notre réseau d’acteurs touristiques locaux. Le TIL est donc un cluster qui se différencie par son lien fort avec l’innovation grâce à l’un des pôles de recherches français les plus importants et sa proximité avec la sphère étudiante.
Sur quelle verticale se spécialise le TIL ?
En région, je ne pense pas qu’il soit judicieux pour les incubateurs du réseau France Tourisme Lab de se spécialiser sur une verticale quelconque. Lorsqu’on est à Paris, il paraît évident de choisir le tourisme urbain comme spécialisation pour le Welcome City Lab. Mais le sujet de la spécialisation est plus compliqué pour Châlons-en-Champagne ou un autre territoire car il réduit fortement la capacité d’accueil. La thématique de l’oenotourisme est intéressante, mais elle pourrait être exploitée un peu partout en France, il faudrait donc une offre puissante pour attirer des sociétés.
Nîmes s’est positionnée comme accélérateur, le Provence Travel Innovation a un gros positionnement Travel et s’appuie fortement sur l’ESCAET, ce qui me paraît légitime. Troyes et l’Aube ont fait le choix du Slowtourisme et j’espère qu’ils parviendront à attirer tous les projets innovants sur cette thématique. Quant au TIL, nous avons fait le choix de rester généraliste sur les thématiques. Il me semblait inutile de réinventer un incubateur alors que notre territoire regroupe 4 technopoles qui le font très bien depuis 20 ans. Le TIL se différencie donc par sa proximité avec l’entrepreneuriat étudiant et la sphère académique. Aussi les porteurs de projets ont besoin d’une expertise touristique, ce qu’on apporte au travers de notre réseau d’acteurs locaux.
Comment se déroule l’accompagnement des porteurs de projets ?
Nous misons beaucoup sur la personnalisation de l’accompagnement. En amont, nous proposons aux porteurs de projets un programme de formation via des modules spécifiques menant à l’obtention d’un diplôme. Les projets les plus matures sont redirigés vers l’un des quatre technopoles. Ensuite, nous allons chercher le bon interlocuteur sur le territoire et le site adapté afin d’expérimenter la solution auprès de vrais touristes.
À noter que le TIL s’engage à financer jusqu’à 10 000 euros pour des prestations externes et non directement dans la structure. Par exemple pour le projet Loire à vélo, il pourrait s’agir d’installer des pistes cyclables ou un raccordement électrique sur un site. Le TIL se différencie par sa volonté de rediriger les projets vers l’interlocuteur adéquat en misant sur les ressources touristiques identitaires des Pays de la Loire.
Pouvez-vous détailler ce point de vue ?
Les ressources identitaires correspondent aux activités touristiques qu’offre naturellement un territoire. Les Pays de la Loire en regroupent une multitude. Que ce soit lié au littoral via la côte Atlantique, à l’itinérance avec les circuits autour de la Loire ou encore au patrimoine culturel avec Tours notamment, l’offre touristique du territoire est riche et variée. L’enjeu du TIL est donc de pouvoir adresser ces différentes verticales en misant sur l’innovation au travers de notre réseau académique.
Il nous paraissait insensé de mettre en place un dispositif d’accueil important pour accueillir un projet sur l’année. Paris sélectionne 30 projets sur 200 tandis que nous en avons retenu 7 sur 30 candidatures. C’est mon intuition par rapport à mon expérience dans le développement économique. Il s’agit de mobiliser l’ensemble des compétences du territoire au profit de porteur de projets et de jeunes pousses qui s’intéresse au marché du Tourisme.
Quels sont les principaux partenaires technologiques et les objectifs du TIL ?
Nous sommes en lien avec les différents labels French Tech au travers des technopoles régionaux. Celui de Laval se spécialise par exemple dans la réalité virtuelle et augmentée, Angers est réputé pour son travail sur l’IoT, Le Mans dispose d’un pôle de recherches européen sur l’acoustique et travaille également sur la mobilité, tandis que Nantes s’est spécialisé dans l’industrie culturelle et créative.
Quant à nos objectifs, nous partons cette année sur un accompagnement allant de 6 à 12 mois en fonction de l’avancement des projets. L’idée est de pouvoir réaliser l’expérimentation en période estivale pour obtenir des retours plus pertinents. Nous souhaitons véritablement être souples et intelligents pour assurer le développement des projets. Conscients qu’il est impossible de lancer 50 startups par an dans le Tourisme, nous misons sur l’accompagnement de 5 à 10 projets par an.
Le 07 janvier 2019
Source web Par Tom.Travel
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